Boko Haram incendie 10 églises

Cameroun,Cameroon : Boko Haram incendie 10 églisesUne dizaine de personnes ont également été tuées depuis le début de ce mois par des éléments de la secte.

Dans la nuit du 13 au 14 septembre 2014, la communauté chrétienne de l’arrondissement de Mayo Moskota dans le département du Mayo- Tsanaga a vécu des heures sombres. De 19 h jusqu’aux premières heures de la matinée, six localités: Vréké, Mouldouga, Barai, Djibrili, Cherif-Moussary et Achigachia ont été mises sous la coupe des éléments de Boko Haram. Dans leur folie destructrice, ceux-ci ont incendiéplus de dix églises et lieux de culte appartenant pour l’essentiel à l’Union des églises évangéliques au Cameroun (Ueec).

Depuis lors, les communautés chrétiennes de la région ne savent plus où mettre la tête. «Ils sont arrivés au village vers 19 h sur des motocyclettes en provenance de Barai, de Cherif-Moussary et de Mouldouga. Je les ai aperçues à partir de mon refuge dans la montagne, comme tous les habitants du village d’ailleurs. Nous étions tous refugiés dans les montagnes, les champs ou les grottes. Donc, personne ne peut dire combien ils étaient ni de quelles armes ils disposaient », témoigne un habitant de Vréké.

Les signes prémonitoires de cette attaque étaient perceptibles plusieurs jours auparavant, car non seulement des éléments de Boko Haram avaient annoncé leur assaut contre le village, mais ils avaient également pris soin d’infiltrer le secteur.

INFILTRATIONS

Le 12 septembre 2014, un véhicule transportant 9 hommes vêtus de tenue militaire et trois autres de boubous blancs s’est arrêté au pied de la montagne de Vréké. Puis, elle est repartie. Vide. Le lendemain, quelques heures avant l’attaque, cinq véhicules remplis de passagers inconnus ont également traversé le village pour une destination inconnue. Intrigué, le comité de vigilance a donné l’alerte, et c’est ainsi que les populations ont vidé le village pour trouver refuge ailleurs.

Une initiative salutaire car aux environs de 19 heures, des éléments de Boko Haram à bord des motocyclettes sont entrés dans le village. Ils y ont saccagé et incendié le presbytère et la chapelle de l’Ueec. «Ils ont aussi pillé les concessions vidées de ses occupants avant de repartir au petit matin», témoigne un fidèle de l’Ueec de Vréké. «Elle ne peut pas nous opposer à nos frères musulmans puisque nous sommes dans le même bateau. Elle peut brûler toutes les églises que nous n’aurons aucun problème avec nos frères musulmans.

Boko Haram brûle les églises comme elle égorge des imams, incendie les mosquées comme l’autre fois à Achigachia. Boko Haram est contre toutes les religions et nous devons tous nous souder pour lui faire face», explique Joseph, un chrétien de Mayo-Moskota. Les attaques de Boko Haram dans le secteur sont fréquentes. Au début du mois de septembre, ils s’étaient déjà introduits à Djibrilli, une bourgade de Vréké. Bilan : cinq concessions incendiées appartenant entre autres aux nommés Youssoufa Yacoubou, Marcus Ndouboua, Amos Wassago, Soumaila Ali et Yohana Nahodjia. Le 8 Septembre, ce sont huit personnes qui ont été égorgées dans la zone dont les nommés Lada Guedjeo, Hecheked Gojele, Ichiakotada et Warda Gadavoua à Mouzlougwa ; Dadagwi Albert et Tchamaye Zorobabel à Achigachia.

«Notre vie ne tient plus qu’à un fil. En allant se refugier dans les montagnes, les populations sont régulièrement mordues par les serpents quand elles ne sont pas victimes d’accidents divers», explique Ldnoua Joseph, un habitant de Vréké. Les autorités pour leur part assurent tout mettre en oeuvre pour assurer la sécurité des populations. Certains doutent toutefois de l’efficacité des mesures prises. «Il n’y a pas beaucoup de monde pour couvrir de Kerawa à Achigachia, deux villes distantes de plus de 20 kilomètres.

Et c’est pourquoi nous sommes régulièrement submergés par les BH. Il faut étoffer le dispositif car notre sécurité est de plus menacée. Récemment, ils ont pris la localité de Bari en otage et emporté plus de 300 motos sans qu’ils ne soient inquiétés. De même le chef du village Mouzlougwa a été égorgé comme un animal», explique un habitant de Cherif-Moussary. 

© L’Oeil du Sahel : YVONNE SALAMATOU


24/09/2014
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