Belgique- Cameroun: Peter Verheyen,Président de Finatrax «Les diplomates belges m’ont rassuré sur la justice camerounaise»
L’homme
d’affaires belge trainé au tribunal s’explique sur les circonstances
d’une grosse escroquerie dont il est victime au Cameroun. Il passe
également en revue le rôle trouble de certains officiels camerounais
dans une maffia bien organisée. La
justice camerounaise appelée à se mouvoir pour éviter une incidence diplomatique...
Vous êtes au Cameroun pour prendre part à une affaire trainée au tribunal. Peut-on savoir de quoi il est question ?
J’ai fait une certaine affaire avec ma fibre Finatrax. C’est une affaire qui concerne Finatrax et Guff Advanced dans laquelle monsieur Sigalla est le directeur général. Aujourd’hui, on me dit que j’ai fraudé les documents de partenariat. C’est ce monsieur Sigalla avec qui nous avons eu d’étroite collaboration qui dit que j’ai fraudé un document juste pour l’escroquer. Ça, c’est une grande accusation totalement fausse. Les choses se sont déroulées autrement. Avec mon collaborateur John, nous devrions coopérer avec monsieur Sigalla. Il devait faire une recherche de six mois, sur un projet qui devait être très intéressant pour nous. Nous avons causé avec des documents qu’il m’a présentés comme étant officiels. Je croyais que c’était des documents authentiques. J’étais persuadé que les gens très haut placés du gouvernement de ce pays qui signaient ces documents étaient des gens de bonne foi. J’ai vraiment pensé que c’était un projet correct et que Guff Advanced et Finatrax allaient faire de bonnes affaires. Nous avons fait un contrat le 8 Août 2011.
En ce moment, je ne pouvais pas voyager pour le Cameroun à cause d’une maladie dont je souffrais. Mais nous avons quand même signé le contrat et transféré les documents par DHL. A partir de ce contrat, j’ai commencé à chercher des acheteurs. J’ai vendu le sujet de ce contrat à une autre fibre à Singapour et monsieur Suredj Au Tar avec qui j’ai traité m’a demandé de lui vendre les droits qui sont bien stipulés dans ce document. Je lui ai dit qu’on pouvait le faire, mais qu’il était prudent qu’il vienne lui-même au Cameroun pour tout vérifier. Il est venu au Cameroun avant moi-même pour tout contrôler.
En octobre, monsieur Suredj m’a dit « Peter, tout est bien, je vais signer le contrat». C’est ainsi qu’il a signé le contrat de cent millions de dollars. Mais il n’a jamais payé les choses qui sont stipulées dans le contrat. Il payait petit à petit pour rester dans le projet. J’ai eu comme impression que les deux messieurs (Sigalla et Suredj) se sont rencontrés et ont bouclé des choses sur mon dos. On a découvert en mars 2012, que les deux ont directement fait un autre contrat. Ce qui n’était pas permis, vu les arrêtés des deux contrats que j’avais avec chacun d’entre eux. Il y a un contrat entre Finatrax et Guff Advanced et un contrat entre Finatrax et Stratixy. Le dernier est la fibre de l’autre monsieur de Singapour. Chaque contrat stipulait ce que chacun de nous était permis de faire ou non. Ils ont quand même violés les conventions. Mes avocats au Cameroun ont réagit à cette situation. C’est donc à ce niveau que les problèmes ont vraiment commencé. J’avais déjà transféré beaucoup d’argent à Guff Advanced et je puis vous dire que j’ai commencé à transférer de l’argent au début de l’année 2011 pour le démarrage du projet. En 2012, j’ai également transféré d’énormes sommes d’argent. On parle de huit cent mille dollars transférés dans le cadre de ce grand projet. Les deux hommes, l’un à Singapour et l’autre au Cameroun, ont pensé à une stratégie pour m’écarter du projet. Et ils en ont trouvé. On a commencé à me dire que le contrat du 8 Août n’existe pas. C’était ça leur stratégie.
Mon collaborateur John a fait quatre semaines en prison à cause de ce problème. On lui a même forcé de dire qu’il y a eu fraude sur les documents. Quand je suis arrivé au Cameroun en fin juin, Interpol m’a pris. Mais tout s’est bien réglé à moins de quelque temps. Je trouve qu’Interpol est une organisation vraiment sérieuse qui fait bien son travail. J’ai passé trois jours dans une cellule à la gendarmerie ici à Douala et pendant ce temps, j’avais déjà reçu une convocation du juge. J’ai montré toutes les preuves en relation avec les accusations formulées contre moi au juge. Nous avons les preuves du contraire de tous qu’ils disent. J’ai beaucoup d’emails de monsieur Sigalla dans lesquels il parle de ce contrat. J’ai même le document officiel venu d’un ministère camerounais, dans lequel on parle de ce contrat. Le juge a déjà fait une descente, et on a prouvé que ce document existe. En temps qu’un homme d’affaire Européen qui vient investir au Cameroun, on m’a fait passer trois jours à la gendarmerie. Je m’excuse de le dire mais c’est quand même bizarre. Je suis très heureux que les juges ici dans le pays sont vraiment raisonnables. Ils s’appuient sur des preuves pour travailler. J’ai beaucoup confiance au système.
Si on s’abstient à vos propos, vous avez traité une affaire qui a tourné au vinaigre avec monsieur Sigalla et l’autre partenaire de Singapour. Peut-on connaitre la genèse du problème et les rapports qui vous liaient ?
Ma fibre Finatrax est dans le monde de la ferraille. Monsieur Sigalla nous a présenté un grand projet de ferraille ici au Cameroun. Il nous avait confirmé qu’il avait le contrat avec Camrail pour l’exploitation de leurs matériaux. Il m’a montré des documents officiels. Moi et d’autres personnes avons pensés que ce sont des vrais documents. C’est après la décente de monsieur le juge pour vérification que chacun a bien compris que se sont des faux documents. Il est écrit sur ces documents qu’on a une quantité d’un million cinq cent mille tonnes de ferrailles achetées chez Camrail. Rien de tout ça n’est vrai. Tout l’argent que j’ai transféré à Guff Advanced pour acheter les matériaux a disparu. Je peux présenter toutes les preuves qui montrent que j’ai envoyé de l’argent pour acheter la ferraille. Guff Advanced a traité avec des gens hautement placés pour me livrer une fausse licence d’export. Monsieur Sigalla leur a donné de l’argent. On m’a même fait savoir que le premier ministre avait ce document officiel. Pour mieux me tromper, monsieur Sigalla m’a fait visiter plusieurs ministères où il a ses complices. Maintenant, je pense que l’escroquerie est sa spécialité. Il a traité avec un délégué qui m’a fait comprendre qu’on pouvait avoir la licence d’export si on payait trente mille dollars. C’est quand même un manque de sérieux d’un pays comme le Cameroun qui a des officiels très bien placés, qui font des documents et après le juge me dit que se sont des faux documents. Mais arrêtez ! Avec un pays comme ça, on n’a aucune possibilité de faire du business. C’est vraiment triste pour ce beau pays. J’ai appris que le 21 février prochain, monsieur Sigalla doit se présenter devant le juge d’instruction et je suis là pour ça. Je fais de nouveau confiance à la justice camerounaise qui détient toutes les preuves. J’ai des preuves aujourd’hui que monsieur Sigalla a déjà été en prison pour de pareils coups. J’ai personnellement parlé avec ses victimes Allemands, ils m’ont tout expliqué.
Si jamais vous êtes acquitté, que comptez-vous faire, rester investir au Cameroun ou plier bagage définitivement ?
J’attends trois choses. Premièrement, je veux que la justice fasse son job, je veux récupérer mon argent et investir ici au Cameroun. J’ai compris que c’est un pays qui a beaucoup d’opportunités d’affaires. Je veux être pénalisé si j’ai tort dans cette affaire, si se sont les autres, il faudrait qu’ils assument aussi. Chacun doit payer les peaux cassés. Dans les autres pays d’Afrique où je fais des affaires, tout fonctionne très bien. Je ne veux pas croire que le Cameroun est différent. Je n’arrive pas aussi à croire que quelqu’un comme Sigalla soit défendu par d’autres personnes bien connues du gouvernement camerounais. Il y a actuellement cinq accusations en justice. Je reviens tout le temps au Cameroun quand la justice me demande et je traine toutes les preuves avec moi pour me défendre. C’est devenu une affaire diplomatique. J’ai fait une lettre à la ministre des affaires externes en Belgique. J’ai saisis le consul ici à Douala, la Conac, etc.
Sachant que l’Etat Belge a déjà pris acte de votre situation, qu’est ce que vos diplomates ici au Cameroun en pensent?
La situation au Cameroun impacte-elle votre quotidien?
Oui, on m’a bloqué les choses en Belgique, parce que le contrat que
j’ai signé avec les deux structures est très compliqué. Je vous explique
: c’est un contrat entre un Belge et quelqu’un qui habite à Singapour, à
Amsterdam, avec la loi hollandaise et un Camerounais. Mes activités
évoluent bien dans d’autres pays d’Afrique, à Hong-Kong… Un million de
dollar représente beaucoup d’argent pour n’importe quel homme
d’affaires. On a transféré à monsieur Sigalla au minimum six mille
dollars. Je suis encore choqué. Imaginez-vous combien ça peut coûter le
transport pour le Cameroun, le transport de mes assistants, le
traitement des avocats, les séjours à l’hôtel…c’est beaucoup d’argent.
Mais je n’ai pas le choix. Je dois faire comme tout vrai manager. Je
veux qu’on parle avec des preuves. Je veux récupérer mon argent.