Artifices de fin de règne

Et même si on peut imaginer qu’on pourrait contenir l’ambition successorale de certains des aspirants à ce poste, il n’en demeure pas moins vrai qu’un risque subsiste néanmoins, celui pour le président du Sénat de se muer en véritable faiseur de président, à défaut de proroger insidieusement la période de transition en alimentant quelque dilatoire, question de peaufiner sa propre prise de pouvoir. En fait, la présidence à vie qu’a réussie à instaurer le chef de l’Etat au travers des artifices constitutionnels, n’offre que cette alternative au plan politique, quitte à y voir un recul certain au plan démocratique. Recul qui dès lors exacerbe aussi bien les frustrations que les ambitions des uns et des autres, au point que l’attente est désormais non plus relative a quelque élection, mais bien plus à la désignation de fait d’un dauphin ou de ce qui en tiendrait lieu, dans un environnement démocratique vicié à l’essence. Comme pour le confirmer, on aura à dessein confiné l’élection des sénateurs aux seuls conseillers municipaux alors que la loi y afférente n’envisage une telle option qu’en cas de situation expresse. Avec autant d’artifices pour renforcer son pouvoir, le Chef de l’Etat sait par ailleurs envisager sa succession avec plus de sérénité, en alimentant entre-temps des batailles de positionnement fratricides au terme desquelles il lui sera plus aisé de passer le témoin à quelque dauphin de fait. Mais avant, il lui faudra trouver le sauf-conduit idoine afin de maquiller au mieux, cette entorse démocratique, même s’il déclarait en juin 2004 qu’il faudra atteindre 20 ans pour le voir mettre un terme à son règne avec … sa mort. Un peu comme pour dire aux uns et aux autres qu’il tient comme à de la prunelle aux yeux à son pouvoir.
Bien évidemment, le gros des aspirants semble avoir oublié cette réalité, du moins ceux qui croyaient trouver en la présidence du sénat le tremplin idoine pour accéder à la magistrature suprême. Et mettant côte à côte tous ces ingrédients, on comprend que notre pays vive une situation de bombe à retardement. Mais comme par ailleurs on a littéralement de la peine à désamorcer ladite bombe, il ne fait point de doute qu’on va au-devant d’une crise majeure mêlant récriminations politiques et économiques, non sans que cela serve d’alibi aux adeptes du réflexe identitaire pour désigner des boucs-émissaires. Pourtant analyse faite, il s’agit simplement d’artifices savants d’une inéluctable fin de règne, même si tel est loin d’être notre souhait. Car, il reste constant qu’il sera difficile de s’extirper de la situation générée par la longue confiscation du pouvoir, même si par ailleurs la culture de paix aura jusqu’ici tempéré les ardeurs vindicatives des uns et des autres et partant, leurs velléités de rétorsion. Aussi urge-t-il pour les tenants du pouvoir, de développer des approches républicaines conséquentes pour se prémunir d’une aussi grave éventualité qui, comme nous le disions plus haut, est porteuse d’implosion latente. Bien évidemment, les tenants du pouvoir ne sauraient être les seuls interpellés pour préserver la paix. Et dans cette optique, peut-être faudra-t-il repenser aussi bien notre système démocratique que les autres aspects inhérents à l’élaboration de notre calendrier électoral. Car, autant on pourrait se féliciter d’un arrimage démocratique moins enclin aux contestations électorales, autant il urge également d’expurger notre code électoral de brèches alimentant des velléités conflictogènes. Tel est le prix à payer pour tempérer les ardeurs et déterminations de ceux qui croient fonder l’alternance dans la violence.
… si on peut imaginer qu’on pourrait contenir l’ambition successorale de certains des aspirants à ce poste, il n’en demeure pas moins vrai qu’un risque subsiste néanmoins, celui pour le président du Sénat de se muer en véritable faiseur de président, à défaut de proroger insidieusement la période de transition en alimentant quelque dilatoire, question de peaufiner sa propre prise de pouvoir. En fait, la présidence à vie qu’a réussie à instaurer le chef de l’Etat au travers des artifices constitutionnels, n’offre que cette alternative au plan politique, quitte à y voir un recul certain au plan démocratique. Recul qui dès lors exacerbe aussi bien les frustrations que les ambitions des uns et des autres, au point que l’attente est désormais non plus relative a quelque élection, mais bien plus à la désignation de fait d’un dauphin ou de ce qui en tiendrait lieu, dans un environnement démocratique vicié à l’essence.