Biya à Douala : Ville fortement militarisée, interdition de circuler... :: CAMEROON

Cameroun - Biya à Douala : Ville fortement militarisée, interdition de circuler...:CameroonRestrictions. Attention, interdit de circuler... Les populations s’indignent.

«Douala est une ville économique qui est indispensable dans notre économie. Vous ne pouvez pas imaginer ce que nous perdons en termes d’argent lorsqu’on bloque la circulation dans une ville comme celle-ci. Il faut aller chercher le manque à gagner dans les milliards Fcfa. Pendant près de 24heures, toute la ville sera paralysée». Il ne croyait pas si bien dire, cet économiste qui, dans Le Messager de jeudi 14 novembre 2013 donnait son opinion sur l’arrivée de Paul Biya à Douala. Et bien, on dirait qu’il a fait une bonne lecture. Hier, très tôt dans la matinée, avant même l’atterrissage de l’avion du couple présidentiel sur le tarmac de l’aéroport international de Douala, la circulation était bloquée à Bonabéri. «Il a fallu que je présente ma carte de presse pour que les hommes du Bir (Bataillon d’intervention rapide) me laissent passer», affirme un journaliste. Joseph, habitant de la localité a vu le danger de loin. Raison pour laquelle «je suis sorti de chez moi à 5h du matin pour me rendre en ville. Si le retour est difficile, je prendrai la pirogue», ironise-t-il.

Des conducteurs de taxi qui vont généralement à Bonanjo, plusieurs déclinaient la destination hier. Peu importe l’offre. «Bonanjo ? Mon ami tu veux qu’on embarque ma voiture ou quoi ? Non. Je n’y vais pas, même si tu me donnes 300 Fcfa», lance un chauffeur de taxi à un client. Etonné du discours de son interlocuteur, le client essaie d’en savoir plus auprès d’un autre client. Qui lui déclare : «Vous ne savez pas que Popaul est à Douala aujourd’hui pour la pose de la première pierre du deuxième pont sur le Wouri ? Bonanjo est assiégé par les forces de l’ordre.» Taximen, personnels, brefs toute personne qui s’aventure à prendre la direction de Bonanjo est stoppé net après la cathédrale  Saints Pierre et Paul à Akwa. Pas besoin d’attendre le chauffeur dire «c’est ici qu’on s’arrête».

La forte présence militaire et policière ainsi que la planche déposée sur la chaussée pour interdire la circulation en disent long. Du coup, tous ceux qui voulaient joindre Bonanjo continuaient à pied. Attention. Il ne faut pas marcher comme bon vous semble. «Monsieur circulez. On vous demande de circuler. Pas dans ce sens. Allez de l’autre côté», gronde un policier. C’est qu’aux alentours du rond point dit Vallée Bessekè, des curieux se sont installés. «On n’a pas deux présidents. Je veux voir Paul Biya. S’il vous plait madame quand va-t-il passer ?» A la question de cette maman qui ne voulait rien d’autre que voir son président, voici la réponse de l’agent. «Circulez madame. On ne peut rien vous dire madame.» De quoi irriter certains. «Je reviens des Impôts. J’avais un travail important à faire, mais les bureaux sont fermés. La sous-préfecture, la préfecture aussi, on dirait qu’ils sont en congé. C’est-à-dire qu’on arrête de travailler parce que Paul Biya est à Douala. D’ici à demain (vendredi) on mourra de faim. J’espère qu’il ne sera plus là lundi parce que j’ai des documents à faire signer» s’indigne Pascal. Tout cela pour une pierre…

Une ville fortement militarisée

Pas un pas sans que l’on aperçoive un élément de la garde présidentielle perché sur un toit ou sur un arbre. Depuis mercredi 13 novembre et peut-être même bien avant, Douala connaît une forte présence des hommes en tenue. Policiers, gendarmes… et militaires ont été déployés. Non seulement le long du trajet du chef de l’Etat mais aussi dans certains endroits « névralgiques ».

Ce déploiement des hommes armés qui crée par ailleurs la psychose dans la ville alimente des conjectures. D’aucuns se demandant si cela valait la peine. « C’est comme si l’on était dans un Etat en guerre. On n’a pas l’impression que la ville accueille le président de la République », laisse-t-on entendre. Pour cette visite dans la capitale économique, l’armée n’a pas lésiné sur les moyens, même des espèces de chars d’assauts ont postés aux entrées est et ouest de la ville pour dissuader une menace sans doute invisible pour le citoyen lambda.

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Les chefs traditionnels Sawa intronisent Paul Biya

C’est donc une tradition. Hier lors de la cérémonie de la pose de la première pierre du deuxième pont sur le Wouri, les chefs Sawa ont organisé  un cérémonial qui, selon le chef de l’Etat, paraît anodin mais qui est initiatique. Après avoir été fait Fon des Fons à Bamenda,  le président de la République, ou encore Nnom Ngii, le «maître suprême de la science et de la sagesse», le titre que lui ont décerné les chefs traditionnels de la région du Sud à l’occasion du comice agropastoral d’Ebolowa a eu droit, hier à Douala à un autre rite public. « Nous lui avons souhaité les vœux de bonheur et de santé », a expliqué un dignitaire Sawa.

Au cours de la  cérémonie, les chefs traditionnels ont remis en présent un siège de dignitaire au chef de l’Etat.  L’élu du jour a apprécié sa distinction dès ses premiers mots. « J’apprécie sincèrement  ce cérémonial qui paraît anodin mais qui est initiatique », a déclaré Paul Biya.  Ce n’est pas la première fois qu’un tel « cérémonial »  est organisé. Lors du tour du Cameroun entrepris en 1983 dans les différentes provinces où il s’est rendu, il a reçu des attributs traditionnels.

A Douala, première étape de cette tournée  provinciale, Paul Biya , en pagne, a tét adoubé le 24 février 1983 dans le Mbanya, rivière sacrée d’Akwa nord, aujourd’hui menacée d’extinction par l’habitat spontané et la pollution. Ainsi donc, avant le Sud et le Nord-Ouest, le Littoral avait déjà élevé Paul Biya au rang de grand chef traditionnel. Après le Littoral, à qui le tour ?

Vive l’école buissonnière

Heureusement que la pluie ne s’est pas invitée à la parade et qu’il a fait beau temps. A l’occasion de la visite de Paul Biya à Douala, de nombreux établissements scolaires étaient déserts. Et pour cause, sous la direction des enseignants commis à cet effet, des milliers d’élèves ont été massés le long du trajet présidentiel, hier jeudi 14 novembre 2013 à Douala.

De l’aéroport au rond pont Deido en passant pas le marché Sandaga et l’ancienne direction des Douanes, on pouvait voir ces mioches acclamer le cortège présidentiel. Il aura fallu attendre plusieurs heures d’horloge dans une station debout prolongée pour voir la fin du calvaire. Certains ne pouvant adopter cette position pendant des heures, ont tout simplement opté de s’asseoir sur le gazon. L’essentiel étant de voir Paul et Chantal Biya passer sous leurs yeux. Outre les élèves, la plupart des bureaux dans l’administration sont restés fermés. Les occupants étant simplement dans la suite du chef de l’Etat.

© Le Messager : Valgadine TONGA / B-P D.


15/11/2013
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