Ils ont marché dans la cité capitale du Nord-Ouest.Dix, quinze, le nombre d’activistes d’une nouvelle faction -dénommée la «Southern Cameroons youths higher council for action (Scyhca)» du mouvement irrédentiste la Southern Cameroons national council (Scnc) interpellés et gardés à vue au commissariat central de la ville de Bamenda hier jeudi 22 août 2013, n’était pas toujours connu au moment où nous mettions sous presse.
Toutefois, s’il est une constance, c’est que des activistes de ce mouvement ont été mis aux arrêts hier jeudi. Et c’est au lieu dit MileTwo Junction Nkwen, qu’ils ont été happés par les forces policières. Ils faisaient une marche en direction de l’avenue commerciale et se proposaient de terminer leur manifestation au service du gouverneur. C’est pratiquement à un jet de pierre de la sous-préfecture de l’arrondissement de Bamenda III à Mile 4 qu’une cinquantaine de jeunes du Scyhca, pancartes à la main, ont emprunté pour certains des mototaxis, d’autres à pieds, la direction du centre ville.
Haut parleur à la main, ils distillent des messages tels que «nous avons trop souffert, 50 ans de souffrance c’est trop. La République must go. Le Nigeria a quitté Bakassi, il manque la République. Bakassi nous a été cédés. La République du Cameroun doit quitter aussi Bakassi. Que la République du Cameroun respecte ses frontières coloniales françaises à l’indépendance en quittant notre territoire. C’est clair, les Nations-Unies nous ont remis notre territoire. Nous ne voulons pas de la République du Cameroun sur notre territoire» laisse entendre Ngalim Félix Alfred, le leader du Scyhca.
«Après la libération de Bakassi, nous sommes en train de célébrer en invitant nos concitoyens de sortir massivement pour célébrer avec nous parce que les Nations-Unies nous ont remis Bakassi et nous demandons à la République du Cameroun de se respecter en libérant aussi Bakassi comme le Nigeria l’a fait. Nous disons à Mr Biya de retirer ses forces répressives de notre territoire. L’élection de la République n’aura pas lieu ici chez nous, dit la Southern Cameroons youths higher council for action».
En dehors de ces messages, ils ont également des pancartes sur lesquelles on pouvait lire «Paul Biya, laisse nous et renvoie nous nos frères de ton territoire, nous ne sommes pas des vôtres. La République méfiez-vous parce que certaines de vos forces de l’ordre qui sont anglophones sont avec nous. Faites attention, nous voulons voir un document légal qui unifie la République du Cameroun et le Southern Cameroons, sinon … », « La Southern Cameroons youths higher council for action a invité les communautés anglophones de sortir massivement le 14 août 2013 pour respecter le traité de paix de Annan-Bakassi sans quoi…. ».
« Onu, aide le peuple du Southern Cameroon », « Mr Fonkam Azu, s’il vous plaît partez de notre territoire avec votre Elecam de la République, sans quoi !!! Nous n’avons pas besoin parmi nous d’une structure et des personnes corrompues», « Fru Ndi taisez-vous parce que nous ne vous connaissons pas !!! », « un vote de déchéance a été infligé jusqu’à nouvel ordre à Mr John Fru Ndi qui n’écoute plus les pleures des anglophones », « Fru Ndi met en garde ton ami Biya de nous laisser sans quoi… » menacent les manifestants. Et de poursuivre « Utilisez vos armes mais nous luttons au nom de Jésus Christ».
Pour eux« la République du Cameroun n’est pas un bon voisin». Partis de la sous-préfecture de Bamenda III, ils ont parcouru une distance d’environ 2 kilomètres, traversant entre autres la brigade de recherche de mile 4, le commissariat du quatrième de mile 4 sans être inquiétés. Au fur et à mesure que la cinquantaine d’activistes de départ évoluent, le nombre s’agrandit. Mais vers Amour Mezam, sentant du roussi, certains ont rebroussé chemin. Par peur de répression.
Certainement mis au parfum de cette manifestation, les éléments du commissariat central et des équipes spéciales d’intervention rapide, ont rattrapé ces activistes au lieu dit Mile 2 Junction. En rappel, le 27 août dernier, 81 autres activistes de la faction de Nfor Ngala Nfor ont été arrêtés à Kumbo alors qu’ils tenaient une réunion dans un domicile privé. Ils ont passé une semaine dans les cellules à Kumbo avant d’être transférés à Bamenda où ils ont été libérés sans aucune inculpation.