Deux ans à peine après sa nomination, le secrétaire général de la présidence fait à peu près l’unanimité contre lui. En cause sa boulimie et ses abus de pouvoir.
Le secrétaire général de la présidence n’est pas Laurent Esso ou encore René Emmanuel Sadi qui battent des records de longévité au gouvernement et la haute administration. Il n’envisage pas non plus d’être Talleyrand, ce haut commis de l’Etat français qui réussit naguère l’exploit de servir plusieurs régimes. Ferdinand Ngoh Ngoh n’en a cure. Depuis sa nomination au gouvernement le 9 décembre 2011, il fait feu de tout bois pressé qu’il est d’occuper tout le pouvoir.
En quelques semaines seulement, il a réussi l’exploit de placer quatre de ses proches dont Joseph Ngoh à l’Armp, Antoine Félix Samba à la tête de la direction générale du Budget, Toussaint Linus Mendjana à l’Enam et Frédéric Biya Motto comme directeur général du projet Hydro Mekin, jusqu’à lors coordonnateur de ce projet. Une boulimie qui fait enrager le clan Bulu qui voit l’oreille de Paul Biya lui échapper au profit de Chantal Biya, véritable mentor de Ferdinand Ngoh Ngoh.
Sérail en rogne
Déjà, à peine nommé à la présidence, sa collaboration avec Martin Belinga Eboutou, qui avait dû en faire son protégé devant son adoubement par Chantal Biya, avait failli prendre de l’eau. Seule une campagne médiatique cornaquée par Belinga Eboutou et la volonté de ce dernier de ne pas en rajouter avait permis de calmer la situation.
Désormais, c’est aussi Edgar Alain Mebe Ngo’o, ministre de la Défense qui voue Ferdinand Ngoh Ngoh aux gémonies. Aussi n’a-t-il pas daigné donner suite à sa requête demandant de retirer la garde à une haute personnalité de la République avec laquelle il est en conflit de voisinage. En effet, pour avoir acheté du terrain dans une banlieue de Yaoundé, le secrétaire général de la présidence entend interdire la réalisation d’un projet économique de grande envergure dans cette zone.
Après avoir intimidé les chefs de village, il s’en est pris également au ministre des Mines pour qu’il ordonne l’arrêt des travaux alors même que toutes les autorisations préalables avaient déjà été accordées pour ce projet.
En réaction, les chefs de villages en question ont saisi le président de la République de même que l’initiateur du projet. Voyant qu’une enquête a été prescrite par Paul Biya sur cette affaire, Ferdinand Ngoh Ngoh s’est rabattu sur le délégué général à la Sûreté nationale, Martin Mbarga Nguelé, dont les éléments ont multiplié les intimidations sans faire en démordre les chefs de village qui campent toujours sur leur position, à savoir dénoncer les abus du secrétaire général de la présidence.
Une affaire similaire à une autre dans laquelle Ferdinand Ngoh Ngoh n’a pas hésité à confisquer la marchandise d’un de ses associés en affaires et dont l’Œil du Sahel s’est fait l’écho. Le journal raconte qu’il a prêté13.197.931 Fcfa en 2007à Aoudou Djibring, opérateur économique et par ailleurs président de la sous-section Rdpc à New York où il est basé. Celui-ci expédie un container de marchandises de New York pour Douala, lequel contient quatre véhicules notamment une Mercedes Benz, une Land Rover, un pickup Mazda et un pickup Toyota. Ferdinand Ngoh Ngoh qui devait rentrer en possession de son argent après la vente des marchandises les a confisquées aussitôt après le dédouanement, bien qu’elles soient estimées à 17 millions de Fcfa au total. Depuis 2009, la justice a ordonné la restitution des marchandises au propriétaire mais rien n’y fait d’autant que depuis Ferdinand Ngoh Ngoh a pris du galon.
Gare à Paul Biya
Pour l’heure, Paul Biya laisse faire Ferdinand Ngoh Ngoh au point que d’aucuns lui trouve d’extraordinaires qualités. Ainsi, le 4 juillet dernier, le quotidien Mutations y allait de son Te deum sous la plume de Georges Alain Boyomo, rédacteur-en-chef adjoint et chef de la rubrique politique. Dans son article intitulé « Sérail : Le cas Ferdinand Ngoh Ngoh », le journaliste lui tresse des lauriers. On y apprend que « depuis qu’il a été nommé secrétaire général de la présidence de la République, le 9 décembre 2011, celui qui à l’époque était secrétaire général du ministère des Relations extérieures, qui était présenté comme une «surprise» à ce poste névralgique, imprime sa marque progressivement et affiche son style, aux côtés de Paul Biya, le «sphinx». Un style qui constitue aujourd’hui un marqueur de sa personnalité et du niveau de confiance dont il bénéficie auprès du président de la République ». Le natif de Minta, département de la Haute Sanaga, semble désormais, ainsi que l’explique le politologue Mathias Eric Owona Nguini, «se situer à la hauteur de la carrure de la fonction qu’il exerce».
C’est peu dire que des goûts et des couleurs on ne discute guère. Mais ici, il s’agit surtout des faits qui accablent de plus en plus le Sg/Pr et qui obligeront Paul Biya à sévir comme il l’a déjà fait avec les semblables de Ferdinand Ngoh Ngoh.