Le promoteur de X-net Phone, premier téléphone portable conçu par des Camerounais explique la particularité de ce téléphone et présente son accueil sur le marché deux semaines après son lancement officiel.
Qu’est-ce qui fait la particularité du X-net phone ?
Ce qui fait la camerounité de ce téléphone portable, c’est l’intelligence. Il a été conçu par des Camerounais et la conception donne la paternité sur un produit (le téléphone est monté en Chine, ndlr). C’est le même principe dans tous les secteurs d’activités. Celui qui prend un bois, le façonne et en fait une table particulière est l’inventeur de cette table. Ici, il s’agit de technologie et de software. Il ne s’agit pas de prouver que ce téléphone a été fabriqué avec le sable de la sanaga, il s’agit de prouver qu’il a été conçu avec l’intelligence des Camerounais. Ce téléphone a été dessiné par des designers camerounais. Ils ont des maquettes. Tout est là et cela a été fait à Yaoundé. Les ingénieurs ont pris le temps de mesurer chaque millimètre de l’écouteur, de l’écran, du clavier, etc. Les autres le font, nous aussi ont peut le faire et on l’a fait. Nous ne revendiquons rien. Nous avons fabriqué notre téléphone.
Ce téléphone a assez de composants : appareil photo, lampe torche, enregistreur, pourquoi n’y a-t-il pas une nouveauté particulière et camerounaise qui ferait la différence avec les téléphones fabriqués ailleurs ?
Quand vous voyez une voiture Mercedes et une voiture Peugeot, qu’est que Mercedes a ajouté que Peugeot n’a pas apporté ? C’est la même voiture, avec le même volant, avec son moteur, ses phares, ses essuie-glaces et pare-brises, etc. Nous avons apporté notre conception du téléphone portable. Nous avons fabriqué un téléphone de base. Nous l’avons conçu et fabriqué. Personne ne peut revendiquer quoi que ce soit sur ce téléphone. Il s’agit de propriété intellectuelle. Nous avons fait nos propres sonneries, nos fonds d’écran, nos animations, etc. Il ne s’agit pas d’aller en Chine et de demander qu’on fabrique un téléphone qui existe déjà à l’instar de Nokia X, non. Ici, il s’agit d’un téléphone portable que nous avons fabriqué et qui peut aller en concurrence avec les autres marques. Il ne faut pas que ceux avec qui nous sommes en concurrence disent que « ceci est à nous, vous nous avez piqué ou copié cela ».
Parlant des sonneries, je les ai écoutées on ne retrouve pas toujours des sonneries avec des musiques traditionnelles camerounaises…
Si, nous avons des tonalités camerounaises. Nous avons utilisé le balafon et le gong. Sauf que cela a été joué avec le piano. Pourquoi ? Parce que c’est un problème de paramétrage. Au départ, nous avons utilisé des instruments traditionnels. Mais, on s’est rendu compte que la technologie utilisée ne supportait pas le poids de la musique.
Je vais vous expliquer. C’est le son du balafon. Le son est tellement élevé quand on joue nos instruments. Techniquement, on est obligé de l’étaler pour qu’il puisse tenir à l’intérieur d’un téléphone de base qui a une très faible mémoire, parce que c’est un téléphone d’entrée de gamme. Les musiques que nous avons amenées dès le départ étaient tellement denses. Idem pour les images qui avaient 56 couleurs, alors qu’il fallait pour le téléphone du type X1 des images de six ou sept couleurs. Ce ne sont pas des informations qu’on avait. Quand nous sommes arrivés, nous avons paramétré à nouveau le téléphone que nous avons testé quatre fois avant que l’usine ne valide. Ils nous on dit, si vous voulez qu’on vous aide, vous devez payer tel montant. Nous avons dit non. Nous avons essayé de paramétrer le téléphone jusqu’à ce que cela marche. Si j’avais les premiers échantillons de ce téléphone ici, je vous montrerai. Cela ne marchait pas avec nos sons. Nous n’avons pas refusé d’utiliser nos instruments de musique. C’est que, la manière dont on capte nos musiques ne permet pas de les inclure dans les sonneries du téléphone. Donc, on est obligé de les moderniser avant de les utiliser. Les tonalités du X-net Phone peuvent vous paraitre différentes, mais elles sont camerounaises et on les a juste configurées pour qu’elles puissent intégrer le téléphone.
Qu’est ce qui peut distinguer le X-net Phone des autres téléphones portables ?
Il a une batterie de longue durée pouvant effectuer sept jours d’appel sans recharge.
Pourquoi avez-vous choisi comme nom pour ce téléphone « X-net Phone » et non un nom camerounais ?
Comme première raison, trois ingénieurs ont travaillé dans ce projet. Deux parmi eux ne veulent pas s’afficher, parce qu’ils ont signés de clauses de confidentialité avec les entreprises qui les emploient en Europe. X fait donc référence à ces ingénieurs qui travaillent dans l’ombre. Nous avons essayé de mettre un nom camerounais pour porter l’image du pays. On voulait un nom comme Sawa ou Dja, nom auquel nous avons beaucoup pensé. Nous avons également pensé aux noms des fleuves ou des villes camerounaises comme Soa. Nous avons testé ces différents noms et nous nous sommes rendu compte que ces noms étaient déjà protégés par des entreprises occidentales. On ne pouvait donc pas les utiliser pour en faire une marque. Alors, en discutant, nous avons dit aux ingénieurs qui ne souhaitaient pas s’afficher qu’on va les désigner par X. Un ingénieur a alors dit, « tiens, pourquoi ne pas utiliser X comme le nom du téléphone. Ce serait l’occasion de rendre hommage aux ingénieurs et aux personnes qui travaillent pour leur pays dans l’anonymat ». On y a associé Net, comme diminutif de Network, car on ne va pas seulement s’arrêter au téléphone, parce qu’on a beaucoup de surprises. D’où le nom X-net Phone.
Vous nous rappellez le prix de ce téléphone…
A deux semaines du lancement officiel du X-net phone, comment se porte –t-il sur le marché ?
Nous avons déjà vendu 3000 téléphones. Le Cameroun est content de son téléphone. C’est ma première impression. Je reçois des messages de félicitations qui viennent de partout dans le monde et notamment de l’Afrique. En Europe d’ailleurs, plusieurs personnes sollicitent le X-net Phone. Nous avons déjà envoyé le téléphone en Allemagne pour le faire analyser, afin qu’on nous donne une autorisation pour de vente sur le marché européen. Le téléphone est également en test en Roumanie. Pour que le téléphone parvienne rapidement aux Camerounais, nous avons engagé des négociations avec des grands distributeurs. Cette semaine nous allons signer le premier contrat avec le groupe Ringo SA qui est présente dans six régions du pays. Nous sommes par ailleurs à la recherche des partenaires de vente qui sont présents dans les localités où nous ne sommes pas encore présentes.