Le Messager
Depuis deux mois, la police judicaire a réduit considérablement l’émission de la principale pièce d’identité camerounaise. Ses partenaires privés chargés de la production ploieraient sous le coup de factures impayées.
Est-ce un symbole? Le point d’identification de la direction de la police judiciaire (Pj) à Elig-Essono à Yaoundé est fermé aux usagers depuis quelques mois. Désormais, les Camerounais désirant se faire établir une carte nationale d’identité (Cni) devront se diriger vers les commissariats de sécurité publique ou autre point agréé. Seulement, de nombreuses sources internes estiment que la période de fermeture de ce point d’identification très fréquenté correspond avec celle du début de la rareté des Cni dans les commissariats. Mais à la Pj, on dédramatise cet état de chose. La justifiant notamment par la volonté de désengorger les lieux puisque désormais la ville compte une quinzaine de commissariats de sécurité publique pouvant allégrement procéder aux identifications.
N’empêche ! Dans ces points d’identification là, les usagers se font dire qu’il faut « repasser » pour échanger le récépissé délivré le jour de la déclaration d’identité contre une Cni définitive. Seulement, de nombreuses personnes dont les récépissés ont expiré depuis deux mois s’étant rendues au commissariat de 9e au quartier Bastos ou au point d’identification logé à la direction de la police des frontières, n’ont pas pu rentrer en possession de leur pièce. La cause ? « Les cartes ne sortent plus. Repassez plus tard », affirment les agents en poste.
Du coup, un réseau parallèle s’est installé pour permettre à ceux qui peuvent délier les cordons de leur bourse de manière supplémentaire de se faire établir et dans les meilleurs délais une Cni en allant directement à la Sacel, structure privée chargée de produire les Cni informatisées. C’est le même réseau qui « facilite » contre des sommes mirobolantes, l’établissement des Cni à des personnes classées D I (enregistrées sous deux identités) dans cette structure privée dont les responsables rencontrés sur place par Le Messager nient cette version des faits. Accusant plutôt les commissariats de faire du chantage au public. Au centre de production système Senac de la Pj qui contrôle et sécurise la nationalité camerounaise, les officiels contactés ont quasiment la même posture. « Les Cni sont délivrées à temps et mis à la disposition des commissariats », assure un responsable.
Mais deux sources internes à la maison croient savoir que le secret est savamment entretenu sur la pénurie de production des Cni. « En effet, la production des cartes a ralenti. Ce, du fait de la colère de certains fournisseurs dont les factures n’ont pas été réglées depuis l’opération d’établissement des Cni gratuites précédant l’élection présidentielle du 9 octobre 2011 », affirme en outre l’un des deux officiers de police en poste à la Pj. Lequel a souhaité garder l’anonymat jusqu’à la publication d’un communiqué de sa hiérarchie.
Rodrigue N. TONGUE