Arrestation arbitraire : Cinq défenseurs des droits de l’homme mis aux arrêts


Cameroun,Cameroon - Arrestation arbitraire : Cinq défenseurs des droits de l’homme mis aux arrêtsIls sont gardés au Commissariat du deuxième arrondissement à Mokolo depuis le 15 juillet 2014.

LES NOMMÉS Mmes Ngono Obia Epse Bella Lucresse, et Mfegue Marie Thérèse, MM Yimga Moussa, Aly Sako Ngadue, et Elouna Théodore, sont gardés à vue au Commissariat du deuxième arrondissement à Mokolo. De l’avis du Réseau associatif de défense des droits de l’homme, les membres de l’Association Nationale des opérateurs du Secteur Informel pour la Lutte Contre la Pauvreté au Cameroun (Anosilp)sont victimes depuis des années de nombreuses violations de leurs droits y compris la torture physique, la destruction et confiscation de leurs marchandises, les arrestations et détentions arbitraires, menaces à main armée. Raison pour laquelle, le 8 juillet 2014, ils se sont décidés d’adresser une correspondance Préfet du département du Mfoundi. 

Le motif de celle-ci annonçait une  marche pacifique à partir du 15 juillet 2014, du marché Mokolo vers le Palais de l’Unité (Présidence de la République) où les organisateurs devaient remettre au Président de la République leurs doléances. Entre autres abus et violations mentionnés dans ladite correspondance, l’escroquerie par le Programme National d’Encadrement et d’Appui aux Acteurs de Développement (PID/PNEAAD) qui leur était présenté comme un projet de coopération entre la France et le Cameroun. 

Un projet qui a escroqué plus de 4 milliards à plus de 1200 opérateurs. Ensuite, les coupures intempestives d’eau et d’électricité et les surfacturations qui sont incessantes. Plus loin, le manque de financement des projets des opérateurs du secteur informel, la vie chère, le mépris des leaders de l’Anosilp ne sont pas à négliger dans le cadre du respect de leurs droits. Le comble est le manque de site de recasement pour les opérateurs du secteur informel. La restitution des biens marchands pillés par la Communauté Urbaine de Yaoundé n’étant pas du reste. 

Cependant, ces leaders ont été interpelés au Marché Mokolo par les éléments de la police. Ils ont été ainsi conduits au Commissariat du deuxième arrondissement de Mokolo, où ils ont été entendus sur procès verbal et conduits vers 17h au parquet du Tribunal de Première Instance de Yaoundé Centre Administratif. Après cela, ils ont été mis en cellule dudit parquet. Ils seront ensuite conduits vers 19h sans avoir rencontré le Procureur de la République au Commissariat Central N°1 de Yaoundé où ils ont passé la nuit. Le jour d’après, soit le 16 juillet 2014, ils ont été présentés devant le Procureur de la République qui après les avoirs entendus, a ordonné qu’ils comparaissent libres après avoir présenté chacun au moins un garant.

Ce que chacun des leaders a fait. Curieusement, seul Yimga Moussa a pu être libéré dans la soirée du 16 juillet 2014. Les garants présentés par les quatre autres personnes n’ont pas été acceptés par le Parquet au motif que ceux-ci n’étaient pas crédibles. A titre de rappel, dans la nuit du 4 au 5 septembre 2012, Dame Ngono Obia a été arrêtée, gardée à vue au Commissariat du deuxième arrondissement à Mokolo. Celle-ci a déclaré avoir été mise dans la même cellule que les hommes et a été violée pendant la nuit par un de ses codétenus. Ce viol l’a traumatisée et a fragilisé sa santé jusqu’à nos jours. Toutefois, la société civile camerounaise, dans le cadre du Projet « Touche pas à ma liberté de réunions et de manifestations publiques », a mis à la disposition de ces défenseurs des droits de l’homme, un avocat qui les a assistés dès leur présentation devant le Procureur de la République. Le Projet «Touche pas à ma liberté de réunions et de manifestations publiques» bénéficie de l’appui financier du National Endowment for Democracy (NED). Quant on sait que, la loi recommande qu’en cas d’interdiction d’une réunion ou  manifestation publique que, les organisateurs soient notifiés.

La société civile vole au secours des victimes

L’Anosilp n’a jamais été notifiée d’une quelconque interdiction. Les autorités se sont limitées à informer les forces de l’ordre qui sont venues interpeler les manifestants. Cette attitude des autorités démontre une volonté manifeste de leur part de faire taire les défenseurs des droits de l’homme. Au regard de ce qui précède, le Gouvernement doit ainsi cesser tout harcèlement sur les défenseurs des droits de l’homme. Le dialogue doit être privilégié à la répression autant que  le respect des lois nationales et des conventions internationales et régionales en matière des droits de l’homme. 

La prise en compte des dispositions en vue de la libération immédiate et sans condition des défenseurs des droits de l’homme ainsi incarcérés dont la situation s’apparente à une séquestration est indispensable. De l’avis de Hyomeni Paul Guy, coordonateur national, les organisations de la société civile ne doivent pas se laisser intimider par certaines autorités qui veulent museler les défenseurs des droits humains. Dans la mesure où, ils doivent s’appuyer sur la loi nationale et les conventions internationales  et régionales pour promouvoir et protéger les droits de l’homme. Mais surtout, ils doivent rester mobilisés pour assister tout défenseur des  droits de l’homme en difficulté.

© Aurore Plus : Catherine Aimée Biloa


24/07/2014
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