Atermoiement: Biya peut-il ouvrir le procès Marafa et Cie

DOUALA - 20 JUIN 2012
© Joseph OLINGA | Le Messager

Plus d'une dizaine de ses ex-collaborateurs sont incarcérés dans le cadre des affaires liées à l'achat de l'Albatros et (ou) à la gestion de la défunte compagnie aérienne Camair. Les multiples révélations sur le crash d'un Boeing de la Camair et l'indemnisation des familles des victimes, initiées par l'ancien secrétaire général de la présidence de la République, évoque la responsabilité du chef de l'Etat, lui-même, et indexe près d'une vingtaine de ses collaborateurs. Dont des hommes de confiance du président.

Plus d'une dizaine de ses ex-collaborateurs sont incarcérés dans le cadre des affaires liées à l'achat de l'Albatros et (ou) à la gestion de la défunte compagnie aérienne Camair. Les multiples révélations sur le crash d'un Boeing de la Camair et l'indemnisation des familles des victimes, initiées par l'ancien secrétaire général de la présidence de la République, évoque la responsabilité du chef de l'Etat, lui-même, et indexe près d'une vingtaine de ses collaborateurs. Dont des hommes de confiance du président.

«La justice est indépendante. On la laisse agir et les résultats qui en sortiront nous les accepterons.» Ainsi s'est exprimé le chef de l'Etat, Paul Biya, interrogé au terme de la cérémonie de pose de la première pierre du barrage hydroélectrique de Memve'ele. Une posture du chef des institutions, commentent des sources acquises au locataire d'Etoudi. Mais aussi, pour de nombreux observateurs, une feinte d'homme politique au moment où des dénonciations émanant de l'un de ses ex-plus proches collaborateurs font des vagues au sein de l'opinion. A la vérité, c'est aussi le président du conseil de la magistrature suprême qui semble se départir des initiatives et du fonctionnement de l'institution dont il détient les rênes. Des raisons pour des observateurs, de plus en plus nombreux, de s'interroger sur la volonté et la capacité réelle de Paul Biya à ouvrir le procès de cet ex-collaborateur qui menace d'entraîner dans sa chute tous ses compagnons et complices (?) d'hier. Paul Biya peut-il, au regard des implications supposées ou réelles de ses plus proches collaborateurs et même de lui-même, comme le laisse entendre son ancien collaborateur, ouvrir le procès Marafa?

Dans cette perspective, trois options semblent possibles. A priori, les évocations faites dans un premier temps par l'ancien secrétaire général de la présidence de la République, Marafa Hamidou Yaya puis de Pierre Mila Assouté, autre acteur et de l'expert commis par la Camair dans ces affaires qui apparaissent comme l'un des plus grands scandales jamais révélés depuis le lancement de l'opération Epervier, laissent croire que Paul Biya pourrait faire languir cette affaire qui touche à l'essentiel de ses hommes liges. Cette option consisterait alors pour Paul Biya et ses stratèges à émousser l'intérêt (croissant) de l'opinion sur les multiples dénonciations dont de nombreux gestionnaires et hauts cadres de l'administration font l'objet. Cette stratégie aurait aussi pour objectif de fragiliser l'ancien secrétaire général de la présidence de la République apparemment décidé à en découdre avec un système dont il semble maîtriser les méandres. A défaut d'avoir conforté ses fondements.


Justice libre?

D'autre part, le président de la République et président du Conseil supérieur de la magistrature suprême pourrait user de son entregent pour, une fois le procès ouvert, emmener les juges du parquet à circonscrire le débat à une minorité de présumés. Il s'agirait alors pour Paul Biya de couvrir certains de ses proches collaborateurs cités tout au long des dénonciations faites depuis la première lettre ouverte que lui a adressée son ex-collaborateur et camarade de parti. Cette option permettrait au chef de l'Etat de conserver son arrière garde tout en démontrant à l'opinion le caractère libre de la Justice camerounaise. Une option qui présente néanmoins le risque de voir se constituer des organisations pas toujours acquises à la stratégie «Biyaiste» en partie civile.

Par extraordinaire, le chef de l'Etat, indexé par son ex-collaborateur pourrait consentir à l'ouverture d'un procès «libre». Couvert par l'immunité que lui confère l'article 53 de la Constitution, Paul Biya pourrait lâcher une bonne vingtaine de ses collaborateurs. Il s'agirait alors de se faire quasiment hara-kiri dans la perspective de se constituer un nouveau cercle de lieutenants. Le faire pour le garant des Institutions, serait de mettre en relief «l'indépendance» de la justice camerounaise. Cette démarche donnerait aussi l'opportunité à Paul Biya et aux rescapés (?) de son dernier carré d'arguer le cas échéant de la litispendance. Mais Paul Biya peut-il se résoudre à se séparer (fusse le temps d'un procès) de certains de ses hommes de confiance? Des hommes parmi lesquels son conseiller juridique, secrétaire général du conseil de la magistrature suprême ou encore du secrétaire général des services du Premier ministre auquel des sources attribuent une filiation avec le chef de l'Etat, entre autres. Question pour le promoteur des «Grandes réalisations» de confirmer aux yeux de l'opinion que personne n'est au dessus de la loi, peu importe son rang ou sa chapelle politique? Wait and see!




20/06/2012
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