Un rapport sur la situation des droits de l’homme effectué par les organisations de la société civile et les différents acteurs loyalistes coordonnés par les Réseau Camerounais des organisations des droits de l’Homme, a permis de toucher du doigt la réalité que vivent les populations dans la région de l’extrême-Nord face au phénomène de Boko Haram.
Le Cameroun dans son ensemble et la région de l’Extrême-Nord en particulier, depuis quelques mois, est traversé par une psychose. Les populations civiles sont prises entre deux feux, celui des terroristes de la secte Boko Haram et des forces de l’ordre qui traquent ces derniers. Une réalité complexe, qui de l’avis des organisations de la de la société civile, est marquée par des impératifs de sécurité et le respect des droits de l’homme. La situation sécuritaire qui prévaut dans la région septentrionale du pays semble peu à peu glisser vers des graves violations et atteintes à la dignité humaine.
Des exemples sur des nombreuses pertes en vies humaines et matérielles considérables sont observés au sein de la population. Raison pour laquelle, les membres des organisations de la société civile, au travers d’un rapport portant sur la situation des droits de l’homme dans la région de l’Extrême-Nord, ont soumis des recommandations, au vu d’un regain de vigilance de la population et du gouvernement camerounais.
Rendu à ce jour, la situation est parfois si confuse sur le terrain, au point où les populations ont du mal à faire la distinction entre les éléments des forces armées camerounaises et ceux de la secte Boko Haram. Un état de chose qui peut expliquer les nombreuses exactions observées de part et d’autre sur le terrain depuis de nombreux mois. « Aujourd’hui, il n’est pas évident d’oublier, l’enlèvement de la famille Mounier, du père Georges Vandenbeusch, des deux prêtres italiens, d’une religieuse canadienne dans la région de l’Extrême-Nord et des 17 personnes dans la région de l’Est.
Les mémoires peuvent encore se souvenir, dans la matinée du 19 février 2013, sept touristes français dont quatre enfants avaient été enlevés dans la localité de Sabongari», s’est remémoré un acteur de la société civile avant de poursuivre : « Les 13 et 14 novembre 2013, le père Georges Vandenbeusch, en service à la mission catholique de Nguetchewe, diocèse de Maroua-Mokolo est capturé par des hommes armés non identifiés. Plus récemment, dans la nuit du 1er au 2 mai 20014 aux environs de 22 heures, des rebelles armées ont pris en otage dix-huit camerounais dans le village Yokossire, localité située sur l’axe Bertoua-Garoua-Boulaï ».
Ces cas ne sont pas les seuls. Dans la nuit du 4 au 5 mai 2014, les éléments de Boko Haram ont attaqué la brigade de gendarmerie de Kousseri dans la région de l’Extrême-Nord. Une attaque qui avait entraîné la mort d deux personnes dont un gendarme. Plus loin, dans la nuit du 4 au 5 avril 2014, deux prêtres italiens Marta et Gianantonio Allegri et une religieuse Gilberte Bussier ont été enlevés dans la paroisse Tchère toujours dans l’Extrême-Nord. Quelques jours plutard, dans la nuit du 17 mai 2014, les eléments de la secte Boko Haram ont attaqué un camp de travailleurs chinois.
Au cours de cette attaque, un soldat camerounais a été tué et 10 employés chinois enlevés. Dans les localités de Limani, d’Amchidé, de Ganse, de Yegoua, de Blabime, de Tolkomari, de Kolofata, de Nguetchewé, de Tourou, de Bangaram et de Fotokol, de nombreux enlèvements des personnes attribuées à Boko Haram sont intervenus. Les exemples sont légions et interpellent toute la population. « Le 27 juillet, aux environs de 5 heures du matin, une attaque des assaillants a fait environs 17 morts et une vingtaine de personnes enlevées parme lesquelles, le maire de la Localité de Kolofata, son épouse et ses deux filles ainsi que la femme du Vice-premier ministre Amadou Ali », un exemple évoqué par un acteur de la société civile.
D’autres cas d’exactions…
Avant de poursuivre : « dans la nuit du 22 au 23 juillet, des membres présumés de Boko Haram ont fait exploser le pont de Gada Mboulo, un pont stratégique sur la route qui relie le Cameroun au Nigéria. La destruction de ce pont est préjudiciables pour la circulation des personnes et des marchandises entre de nombreux pays dont le Nigéria, le Tchad, la Rca et le Soudan ». Au regard de ce qui précède, les organisations de la société civile, demandent l’organisation d’une concertation nationale de tous les acteurs sur la question de la sécurité y compris la sécurité transfrontalière.
Un plan d’urgence pour améliorer l’accès à l’emploi et rehausser le niveau de vie dans la région de l’Extrême-Nord. Cela permettra de dissuader les éventuels candidats au recrutement dans les mouvements terroristes. Dans la même lancée, il faut mettre un terme à toute exécution extrajudiciaire. Les forces de l’ordre doivent être dotées des moyens appropriés pour la sécurisation du pays. « La sanction des soldats auteurs d’exactions sur les populations, l’identification de tous les complices de Boko Haram y compris au sein de l’administration et les traduire au tribunal et le renforcement de la collaboration avec la société civile et les populations dans la gestion de la crise sont prioritaires », ont-ils mentionnés dans leur rapport d’enquête. Toutes choses qui permettront la consolidation de l’état de droit au Cameroun.