Boeing propose au Cameroun un plan de 327 milliards de FCfa sur 5 ans, pour relancer le transporteur aérien Camair Co
Selon le rapport remis au gouvernement en juin dernier par le constructeur américain, et auquel Investir au Cameroun a pu avoir accès, une enveloppe globale de près de 223 milliards de francs Cfa devra être investie dans le renforcement de la flotte de Camair Co (achat et location des avions), pour la faire passer de cinq aéronefs actuellement, à 14 sur une période de 5 ans.
Par ailleurs, les caisses de la compagnie étant exsangues depuis plusieurs mois (c’est le ministère des Finances qui paie les charges), l’Etat-actionnaire est invité à débloquer une subvention de 57 milliards de francs Cfa ; à reprendre la dette de Camair Co, qui s’élevait déjà officiellement à plus de 35 milliards de francs Cfa, il y a plusieurs mois maintenant ; et à consentir certains investissements (construction d’un hangar pour la maintenance des aéronefs, transformation du Dja en avion-cargo, etc.) pour un montant total de 10 milliards de francs Cfa.
A en croire le rapport de Boeing, signé par Alexandre Ly, Regional Marketing Director Boeing Commercial Airplanes ; le succès de ce plan de relance quinquennal est conditionné par des investissements urgents, pour un montant total de près de 138 milliards de francs Cfa ; sans compter le paiement de la dette de l’entreprise indiquée plus haut. Ces investissements dits urgents (dont 78,9 milliards pour la location des avions), apprend-on, devront être obligatoirement réalisés au cours des deux premières années d’implémentation du plan de relance.
Effectifs pléthoriques, dérapages managériaux…
Interrogé par Investir au Cameroun, un expert des questions de transport, très souvent consulté par Camair Co, trouve ce plan de Boeing «très ambitieux». Il regrette cependant que l’audit du constructeur américain ait éclipsé les écueils organisationnels et managériaux auxquels est confrontée la compagnie.
Par ailleurs, fait-il remarquer, Camair Co, compagnie lourdement endettée et dont certains avions sont cloués au sol depuis des mois, généralement à cause du manque de pièces de rechange telles que les roues ; se permet un loyer mensuel de 16 millions de francs Cfa à Douala. Alors que l’ancien siège de la défunte Camair (dont les travaux de réhabilitation ont été suspendus), dans la capitale économique, a été mis à la disposition de la nouvelle compagnie depuis plusieurs mois.
Pire, des sources internes à la compagnie fustigent le top management de Camair Co, dont certains responsables s’illustrent par de préjudiciables conflits d’intérêts dans le recrutement et le paiement des prestataires devant mettre à disposition des aéronefs, des moteurs et autres pièces détachées pour avions.