Mardi, 26 Octobre 2010 23:59
Le Cameroun, classé parmi les pays perçus comme très corrompus dans le dernier rapport de Transparency International publié mardi, doit créer une "autorité indépendante" pour lutter efficacement contre la corruption, a estimé à Yaoundé le vice-président de cette ONG.
"Tant que le Cameroun n'a pas mis sur pied une stratégie de lutte contre la corruption, il ne peut pas s'en sortir. Une autorité indépendante (de lutte contre la corruption) du point de vue politique et matériel doit être mise en place", a affirmé à l'AFP Me Akere Muna au terme d'une conférence sur la publication du rapport 2010 de TI sur l'indice de perception de la corruption dans le monde.
Selon ce rapport présenté à Berlin où est basée l'ONG, le Cameroun figure en bas de tableau des pays perçus comme très corrompus: il occupe avec sept autres pays le 146e rang sur 178 pays classés, avec une note de 2,2 sur 10.En 2006, le président camerounais Paul Biya a créé la Commission nationale anti-corruption (Conac) pour prévenir et lutter contre la corruption mais, a souligné Me Muna, "la Conac n'est pas un organisme indépendant".
"L'indépendance repose notamment sur le mode de désignation des membres de l'organe de lutte contre la corruption, la qualité des personnes choisies et l'autonomie financière de l'organe", a-t-il dit.La Conac est placée sous l'autorité du président Paul Biya qui en nomme les membres. L'organe est tenu de lui adresser ses rapports d'enquête sur les actes de corruption et il reçoit des subventions gouvernementales pour mener ses activités.
Pour Me Muna, la lutte contre la corruption passe aussi par le respect d'une disposition de la Constitution imposant la déclaration des biens des dirigeants. Intégrée dans la Constitution en 1996, cette disposition n'a jamais été appliquée, 14 ans après. Un texte présidentiel devant en déterminer les modalités de mise en application reste toujours attendu.Pressé par les bailleurs de fonds internationaux, le Cameroun a lancé en 2004 une opération de lutte contre la corruption "Epervier" dans le cadre de laquelle plusieurs personnalités ont déjà été arrêtées et condamnées, pour certaines à de lourdes peines d'emprisonnement.