Sous soins intensifs depuis 6 jours, le jeune Lucas Ekani 15 ans, élève en classe de 3ème au lycée bilingue de Bonabéri est sorti du coma hier mercredi 23 janvier 2013. Pourtant, après la malencontreuse fusillade qui a failli lui ôter la vie, Lucas et sa maman sont abandonnés à leur triste sort à l’hôpital Laquintinie.
Les yeux rougis par des longues nuits sans sommeil, un tantinet soulagé par le diagnostic du médecin ce matin, Apolline Ewolo serre fort contre sa poitrine l’ordonnance que vient de lui remettre l’infirmière. La voix entrecoupée de sanglots, elle semble faire une petite prière en direction du ciel. Se tournant vers nous avec un sourire mi figue mi raisin, elle lâche à notre endroit : « Je veux toujours croire que nous sommes dans un pays de droit. Et que l’Etat ne me laissera pas tomber ». La jeune dame, la quarantaine passée, sait qu’elle ne peut plus s’appuyer sur son employeur, qui à déjà tant fait. Car l’opération de son fils, ainsi que les frais d’hospitalisation s’élèvent déjà à près d’un million de franc Cfa. Une rondelette somme que son employeur a consenti à débourser, alors qu’elle ne travaille pour celui- ci que depuis peu de temps.
« On me demande encore des poches de sang. Je ne sais plus à quel saint me vouer. Je ne suis qu’une employée de maison, sans véritable ressource financière. Que les autorités ne me laissent pas tomber, qu’elles me viennent en aide » susurre-t-elle, les yeux embués de larmes. A l’évidence, Ni la micro finance située à Bonabéri, lieu où s’est déroulé le drame, ni les responsables du Lycée bilingue de Bonabéri ne semblent guère se préoccuper du sort du lycéen. Pourtant, c’est à la sortie des cours que l’adolescent va recevoir une balle perdue. Même si l’on reconnaît que les faits se sont déroulés hors de l’enceinte du Lycée, il n’en demeure pas moins vrai que les élèves n’étaient pas loin de leur établissement. Vu la proximité de l’agence de transfert d’argent et du complexe scolaire.
Pour l’heure, les responsabilités ne sont pas encore établies. Du côté de l’agence western union, s’il est vrai que le militaire incriminé était en fonction devant l’agence, reste que ce dernier n’est pas employé par ladite entreprise. Et par conséquent n’est pas couvert par cette dernière. Du côté des responsables du lycée bilingue, c’est le silence radio. Le proviseur se contentant de passer quelques coups de fil à la mère éplorée pour prendre les nouvelles de son élève. Il est évident qu’aucune démarche n’a été engagée pour dégager les responsabilités des uns et des autres.
On se souvient encore, que c’est dans l’après midi de vendredi 18 janvier 2013, que l’irréparable s’est produit. Deux élèves engagent une bagarre à la sortie des cours, non loin d’une micro finance située en face de l’établissement scolaire. C’est alors que le militaire chargé de la sécurité de la micro finance va essayer de dissuader les deux élèves, en se servant de son arme. Mal lui en a pris. Croyant tirer en l’air, ce dernier est le premier surpris de constater qu’il n’a plus le contrôle de son arme. Des coups de feu crépitent un élève s’écroule. Deux autres sont en sang. Un vendeur ambulant est égale touché par la rafale.
Les deux élèves légèrement blessés sont conduit à l’hôpital de district de Bonassama , alors que le jeune Lucas qui a perdu connaissance est admis au bloc opératoire de l’hôpital laquintinie. Il a reçu une balle dans le ventre. Pendant près de 8 heures, les médecins vont réussir à extraire la balle qui aurait touché le foie et les intestins du jeune Lucas. Mais en attendant les résultats de l’enquête ouverte, Lucas Ekani, qui devrait présenter son examen cette année, n’a toujours pas retrouvé l’usage de la parole. Et la pluie d’ordonnances continue de s’abattre sur la tête de sa pauvre maman.