Au Tribunal - Marafa Hamidou Yaya: «Je suis déçu mais pas vaincu»
DOUALA - 24 SEPT. 2012
© Alain N. Awana, R. N. T. & Donat SUFFO | Le Messager
Alors que la parole lui est donnée pour une dernière déclaration en guise de défense après que le tribunal l’ait reconnu coupable et peu avant le verdict final, l’ex Sgpr a dit ne pas vouloir « commenter une décision de justice, mais, a-t-il poursuivi, je dis que je suis déçu par cette décision. Je suis déçu, mais je ne suis pas vaincu »
© Alain N. Awana, R. N. T. & Donat SUFFO | Le Messager
Alors que la parole lui est donnée pour une dernière déclaration en guise de défense après que le tribunal l’ait reconnu coupable et peu avant le verdict final, l’ex Sgpr a dit ne pas vouloir « commenter une décision de justice, mais, a-t-il poursuivi, je dis que je suis déçu par cette décision. Je suis déçu, mais je ne suis pas vaincu »
Ambiance: Le palais de justice étouffé par l’armée et la police
Un cordon de sécurité a été déployé à l’intérieur et tout autour du palais de justice pendant près de 24 heures pour faire face à de potentiels «troubles à l’ordre public».
Vendredi, 21 septembre 2012. C’est le grand jour. Du moins pour certains qui suivent particulièrement l’affaire « Marafa, Fotso et Cie ». C’est aujourd’hui que la Justice va rendre son verdict. Du coup, plus que par le passé, les forces de sécurité sont en « alerte maximale». Alors qu’il n’est que 9 heures, on voit déjà leur forte présence sur l’axe qui passe devant le palais de justice, depuis le lieu dit « Sonel centrale » où l’on filtre les entrées, jusqu’au musée national. Certains de ces éléments sont là depuis 4 heures du matin, nous apprend-on. En tout cas, en ce début de matinée, c’est la haute sécurité à cet endroit devenu subitement stratégique depuis que le procès a débuté, il y a deux mois. Dans les services administratifs et aussi dans les petits lieux de commerce qui sont tout autour, le principal sujet est l’audience qui va se dérouler dès le début de l’après-midi.
12 heures. La tension monte. Il est devenu de plus en plus difficile d’avoir accès au palais de justice. Vous devez montrer patte blanche. Les gendarmes et les policiers marquent leur territoire. C’est l’un d’eux qui nous permettra de pouvoir arriver jusqu’à la grande salle. Mais, là encore, ce n’est pas donné. Pour entrer dans la salle, la fouille est minutieuse, détecteur de métaux à l’appui. Et une fois dedans, il faut encore trouver une place assise, quitte à se serrer comme des sardines en boîte, sinon vous êtes purement et simplement expulsé.
Alors que le début de l’audience est imminent, la tension monte dehors. Les forces de maintien de l’ordre viennent d’ordonner de bloquer le passage qui relie le grand axe à la trésorerie. Il s’y produit d’ailleurs une altercation entre un policier et un usager très vexé de ne pouvoir se rendre à la délégation régionale des Enseignements secondaires à trois mètres de lui. Au sein de la foule regroupée dans ce lieu de restauration aménagé par la Communauté urbaine, les spéculations vont bon train. Certains soutiennent que, comme l’affaire Titus Edzoa, l’audience sera renvoyée. D’autres spéculent également sur le verdict et pour certains, « il n’y a rien à faire : Marafa sera condamné ». Des paris sont faits.
Les hommes en tenue commencent à envahir les gargotes pour se rafraîchir le gosier. Mais, plus le temps passe (l’audience a déjà commencé), moins les gens en parlent. En tout cas, les sujets sont nombreux. La bière et les bons effluves de grillades aidant, on s’emballe. Alors que l’on approche de la tombée de la nuit, les lieux commencent à se vider. La sécurité n’est plus aussi stricte. Des gens peuvent circuler, sans pour autant s’arrêter ou se regrouper devant le palais de justice. D’ailleurs, près de 80% des personnes encore présentes dans ces lieux sont sans surprise les policiers et les gendarmes. La route reste cependant « interdite » aux véhicules et elle le restera d’ailleurs jusqu’au lendemain matin. Lorsqu’après la sentence du juge, tout le monde vide les lieux.
Alain NOAH AWANA
Ils ont dit…
Marafa Hamidou Yaya: «Je suis déçu mais pas vaincu»
Alors que la parole lui est donnée pour une dernière déclaration en guise de défense après que le tribunal l’ait reconnu coupable et peu avant le verdict final, l’ex Sgpr a dit ne pas vouloir « commenter une décision de justice, mais, a-t-il poursuivi, je dis que je suis déçu par cette décision. Je suis déçu, mais je ne suis pas vaincu »
Yves Michel Fotso: «Je porte ma croix»
Prenant la parole dans les mêmes circonstances avant son co-accusé, Marafa Hamidou Yaya, l’ex administrateur directeur général de la Camair a dit prendre acte du délibéré des juges qui le reconnaissent coupable de détournement de la somme de 29 millions de dollars Us débloqués pour l’achat à Boeing d’un avion présidentiel neuf. Cependant, il a noté que le résumé du procès fait par les juges n’était pas à l’image des débats. Mais « je sais que l’histoire retiendra. Je porte ma croix», déclare-t-il.
Gilbert Schilck: «Marafa et Fotso étaient amis depuis 1993»
Au moment de motiver la décision des juges reconnaissant les accusés coupables, le président de la collégialité a expliqué que le Sgpr qui était ami, depuis longtemps de l’ex-Adg de Camair était forcément au courant des manœuvres peu orthodoxes de ce dernier. Et donc était au moins au courant du projet de détournement des 29 millions de dollars à travers Gia et au plus, en était le commanditaire. « Amis depuis 1993, Marafa et Fotso ont donc été complices», a ainsi tranché le juge.
Ni John Fru Ndi: «Une justice à double vitesse»
Le système judiciaire au Cameroun me surprend dans ce sens que Marafa est condamné à 25 ans d’emprisonnement pour environ une vingtaine de milliards Fcfa alors que Forjindam accusé d’avoir détourné environ 216 millions en co-action, avait été condamné à vie. Je ne sais pas si nous utilisons la même Constitution, la même Loi ou bien les magistrats regardent la face de quelqu’un avant de le sanctionner. Marafa est condamné pas parce qu’il est coupable mais parce qu’un individu veut lui démontrer son pouvoir. Tous ceux qui ont lu les lettres de Marafa se sont rendus compte qu’il avait des visées politiques. C’est pourquoi M. Biya le condamne aujourd’hui comme il l’a fait par le passé avec Edzoa Titus.
Rassemblés par R. N. T. & Donat SUFFO
Un cordon de sécurité a été déployé à l’intérieur et tout autour du palais de justice pendant près de 24 heures pour faire face à de potentiels «troubles à l’ordre public».
Vendredi, 21 septembre 2012. C’est le grand jour. Du moins pour certains qui suivent particulièrement l’affaire « Marafa, Fotso et Cie ». C’est aujourd’hui que la Justice va rendre son verdict. Du coup, plus que par le passé, les forces de sécurité sont en « alerte maximale». Alors qu’il n’est que 9 heures, on voit déjà leur forte présence sur l’axe qui passe devant le palais de justice, depuis le lieu dit « Sonel centrale » où l’on filtre les entrées, jusqu’au musée national. Certains de ces éléments sont là depuis 4 heures du matin, nous apprend-on. En tout cas, en ce début de matinée, c’est la haute sécurité à cet endroit devenu subitement stratégique depuis que le procès a débuté, il y a deux mois. Dans les services administratifs et aussi dans les petits lieux de commerce qui sont tout autour, le principal sujet est l’audience qui va se dérouler dès le début de l’après-midi.
12 heures. La tension monte. Il est devenu de plus en plus difficile d’avoir accès au palais de justice. Vous devez montrer patte blanche. Les gendarmes et les policiers marquent leur territoire. C’est l’un d’eux qui nous permettra de pouvoir arriver jusqu’à la grande salle. Mais, là encore, ce n’est pas donné. Pour entrer dans la salle, la fouille est minutieuse, détecteur de métaux à l’appui. Et une fois dedans, il faut encore trouver une place assise, quitte à se serrer comme des sardines en boîte, sinon vous êtes purement et simplement expulsé.
Alors que le début de l’audience est imminent, la tension monte dehors. Les forces de maintien de l’ordre viennent d’ordonner de bloquer le passage qui relie le grand axe à la trésorerie. Il s’y produit d’ailleurs une altercation entre un policier et un usager très vexé de ne pouvoir se rendre à la délégation régionale des Enseignements secondaires à trois mètres de lui. Au sein de la foule regroupée dans ce lieu de restauration aménagé par la Communauté urbaine, les spéculations vont bon train. Certains soutiennent que, comme l’affaire Titus Edzoa, l’audience sera renvoyée. D’autres spéculent également sur le verdict et pour certains, « il n’y a rien à faire : Marafa sera condamné ». Des paris sont faits.
Les hommes en tenue commencent à envahir les gargotes pour se rafraîchir le gosier. Mais, plus le temps passe (l’audience a déjà commencé), moins les gens en parlent. En tout cas, les sujets sont nombreux. La bière et les bons effluves de grillades aidant, on s’emballe. Alors que l’on approche de la tombée de la nuit, les lieux commencent à se vider. La sécurité n’est plus aussi stricte. Des gens peuvent circuler, sans pour autant s’arrêter ou se regrouper devant le palais de justice. D’ailleurs, près de 80% des personnes encore présentes dans ces lieux sont sans surprise les policiers et les gendarmes. La route reste cependant « interdite » aux véhicules et elle le restera d’ailleurs jusqu’au lendemain matin. Lorsqu’après la sentence du juge, tout le monde vide les lieux.
Alain NOAH AWANA
Ils ont dit…
Marafa Hamidou Yaya: «Je suis déçu mais pas vaincu»
Alors que la parole lui est donnée pour une dernière déclaration en guise de défense après que le tribunal l’ait reconnu coupable et peu avant le verdict final, l’ex Sgpr a dit ne pas vouloir « commenter une décision de justice, mais, a-t-il poursuivi, je dis que je suis déçu par cette décision. Je suis déçu, mais je ne suis pas vaincu »
Yves Michel Fotso: «Je porte ma croix»
Prenant la parole dans les mêmes circonstances avant son co-accusé, Marafa Hamidou Yaya, l’ex administrateur directeur général de la Camair a dit prendre acte du délibéré des juges qui le reconnaissent coupable de détournement de la somme de 29 millions de dollars Us débloqués pour l’achat à Boeing d’un avion présidentiel neuf. Cependant, il a noté que le résumé du procès fait par les juges n’était pas à l’image des débats. Mais « je sais que l’histoire retiendra. Je porte ma croix», déclare-t-il.
Gilbert Schilck: «Marafa et Fotso étaient amis depuis 1993»
Au moment de motiver la décision des juges reconnaissant les accusés coupables, le président de la collégialité a expliqué que le Sgpr qui était ami, depuis longtemps de l’ex-Adg de Camair était forcément au courant des manœuvres peu orthodoxes de ce dernier. Et donc était au moins au courant du projet de détournement des 29 millions de dollars à travers Gia et au plus, en était le commanditaire. « Amis depuis 1993, Marafa et Fotso ont donc été complices», a ainsi tranché le juge.
Ni John Fru Ndi: «Une justice à double vitesse»
Le système judiciaire au Cameroun me surprend dans ce sens que Marafa est condamné à 25 ans d’emprisonnement pour environ une vingtaine de milliards Fcfa alors que Forjindam accusé d’avoir détourné environ 216 millions en co-action, avait été condamné à vie. Je ne sais pas si nous utilisons la même Constitution, la même Loi ou bien les magistrats regardent la face de quelqu’un avant de le sanctionner. Marafa est condamné pas parce qu’il est coupable mais parce qu’un individu veut lui démontrer son pouvoir. Tous ceux qui ont lu les lettres de Marafa se sont rendus compte qu’il avait des visées politiques. C’est pourquoi M. Biya le condamne aujourd’hui comme il l’a fait par le passé avec Edzoa Titus.
Rassemblés par R. N. T. & Donat SUFFO