Dans bien des bistrots, il vaut mieux retenir sa respiration en se soulageant.
Le car-podium d’une société brassicole fait son bruit ce dimanche après-midi au carrefour Omnisports à Bepanda, Douala, dopant l’activité des bars voisins. Les clients consomment plus, la vessie se remplit plus vite, et la suite est connue : il faut aller au petit coin. Une hôtesse vêtue en rouge et noir indique le couloir derrière elle, mais refuse de se porter garante de quoi que ce soit quand le reporter lui demande si ces toilettes sont commodes… Comme on la comprend !
Ce tableau, peu reluisant, convenons-en, se retrouve dans de nombreux bars et autres bistrots de nos villes. En tout cas, Douala en donne des exemples navrants. Illustration au carrefour Bessengue, dans un bar choisi au hasard. Un modeste estaminet bas de plafond, dont le tenancier, d’un geste de la main, nous indique les toilettes. Une espèce de cube étroit au sol crasseux, ayant pour plafond une feuille de tôle percée de deux ouvertures. Faut-il encore parler de l’odeur ? Il y a un trou dans le sol, mais pas d’eau. Une vieille inscription à la craie sur le mur annonce « En panne ». Mais quoi donc ?
Dans un autre bar, sur la voie menant au carrefour Coaf, le reporter tombe enfin sur de l’eau. Plus précisément un bidon aux trois-quarts plein, un seau et un gobelet. Le décor est complété par un bidet. Véritable luxe, s’il faut le comparer à ce bar d’Akwa-nord dont les clients se soulagent dans la nature environnante, vu qu’il n’offre pas de commodités. C’est ainsi que l’insalubrité migre du troquet au bosquet. Non sans conséquences. Une anecdote à New Bell pour l’illustrer : les toilettes du bistrot sont bouchées. La tenancière jure que c’est la faute des clients, qui y jettent « des choses ». Il faut vidanger, mais la patronne est absente. En attendant, un buveur va faire miction dehors. Sauf qu’il arrose la roue d’une voiture, chose que la propriétaire de l’auto n’apprécie pas du tout. Elle lui tombe dessus, ivre de colère.