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Les 20 députés membres de la commission des finances et du budget ont vu débarquer le «père noël» mardi dernier. En effet, avant la défense de son enveloppe budgétaire, le ministre des Finances, Alamine Ousmane Mey, a remis des tablettes IPAD (des ordinateurs portables de dernière génération) et des appareils-photos à Cavaye Yéguié Djibril, le président de l'Assemblée et à Rosette Ayayi, la présidente de cette Commission.

Devant les objectifs des caméras de la Crtv et les Flashes des photographes, c'est avec de larges sourires que les deux personnalités sont rentrées en possession de ce matériel destiné aux membres de la commission des finances et du budget. Les appareils numériques précisément, apprend-on, contiennent l'ensemble des documents relatifs au projet de loi de finances de l'exercice 2013, en examen à l'Assemblée nationale.

Après la cérémonie de circonstance, le ministre des Finances a défendu son enveloppe devant les membres de cette commission. Un scénario «inimaginable sous d'autres cieux», indique un député de la majorité, ayant requis l'anonymat. Ce dernier se demande d'ailleurs dans quel état d'esprit des députés censés questionner le budget d'un ministère peuvent travailler après avoir reçu des dons d'un membre du gouvernement qu'ils ont en face les minutes d'après. «Un geste de corruption» donc, à l'en croire.

Président du groupe parlementaire Sdf, Joseph Banadzem ne cache pas son gène devant le don du ministre des Finances. «Ces I-PAD devaient être remis à tous les députés. Dans le budget de l'Assemblée nationale, une ligne pour l'acquisition de ces ordinateurs doit être prévue. Il n'appartient pas à un ministre, qui plus est, avant son passage devant une commission, de faire un tel don à des membres de la commission des finances. Tout au plus, le ministre aurait fait ce geste au bénéfice des groupes parlementaires qui prennent généralement le temps de mieux analyser, en synergie, le budget de l'État. Pour moi, le don du ministre des Finances me semble donc suspect et injuste. Comment peut-on offrir des I-PAD à 20 députés alors que l'Assemblée nationale en compte 180?», s'interroge-t-il.

Contactée hier, une source interne au ministère des Finances s'est employée à repréciser le sens du don d'Alamine Ousmane Mey. «Le ministre souhaite, à travers cela que les députés membres de la commission des finances ne trimbalent plus par devers eux une pile de documents volumineux, alors qu'avec les bienfaits des technologies de l'information et de la communication (Tic), on peut procéder autrement. Cela allège et modernise le travail des parlementaires. Féru des Tic, le ministre a fait ce don, au nom du gouvernement, pour montrer l'exemple. Maintenant, il est toujours possible que cette mesure inédite s'étende aux autres élus de la nation ». Cela dit, l'action posée par Alamine Ousmane Mey ne créé pas moins l’évènement dans les annales parlementaires.

source: mutations