Avoir eu plusieurs femmes dans sa vie réduirait le risque de cancer de la prostate
Publié le 29-10-2014 | (Montréal - Canada). Auteur : Martin LaSalle- Nouvelles.umontreal.ca
Chez les hommes, le fait d'avoir fréquenté plus de 20 femmes au cours de sa vie est associé à un risque 28 % moins élevé d'être un jour atteint d'un cancer de la prostate, comparativement à ceux qui n'ont eu qu'une seule partenaire.À l'inverse, avoir connu plus de 20 partenaires masculins dans sa vie est lié à un risque deux fois plus grand de souffrir d'un cancer de la prostate par rapport à ceux qui n'en ont fréquenté aucun. C'est ce que révèlent les résultats auxquels sont parvenues Marie-Élise Parent et Marie-Claude Rousseau, professeures associées à l'École de santé publique de l'Université de Montréal, et la chercheuse Andrea Spence. Toutes trois sont rattachées à l'INRS Institut Armand-Frappier, à Laval.
Ces résultats, publiés dans la revue Cancer Epidemiology, ont été obtenus dans le cadre de l'étude montréalaise PROtEuS (Prostate Cancer and Environment Study), au cours de laquelle 3208 hommes ont répondu à un questionnaire portant entre autres sur leur vie sexuelle. Parmi eux, 1590 avaient reçu un diagnostic de cancer de la prostate entre septembre 2005 et août 2009, tandis que 1618 hommes formaient le groupe témoin.
Un risque associé au nombre de partenaires
Globalement, les hommes qui avaient un cancer de la prostate étaient deux fois plus nombreux que les autres à avoir eu un proche parent atteint de ce cancer. Néanmoins, les données tendent à démontrer que le nombre de partenaires sexuels aurait une influence sur l'apparition de la maladie.
Ainsi, les hommes qui ont affirmé n'avoir jamais eu de relations sexuelles couraient un risque presque deux fois plus élevé d'être atteint d'un cancer de la prostate que ceux qui en ont eues.
C'est lorsqu'un homme a fréquenté plus de 20 femmes dans sa vie qu'il y a une réduction de 28 % du risque d'avoir un cancer de la prostate (tous types confondus) et une diminution du risque de 19 % de souffrir d'un type de cancer agressif.
«Il est possible que le fait d'avoir connu plusieurs partenaires sexuelles se traduise par une fréquence d'éjaculation plus grande, dont l'effet protecteur contre le cancer de la prostate a été observé précédemment dans des études de cohorte», déclare Marie-Élise Parent.
Selon certaines recherches, le mécanisme sous-jacent de cet effet protecteur résiderait notamment dans la diminution de la concentration de substances cancérogènes présentes dans le fluide prostatique.
Il importe de préciser que, pour chaque participant, l'âge auquel est survenue la première relation sexuelle tout comme le nombre d'infections transmises sexuellement (ITS) qui ont été contractées n'ont pas influencé le risque de cancer de la prostate.
D'ailleurs, seulement 12 % de l'ensemble des participants ont rapporté avoir eu au moins une ITS au cours de leur vie, ce qui est peu.
Partenaires masculins et hausse du risque
Les données recueillies indiquent qu'avoir eu un seul partenaire n'influe pas sur le risque de cancer de la prostate, comparativement à ceux qui n'ont jamais eu de relations sexuelles avec un homme.
Par contre, ceux qui ont fréquenté plus de 20 hommes courraient deux fois plus de risques d'être atteints d'un cancer de la prostate tous types confondus, comparativement à ceux n'ayant jamais fréquenté d'hommes. Et leur risque de souffrir d'un cancer de la prostate moins agressif augmenterait de 500 % par comparaison avec ceux n'ayant eu qu'un seul partenaire.
Marie-Élise Parent et son équipe ne peuvent qu'émettre des hypothèses «hautement spéculatives» pour tenter d'expliquer cette association. «Elle pourrait relever d'une plus grande exposition à des ITS ou encore il se pourrait que la pénétration anale produise une lésion à la prostate», dit-elle prudemment.
Des pistes pour d'autres études
Spécialistes de la recherche sur le cancer de la prostate, Mmes Parent, Rousseau et Spence forment la première équipe scientifique à suggérer que le nombre de partenaires féminines est inversement associé au risque de souffrir de la maladie.
«Nous avons eu la chance d'interroger des participants issus de la région de Montréal et d'ailleurs au Québec qui sont à l'aise de parler de leur sexualité, peu importe le genre d'expériences qu'ils ont vécues, et cette ouverture d'esprit n'aurait sans doute pas été la même il y a 20 ou 30 ans», mentionne Marie-Élise Parent.
«En fait, grâce à eux, nous savons désormais qu'il faut tenir compte du nombre et du type de partenaires pour mieux étudier les causes du cancer de la prostate», ajoute-t-elle.
La santé publique serait-elle sur le point de recommander aux hommes de fréquenter plusieurs femmes dans leur vie pour éviter ce cancer?
«Nous n'en sommes pas là», conclut Mme Parent en rigolant.
Copyright © Martin LaSalle- Nouvelles.umontreal.ca, Montréal - Canada | 29-10-2014