Quelques jours avant l'arrestation, Abdoulaye Math avait publié un communiqué de presse qui accusait le procureur, M. Mamadou Hismaïla, certains de ces substituts ainsi que certains officiers de la police judiciaire, de dépasser les limites de leur autorité avec impunité. Le MDDHL a ensuite organisé des rassemblements durant lesquels le contenu du communiqué aurait été lu publiquement. Selon le MDDHL, les autorités locales auraient été dûment notifiées des rassemblements programmés par l'organisation.
Au cours de l'un de ces rassemblements, le 30 mars 2012 aux alentours de 10 heures, au lieu dit « Carrefour Djarma », les autorités locales ont envoyé la police afin de l'interrompre. Selon des membres du MDDHL qui ont été témoins des événements, la police aurait utilisé la force afin d'interrompre l'événement et aurait ensuite arrêté Abdoulaye Math et 14 de ses collaborateurs. Certains membres auraient été tabassés et blessés. Ils ont tous été emmenés au commissariat de police où ils ont été interrogés longuement. Ils ont ensuite été emprisonnés dans une petite cellule pendant plusieurs heures, avant d’être relâchés le même jour, vers 18 heures.
Le 2 avril 2012, le MDDHL a déposé une plainte au sujet de l'arrestation et du mauvais traitement auprès du Délégué Régional à la Sûreté Nationale de l’Extrême Nord.
Aucune explication officielle de l'intervention de la police n'a été fournie. Toutefois, des agents de police auraient informé les membres du MDDHL arrêtés que le rassemblement était illégal, alors que l'organisation avait satisfait à toutes les conditions prévues par la loi et avait informé les autorités à l'avance, sans recevoir aucune notification d'une quelconque interdiction.
Depuis 2004, Front Line Defenders a demandé au Gouvernement du Cameroun d'assurer la protection des défenseurs des droits humains dans la région de l’Extrême Nord afin de prévenir les épisodes de harcèlement a leur encontre. L'arrestation et le mauvais traitement de Abdoulaye Math et de 14 membres de MDDHL démontrent que le besoin de protection est toujours présent.
Front Line Defenders demande instamment aux autorités au Cameroun de:
- Mener immédiatement une enquête exhaustive, indépendante et impartiale sur l'arrestation et le mauvais traitement qu'Abdoulaye Math et les membres du MDDHL auraient subis, ainsi que sur l'interruption du rassemblement pacifique organisé par le MDDHL, d'en publier les résultats et de traduire les responsables en justice selon les standards internationaux;
- Prendre toutes les mesures nécessaires afin d'assurer une assistance médicale adéquate aux membres du MDDHL qui ont été blessés au cours de leur arrestation et détention;
- Veiller à ce que tous les défenseurs des droits humains au Cameroun, exerçant leurs activités légitimes de défense des droits humains, soient en mesure d'opérer sans restrictions ni représailles.
© Correspondance : MOWHA Franklin