Attitude: Un Camerounais écrit a sa Sainteté le Pape Benoit XVI

DOUALA - 08 OCT. 2012
© Thomas Tchatchoua (Corresp.) | La Nouvelle Expression

"Mgr. Tonye Bakot, grand prêtre de l’Église catholique romaine, représentant personnel de Votre Sainteté dans la capitale camerounaise, vient de me donner le coup de grâce en déclarant courant juin 2012, dans une correspondance adressée au doyen de la Faculté de Sciences Sociales et de Gestion de l’UCAC, que si mon fils réussit à l’école, c’est parce qu’il triche."

Attitude: Un Camerounais écrit a sa Sainteté le Pape Benoit XVI


Très Saint Père,

Je me nomme Tchatchoua, de nationalité camerounaise. Toutes ces chuintantes dont mon nom est farci montrent bien d’où je suis au Cameroun.

Et vous pouvez comprendre que je suis un condamné. Quoi que je fasse dans ce pays où il a plu au Ciel de me donner le jour, je suis suspecté et combattu. Si mon commerce prospère, c’est parce que je ne paie pas mes impôts ou alors, parce que je ne mets pas les intérêts de l’État devant les miens propres. Si mon champ est fécond et nourrit le pays, c’est que j’aurais un mauvais gris-gris. Si je suis à tous les fronts du combat pour le développement de mon pays, c’est parce que je veux tout pour moi, rien pour les autres. Mais, très Saint Père, ce n’est pas pour tout cela que je vous adresse cette plainte. C’est Mgr Tonyè Bakot que je traine devant votre très sainte juridiction pour dénonciation calomnieuse et trahison de son apostolat.


Voici les faits

Mgr. Tonye Bakot, grand prêtre de l’Église catholique romaine, représentant personnel de Votre Sainteté dans la capitale camerounaise, vient de me donner le coup de grâce en déclarant courant juin 2012, dans une correspondance adressée au doyen de la Faculté de Sciences Sociales et de Gestion de l’UCAC, que si mon fils réussit à l’école, c’est parce qu’il triche. En complicité avec ses examinateurs à tous les niveaux, il marquerait ses copies d’examen de signe qui permette de les repérer et de le proclamer admis alors qu’il a échoué. Voilà pourquoi, voilà comment, je suis condamné, de génération en génération. Je gêne tout le monde. Sur ma route, il n’y a que des entraves. Je ne compte sur rien, même pas sur mon travail qui peut m’échapper à tout moment et je vis de rebuts dans toutes les administrations.


Mgr. Tonyè Bakot: un récidiviste ?

Par sa sortie de juin 2012, l’illustre homme de Dieu rejoint, 16 ans plus tard, les prêtres autochtones de l’archidiocèse de Douala dans un mémorandum qui m’avait condamné. Il serait même un récidiviste, ayant probablement pris part, directement ou indirectement, à la rédaction du fameux mémorandum dans lequel les saints hommes affirmaient que si je gouverne le Cameroun, c’en serait fait du Cameroun et des autres Camerounais ! Quel serait donc mon statut dans ce pays mien ? Je veux que Mgr. me le dise !


De la révolte à la résignation

Excédé par l’impunité, ayant crié en vain contre l’intrusion du tribalisme dans le plus réservé des milieux qui lui était interdit, en principe, j’avais retrouvé ma place au fond de la nef où mon cri me revenait comme un écho de plus en plus lointain d’année en année.


Mgr. Tonyè Bakot: un silence injurieux et tactique

Jusqu’à ce que, 16 ans plus tard, tout un archevêque relance le débat ! Duquel, au demeurant, il s’est soustrait depuis lors, voici bientôt 4 mois, et se terre dans son presbytère, injurieux et rusé, avec l’espoir qu’une fois encore, le temps fera ses effets, et que je retournerai à l’Église comme en 1996. Bien sûr, je ne dois pas confondre, et je ne confonds pas, l’Église catholique avec quelque prêtre que ce soit, fût-il un archevêque. Mais il faudrait, pour cela, qu’on procède publiquement à la séparation de la bonne graine de l’ivraie.


Je demande justice

Aussi, Très Saint Père, je demande justice. Depuis le porche de mon Église où je me tiens désormais, j’en appelle à votre très auguste justice en plaidant non coupable. J’accuse en retour et j’exige que mon diffamateur soit sommé d’apporter les preuves à ses allégations et qu’il soit puni, le cas échéant, de la meilleure des façons qui sied à un homme qui a trahi son engagement à servir l’Eternel en toute impartialité. Mon fils est-il un tricheur à ce point comme il le soutient très dévotement ? S’il est innocent ainsi que je le déclare, s’il passe ses examens sur la base de son seul mérite, qu’il plaise à votre Sainteté de déclarer Mgr. Tonyè Bakot coupable de diffamation et de trahison de son serment par tribalisme et qu’il soit renvoyé à la repentance.

En ce qui concerne le dernier des chrétiens catholiques que j’ose prétendre être, Très Saint Père, j’affirme que Mgr. Tonyè Bakot s’est brûlé les ailes, qu’il a prononcé sa propre déchéance par ses écrits d’inspiration satanique et ne mérite plus, en conséquence, d’être mon pasteur.

Je vous remercie, Très Saint Père, pour le saint verdict qu’il vous plaira de rendre dans cette affaire, non pas dans l’intérêt du pauvre petit individu que je suis, mais pour le développement et le salut du Cameroun tout entier.
Je m’incline devant Votre Sainteté et vous prie de croire, Très Saint Père, à l’assurance de mon très profond respect.

Thomas Tchatchoua, chrétien catholique,
Écrivain camerounais demeurant à Bangangté.



09/10/2012
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