BIYA VEUT CASSER « LE » PRETENDANT
BIYA VEUT CASSER « LE » PRETENDANT
Peut-on inculper le Pr. Kamto sans Amadou Ali ?
A bonne source, Paul Biya a ordonné d'éplucher la gestion de son ancien ministre délégué. L'épervier qui tournoie au-dessus de sa tête peut-il prendre le Pr. Maurice Kamto ? Analyse.
Depuis quelques temps, le Pr. Maurice Kamto découvre qu'il ne fait pas bon être opposant déclaré au régime de Paul Biya. Outre ses conférences de presse qui sont interdites à Yaoundé en toute violation de la loi, l'homme fait de plus l'objet des intimidations diverses et en ce moment d'ailleurs, il existe un projet de lui proposer un projet universitaire loin de la capitale, exactement comme il avait été éloigné de Yaoundé pour l'Université de Ngaoundéré en 1993 en représailles à sa décision de soutenir le candidat de l'Union Pour le Changement lors du scrutin de 1992, officiellement remporté par Paul Biya à 39% de suffrages contre 36% à son Challenger Ni John Fru Ndi le chairman du Sdf.
Outre ces chausse-trappes administratives, La Lettre du Continent (dans son édition n° 641 du 30 août 2012) écrit ce qui suit : " la présidence du Cameroun ne va pas tarder à sortir les dossiers noirs pour tenter de neutraliser les ambitions de l'ancien ministre délégué. En poste auprès de l'ex. Garde des sceaux et actuel vice premier ministre chargé des relations avec le Parlement Amadou Ali, Maurice Kamto, a été ces dernières années, l'artisan de la réforme de l'appareil judiciaire camerounais. Or cette réforme, dotée d'un budget de 60 millions d'euros (environ 39 milliards de F CFA), a été pilotée de bout en bout par le cabinet Brain Trust Consulting Inc., dont le DG n'est autre que ... Maurice Kamto lui-même. Un conflit d'intérêt que Etoudi va agiter sous peu." Le journal parisien d'informations confidentielles ajoute et se fait plus précis en rappelant que l'actuel ministre de la justice, le magistrat hors hiérarchie Laurent Esso et son ministre délégué Jean Pierre Fogui (qui a remplacé le Pr. Maurice Kamto) travaillent en ce moment sur une procédure visant « le » prétendant qui vient de rallier le Mrc du Pr. Fogue Tedom, formation dans laquelle le Pr. Maurice Kamto entend jouer un rôle pour la suite de sa carrière politique.
Eperviable Kamto ?
A l'heure où on découvre au fil des jours que le laxisme apparent de Paul Biya n'est en fait qu'une technique de gouvernement, les tentations et les indélicatesses dans lesquelles les gestionnaires du Renouveau sombrent fatalement n'étant au finish qu'un appât pour les tenir, les supporters du Pr. Maurice Kamto peuvent avoir du souci à se faire. C'est la conclusion à laquelle les observateurs aboutissent de façon générale avec la liste des prétendants à la succession de Paul Biya qui s'allongent dans les prétoires, suite aux casseroles qu'ils ont laissées lors de leurs passages aux affaires de l'Etat. Mais un proche du Pr. Kamto, cadre technico administratif dans une multinationale, avec qui nous avons discuté de cette éventualité se voulait très dubitatif : « L'épervier n'attrape que les poussins ou les poulets de ferme, le Professeur n'est pas de ceux-là, lui c'est une perdrix ! ». Pour notre interlocuteur, ce n'est pas une fois nommé ministre que le Pr. Kamto a bâti son ambition de présidentiable, l'ambition de « le » prétendant. A partir de là et informé du sort qui était celui de ses anciens collègues qui ont lorgné avant lui le fauteuil présidentiel, le Pr. Maurice Kamto se devait de ne pas faire d'erreurs ou des fautes de gestion. En a-t-il fait ? Selon un étudiant en sciences politiques qui a approché le Pr. Kamto comme leader de l'association des élèves et étudiants Baham, « il faudra beaucoup chercher pour trouver des failles parce que dès sa nomination, le Pr. Kamto était sur ses gardes. Lorsque nous allions le voir pour lui poser nos problèmes en sa qualité d'élite de Baham et des Hauts Plateaux, il ne nous recevait même pas avec l'eau du robinet. Avec le recul aujourd'hui, je ne pense pas que c'était la marque d'un homme radin, mais plutôt celle d'un homme traqué qui se devait d'éviter les tentations qui s'offraient à lui. Les largesses des hauts commis de l'Etat appellent d'autres largesses et à la fin, la tentation est grande de confondre les caisses » justifie l'étudiant qui n'a même pas eu le bonheur d'être encadré par le Pr. Kamto.
Et cette affaire rendue publique par la lettre du Continent alors ? Elle n'est pas suffisante pour embarrasser le Pr. Maurice Kamto, soutient un ancien parlementaire du Sdf. « Il n'était pas l'ordonnateur du budget ! » dit-il, le projet de la reforme du code de procédure pénale étant pilotée par Amadou Ali qui avait la signature. « Tout au plus, il ne pourra qu'être complice de l'ancien Vice Premier Ministre chargé de la justice et garde des sceaux, et encore il faut prouver qu'il y a eu des indélicatesses dans la gestion de ce dossier » ajoute l'ancien élu de la Menoua qui anime un cabinet de gestion.
Mais en vérité aussi, selon nos sources, l'information de La Lettre du Continent n'est qu'un ballon d'essai qui traduit la difficulté des faucons du régime à contrer un homme dont ils avaient sous estimer la capacité à se fondre parmi eux sans se mouiller. Les auteurs de cette « fuite » étant les mêmes que ceux qui avaient accusé le Pr. Kamto d'avoir plagié l'œuvre de son étudiant, à travers ce même canal de La Lettre du Continent. En ce moment là, ils avaient eu tous les recoupements pour comprendre que le Pr. Kamto allait quitter le navire et ils s'étaient alors donnés pour mission de le fragiliser en le touchant dans ce qu'il a de plus cher : son intégrité intellectuelle. Le but est identique aujourd'hui. Au Pr. Kamto de prouver qu'il a le cuir solide, qu'il peut encaisser des coups sans céder à la paranoïa. Qu'il peut sereinement garder le cap sans se laisser distraire par le cri des sirènes.
Michel Eclador PEKOUA
Source : Ouest Echos n° 751 du 4 septembre 2012