Bamenda: Le Dg de L’Irad dans les ruines de la Station de Mankon

DOUALA - 18 OCT. 2012
© Donat SUFFO | Le Messager

En visite de travail à Bamenda, il a promis donner un coup de pouce afin que cette station retrouve son lustre d’antan.

« Ce que j’ai vu est ahurissant. Je puis vous dire que Mankon, c’est la station spécialisée phare de l’Irad où des investissements de centaines de millions Fcfa ont été réalisés dans les années 80. Aujourd’hui, l’état des infrastructures me laisse vraiment très perplexe ». Ces propos sont de Dr Noé Woin, directeur général de l’Institut de recherche agricole pour le développement (Irad). C’était le 10 octobre dernier à l’occasion d’une visite de travail à la station spécialisée Irad de Mankon. Malgré la nuit tombante, Dr Noé Woin a fait au pas de course le tour du propriétaire, justement pour mieux apprécier la réalité. Cette station créée en 1976 qui faisait la fierté de la région du Nord-Ouest et même du Cameroun, est dans un état piteux. Abandonnée dans la broussaille, elle est une véritable ruine.

Il y a moins de six mois, un nouveau chef de station, Dr Fotsa Jean Claude, y était nommé et héritait d’une dette estimée à 27.477.960 Fcfa, quatre véhicules et un tracteur vieux de 42 ans ! De tout ce matériel roulant, un seul véhicule fonctionne, le reste étant garé voire irréparable. En faisant le tour du propriétaire, Dr Noé Woin s’est rendu compte que la section porcine, d’une capacité d’accueil de 1.000 porcs et une maternité de 20 truies en gestation, n’a pas le moindre animal. Le secteur volaille d’une capacité de production 20 mille poulets en compte zéro. L’unité des lapins peut contenir 1000 têtes, mais seuls 52 animaux y sont actuellement. Le compartiment des aulacaudes héberge présentement 16 individus pour une capacité de 1.000 hérissons. L’unité du petit ruminant est également en détresse avec moins d’une trentaine de moutons dont le plus âgé a 9 ans. Ce qui nécessite le renouvellement du stock par des jeunes géniteurs. Or, ce secteur peut accueillir jusqu’à 500 petits ruminants.

A l’unité de l’incubation, le Dg a été médusé d’apprendre que depuis deux ans, les quatre incubateurs d’une capacité de production de 8.000 poussins d’un jour n’ont pas reçu le moindre œuf. L’unité de production des aliments, le pivot même de la station avec ses deux machines et mixeurs a une capacité de production de deux tonnes d’aliment par heure. Le groupe électrogène qui y est, est en panne. Un court-circuit avait grillé cet appareil qui a couté 11 millions Fcfa pour son acquisition à l’Etat. Il nécessite 5,5 millions Fcfa pour le remettre en marche et parer aux dégâts collatéraux en cas de rupture de l’énergie électrique, notamment au cas où les poussins sont en chauffage dans l’incubateur.

Dr Fotsa Jean Claude, chef de la station spécialisée de l’Irad à Mankon, au-delà des explications données à chaque étape sur le terrain, a réitéré les même doléances et bien d’autres inhérentes au personnel lors de la séance de travail. Il fait allusion à la nécessité du recrutement d’un vétérinaire permanent et 20 autres personnes qui vont s’occuper exclusivement du secteur de l’élevage, 6 chercheurs, 12 techniciens pour la station, etc. Aussi a-t-il sollicité pour le lancement du secteur porcin, une cinquantaine de géniteurs, 500 poussins d’un jour et autant de pondeuses pour le secteur volaille, une centaine de chèvres et moutons pour l’unité de petits ruminants. A ceci, il faut ajouter la réhabilitation de certaines infrastructures et équipement entièrement en ruine. Last but not the least, prévoir des moyens pour l’alimentation de ces bêtes. « Je me sens gêné quand un animal a faim, surtout qu’il n’a pas les moyens de s’exprimer comme l’être humain. On ne le constate que quand il maigrit », laisse entendre Dr Fotsa Jean Claude.

Fort de cet état des lieux, le directeur général de l’Irad a « donné des instructions au chef de station en relation avec le chef de centre régional et mes services financiers, d’inventorier les besoins prioritaires pour que des mesures les plus urgentes soient prises afin que cette station contribue effectivement à appuyer l’alimentation des populations du Cameroun en protéine animal parce qu’on a une ferme qui peut produire plus de 25 mille poulets à la fois. Une ferme d’où on peut produire des poussins d’un jour pour ravitailler plus de la moitié de la partie Sud du Cameroun. Et cette ferme est là dans la broussaille. Donc, il va classer les besoins prioritaires avec des coûts estimatifs afin que je puisse voir comment plaider auprès de ma hiérarchie qui est le ministère de la recherche scientifique et de l’innovation, pour que Mankon contribue à accompagner le Cameroun dans ses grandes réalisations et atteindre le stade des pays émergeants en 2035 ».

La clé est là mais c’est les moyens qui manquent, précise Dr Noé Woin pour qui « en classant ces besoins et en sortant le plan de développement de chaque besoin, le plan opérationnel de chaque activité, on devrait dégager urgemment les financements pour commencer à relancer les activités à la station de Mankon » Et d’ajouter, « mes collaborateurs et moi allons examiner la liste des doléances et apporter la solution aux besoins les plus urgents. Je suis à la tête de l’Irad il y a un an seulement. En un an on ne peut pas tout faire ». Il a salué les efforts déjà fournis par le nouveau chef de station pour sortir cette structure de l’ornière, moins de six mois après sa prise de fonction. « Il connaît bien la station pour avoir fait sa thèse ici ; les problèmes de Mankon lui tiennent à cœur, et en fait, Mankon devrait appuyer efficacement la production, ne serait-ce que avicole et porcine dans la partie Sud du Cameroun » conclut Dr Noé Woin.




18/10/2012
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