Bangue Carrière: Deux fillettes retrouvées mortes dans une piscine privée

Cameroun/Bangue Carrière: Deux fillettes retrouvées mortes dans une piscine privéeRespectivement âgées de 8 et 5 ans, les victimes retrouvées sans vie dans la piscine de sieur Ngando, directeur financier à la Bicec, s’y étaient rendues mercredi dernier une heure plus tôt à la demande de dame Ngando, par ailleurs voisine de ses jeunes vacancières.

Le lieu dit Bangue Carrière a vécu dans l’après du mercredi 08 août 2012 un drame que les riverains ne s’expliquent toujours pas. En effet, l’ambiance bon enfant qui y régnait du fait d’une journée sans pluie s’est transformée en vaste consternation aux alentours de 16 heures quand des cris stridents de dame Epagna Mouyombon Jeanne, employée à Mtn Cameroun vinrent alerter les creuseurs de sable jouxtant littéralement son domicile au bord de la mer.

Des cris de détresse à l’annonce du décès, des suites de noyade de ses deux nièces, Epanya Sike Ekambi Rosy (8 ans) et Epanya Soppo Audrey Paola (5ans), filles de son frère d’avocat Me Epanya Soppo Priso. Détresse d’autant plus poignante que les défuntes nièces arrivées chez leur tante Epagna Mouyombon Jeanne dimanche 05 août 2012, devaient y passer trois semaines, question de changer d’air mais surtout de se rapprocher de leur famille paternelle. Manque de pot, trois jours à peine après leur arrivée, la mort viendra les surprendre, non plus en le domicile de leur tante, mais bien plus dans celui du voisin d’en-face de celle, en l’occurrence dans la cossue résidence de sieur Ngando, Directeur financier à la Bicec.

En réalité, la résidence dont il est question est davantage assimilable à une forteresse, au regard de la sécurité extrême qui y est de mise. Une haute barrière surmontée de fils barbelés, un système de vidéosurveillance et surtout, pas moins de six vigiles, dont deux postés à l’extérieur alors que les quatre autres sont dans l’enceinte de la résidence que de surcroît dispose d’un chien.

A croire que le propriétaire des lieux, à défaut de se prémunir de quelque attaque malveillante, aurait plutôt quelque chose à cacher. Seraient-ce ces choses qu’il cacherait qui sont à l’origine du décès jusqu’ici inexpliqué des deux fillettes Rosy et Audrey Paola Epanya ? Toujours est-il que quand dans l’après-midi de mercredi dernier, elles sont convoyées du domicile de leur tante vers celui dans lequel se nouera le drame, ladite tante est loin de s’imaginer qu’elle les voyait vivantes pour l’ultime fois.

En effet, alors qu’elle venait à peine de se séparer de sa voisine, en l’occurrence dame Ngando avec qui elle partagea un repas, celle-ci émit le vœu de recevoir les deux fillettes chez elle et commit l’une de ses filles pour ce faire, aux environs de 15 heures. Chose pour laquelle tante Mouyombon ne posera ni de préalable et encore moins d’objection, se fondant très certainement sur les rapports de voisinage la liant à dame Ngando.

Et c’est tout naturellement qu’elle concéda à sa voisine de recevoir ses feues nièces Rosy et Audrey Paola, présumant qu’elles y feraient l’objet de toutes les attentions de sa voisine, eu égard à leur jeune âge. Mais si elle s’en préoccupait, il y a lieu de croire que tel ne fut certainement pas le cas de dame Ngando et plus encore de la jeune fille qui convoya les deux fillettes dans la forteresse d’en-face. Sinon, comment penser un seul instant qu’on ait pu laisser ces deux fillettes jouer à côté de la piscine non protégée d’une partie de la cour intérieure de la résidence ?

Crime maquillé ou négligence dramatique ?

Fort de ce qui précède, il est des questionnements dont les réponses pourraient peut-être aider à comprendre le drame de Bangue carrière. Car, s’il est établi que sieur Ngando se préoccupe tant de la sécurité de sa résidence, comment pouvait-il laisser libre une piscine intérieure, alors qu’en la matière il existe également des systèmes de sécurité à défaut d’y commettre également un maître nageur à défaut d’un vigile, puisque sa résidence en compte six ? Bien plus, comment dans une résidence où se trouvaient outre les vigiles, des membres de la famille et assimilés, les enfants aient pu se retrouver près de la piscine et se soustraire à la surveillance de tous plus d’une heure durant ?

En effet, aux dires des avis des riverains et surtout des creuseurs de sable jouxtant la résidence Ngando, la découverte des fillettes noyées se fit près d’une heure après qu’elles se soient retrouvées dans la piscine. Et si tant il est vrai que l’eau a un attrait singulier pour les enfants, il est clair que les deux fillettes n’auraient pas plongé en même temps, même comme les résidents évoquent la thèse de ce que jouant avec leur poupée, elles auraient certainement essayé de la récupérer alors qu’elle se retrouva dans la piscine.

Mais là ne sont que des supputations en réalité, tant il est vrai qu’on ne se noie pas du premier coup et les enfants pris de panique dans le cas d’espèce auraient certainement du crier ou émettre des signaux de détresse, comme tout être qui se noie et essaie de se débattre. Mais à en croire les résidents, personne n’aura ni remarqué la disparition des enfants et encore moins suivi quelque fait anormal dans la concession. Que cela soit possible, si d’aventure les résidents étaient tous occupés à autre chose, on pourrait par ailleurs se demander où se trouvaient les vigiles commis à la surveillance à l’intérieur de la concession, tant il est révélé que c’est l’un d’eux qui fit la découverte macabre et entreprit de sortir les enfants de l’eau, avant de découvrir par la suite leur poupée baignant également dans la piscine.

Si rien ne transparaît sur quelque action de sauvetage en réalisant la respiration artificielle, on est tout de même curieux de savoir qui a ordonné le transfert des dépouilles des fillettes sans en toucher mot à leur tante qui ne sera mise au parfum qu’à la suite du mouvement chez le voisin d’en-face ?

Négligence, effet de panique ou volonté sibylline de maquiller quelque crime ? Chacune des éventualités est plausible, tant il est vrai que la tante des défuntes empruntera un véhicule pour se déporter à l’hôpital général où seront déportées les dépouilles de ses nièces. Et sur ces entrefaites, elle prendra attache avec son frère, le père des défuntes qui se déportera aussitôt vers l’hôpital général. Chemin faisant cependant, son véhicule lui fera des infidélités et s’arrêta net en pleine chaussée sans qu’il présente quelque défaillance technique, aux dires du technicien hélé pour la circonstance. Toutes choses considérées dans nos cultures comme des indices. Mais encore faudrait-il pouvoir les interpréter à bon escient. Car, si la soudaineté de la mort de ses fillettes peut justifier quelque fausse manœuvre de Me Epanya Soppo Priso leur père, on comprend mal une telle survenance de fait tout aussi subit.

Enquêtes préliminaires

Passé le choc, le bon sens a vite prévalu, notamment chez le père des défuntes qui n’a pas hésité de saisir les autorités policières, en l’occurrence le commissaire du 12e arrondissement à Bonamoussadi, qui aussitôt a entamé les enquêtes préliminaires pour mieux apprécier les circonstances de la survenance du décès de ces deux fillettes. Pour ce faire, si le propriétaire de la résidence, sieur Ngando dispose d’un alibi de poids du fait de son absence au moment de la survenance du drame, sa bonne foi matérialisée par l’autorisation qu’il donna au commissaire du 12e arrondissement d’exploiter les enregistrements de son système de vidéosurveillance ne le disculpe guère pour le moment.

A preuve, il a été auditionné dans la journée d’hier au même titre que les occupants de la maison au moment de ce drame, en l’occurrence son épouse, la jeune fille qui convoya les fillettes du domicile de leur tante à la résidence Ngando, mais également des vigiles, tante Mouyombon et surtout le garçon qui entreprit de transporter les dépouilles de la résidence vers l’hôpital général, tant il est vrai que les fillettes étaient mortes longtemps avant ledit transport. Si les espoirs résident dans l’exploitation des images enregistrées depuis l’arrivée des fillettes jusqu’à la découverte de leurs dépouilles, il n’en demeure pas moins vrai que l’autre piste majeure sera les résultats de l’autopsie médico-légale qui établira de façon plus nette aussi bien les causes du décès que l’heure approximative de celui-ci. Nul doute donc que cette affaire pourrait connaître des rebondissements que nous nous obligerons par ailleurs de vous faire partager.

© Aurore Plus : Muna Dimbambe


03/09/2012
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