BOKO HARAM : Comment un faux chef traditionnel du Logone et Chari a voulu rouler Paul Biya


Cameroun,Cameroon - BOKO HARAM : Comment un faux chef traditionnel du Logone et Chari a voulu rouler Paul BiyaBrahim Menoumour est venu à Yaoundé pour embobiner le chef de l’Etat avec l’aide de quelques complices.

De nombreuses personnes averties qui suivent Boko Haram au Nord-Cameroun comme de l’huile sur le feu ont été surprises par la sortie d’un certain Brahim Menounour dans les médias de la capitale. Sortie relayée par notre confrère La Nouvelle dans son édition du 11 août 2014. Que l’intéressé ait été pris au sérieux par les uns et les autres n’a rien d’anormal en ces moments troubles où aucune information n’est à négliger dans la traque de la secte. Mais ce qui est dommageable, c’est que personne n’ait songé, avant toute diffusion ou publication, à vérifier un tant soit peu les allégations de ce personnage, inconnu dans le landerneau politique local et traditionnel autrement que comme un homme à la personnalité trouble.

Et de fait, l’homme que notre confrère La Nouvelle présente comme étant le sultan de 2ème degré de Kobro-Blangoua a usurpé ce titre. Il est donc un imposteur. Non seulement il n’existe pas de sultanat dans l’arrondissement de Blangoua mais l’unique chefferie traditionnelle de second degré est celle de Ganatir, où l’installation du nouveau chef est d’ailleurs toujours attendue à la suite des contestations issues de sa désignation.

Pour en revenir à la chefferie traditionnelle de Kobro-Blangoua dont se réclame Brahim Menounour, il s’agit en réalité d’une modeste chefferie de troisième degré. Et encore, s’il en était même le chef… Car jusqu’à preuve de contraire, celui qui règne sur Kobro-Blangoua est un de ses oncles, Abakoura Seini, qui saura sans doute apprécier l’appétit de son neveu pour son trône. Pourquoi alors se couvrir d’un titre qui n’est pas le sien ?

Certainement pour donner plus de poids à des allégations servies à des personnalités friandes d’accusations portées contre des ressortissants du Grand Nord sur leurs supposés liens avec la secte Boko Haram. Brahim Menoumour qui dit-on, entendait même rencontrer le chef de l’Etat pour lui faire part de ses «informations» et en tirer un bénéfice, a en effet choisi de jetter l’opprobre sur de paisibles citoyens, sans doute pour se donner plus de consistance. Sauf qu’ici, ce qui est en jeu, c’est l’honneur des uns et autres et leur attachement à la République. «Il voulait sans doute escroquer le chef de l’Etat avec la complicité de quelques personnes, en s’appuyant sur des affaires cousues de fil de blanc», indique aujourd’hui une source sécuritaire.

En voici par exemple un extrait d’un article attribué à Brahim Benoumour dans les colonnes de notre confrère, La Nouvelle du 11 août 2014, sur Alhadji Ahmat Tom, homme d’affaires connu dans la région, adjoint au maire de la commune rurale de Kousseri et membre du comité central du Rdpc. «Brahim Menoumour n’a qu’une seule idée en tête : rencontrer le président Paul Biya. Il a beaucoup de choses à lui dire. Sur le Boko Haram. Sur les complicités actuelles de la mafia locale et la secte islamiste nigériane.

Sur les principaux pourvoyeurs de fonds djihadistes, plus précisément sur l’activisme débordant d’un certain Alhadji Amatom, opérateur économique très fortuné à cheval entre Kousseri et le Nigeria, aujourd’hui présenté dans le Logone et Chari comme le faiseur des maires des 10 communes de ce département. Ce qui lui donnerait une certaine prééminence à Fotokol, Bofo, Afadé et Maltam, localités situées entre le Nigeria et Kousseri, itinéraire classique qu’emprunteraient habituellement ses gros camions pour acheminer des cargaisons d’armes et de munitions destinées à la secte islamiste Boko Haram», peut-on lire en page 2 dans l’article intitulé «Révélations inédites sur la non libération actuelles des otages chinois».

Joint au téléphone, Alhadji Ahmat Tom dément catégoriquement ces accusations et affirme avoir pris toutes les mesures pour rétablir son honneur par ces temps d’amalgames. Il a ainsi entrepris, à Kousseri, une procédure judiciaire contre le faux chef de Kobro-Blangoua pour diffamation. De même, avons-nous appris, Alhadji Ahmat Tom devrait saisir d’une plainte, le lundi 18 août 2014, le Conseil national de la communication (Cnc). L’homme reproche à l’hebdomadaire La Nouvelle de l’avoir diffamé en rapportant dans ses colonnes les allégations mensongères de Brahim Menoumour sans aucune précaution.

© L’Oeil du Sahel : YVONNE SALAMATOU


20/08/2014
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 299 autres membres