Assemblée nationale: Cavaye réchauffe sa querelle avec Jean Kuété
Assemblée nationale: Cavaye réchauffe sa querelle avec Jean Kuété
Le président de l’Assemblée nationale (Pan) est allé chercher dans une déclaration de campagne de Paul Biya faite là où tout avait commencé : Maroua. En citant le président-candidat au cours de cette adresse du 4 octobre dans la capitale régionale de l’Etrême-Nord, Cavaye Yéguié Djibril a notamment souligné le volet du développement de l’agriculture dont le président de la République avait réaffirmé à Maroua n’avoir « jamais cessé de répéter au sens large du terme être la véritable richesse du pays ».
Mieux, le Pan a rappelé que puisqu’au « sortir du comice d’Ebolowa, le chef de l’Etat avait prescrit un délai de six mois pour la mise en place de la nouvelle politique agricole, la session [qui s’est ouverte hier, 1er octobre 2011, ndlr] devrait permettre de dresser le premier bilan des actions menées et de se projeter sur l’avenir ». Une interpellation qui résonne ,comme la recherche d’une onction du président de la République suivant la démarche qui est la sienne depuis la dernière session, laquelle consiste à relever les difficultés de la politique agropastorale du Cameroun.
Si le Pan est allé chercher un discours prononcé à Maroua, c’est peut-être parce que c’est à Maroua le 16 juin 2011 que le vice-Premier ministre, ministre de l’Agriculture et du Développement rural était allé le « désavouer » publiquement après sa première sortie au sujet des contre performances de l’agriculture. En effet, au cours du lancement de la campagne agricole, répondant quelque peu au Pan qui, sept jours avant, avait dénoncé la gestion à l’emporte-pièce de la Sodecoton et partant du secteur agricole, Jean Nkuété disait « ne pas être d’accord avec les déclarations faites par le très honorable président de l’Assemblée nationale ». La pilule avait été très amère à avaler chez les parlementaires qui étaient allés jusqu’à menacer de bouder le gouvernement, obligeant ainsi Jean Nkuété à se confondre en excuses « pour des raisons de cohésion dans le fonctionnement des institutions ».
Alors qu’on croyait ce mauvais vent passé, le Pan a remis la question de la gestion de secteur agropastoral au goût du jour. Et s’est trouvé, cette fois, un allié de poids : Paul Biya. Puisque dans ses derniers discours le président de la République a placé l’agriculture comme axe majeur de sa politique de « grandes réalisations ». Revenant hier à la charge, revêtu de ses atours de patron du parlement, Cavaye Yéguié Djibril a demandé à qui de droit où sont passées la nouvelle banque adaptée pour appuyer le secteur agricole, la politique de redéploiement de l’industrie chimique en faveur de l’agro-industrie ; celle de la promotion d’un enseignement agricole ou encore la mise en place d’incitations spéciales adaptées aux secteurs. Tous balisés par le chef de l’Etat mais pas encore implémentés par le ministère en charge de l’agriculture.
Un peu comme pour indiquer qu’il avait raison d’épingler la gestion du secteur agricole, nonobstant le désaveu du ministre compétent. Le Pan a en tout cas promis qu’au cours de l’examen du budget « la chambre s’attellera à contrôler que la politique agricole est bien suivie, de même que l’exécution du budget d’investissement public sera correctement assurée en 2012. Ce, en usant de ses prérogatives ». Approché par les journalistes après la cérémonie d’ouverture de cette session de novembre 2011, Jean Nkuété a assuré que tous les projets énoncés par le Pan intègrent le projet de budget qui sera soumis au parlement. Chaud devant !
Rodrigue N. TONGUE