Armes du crime : des poisons à portée de main
Source: Cameroun Tribune 11 novembre 2021
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Dans plusieurs cas enregistrés ces derniers jours, les bourreaux recourent à des substances nocives en libre circulation qu’ils détournent de l’usage premier.
Il y a quelques semaines, le Dr Mogue, médecin légiste à l’hôpital central de Yaoundé, a reçu une famille victime d’un empoisonnement. La mère et ses trois enfants sont décédés. Ces derniers ont été empoisonnés par la sœur de la mère. La jalousie l’aurait poussée à commettre ce crime.
« Elle aurait avoué qu’elle en voulait à sa sœur aînée. Et pour en finir avec sa vie, elle aurait mis un raticide dans son repas. Malheureusement en le mangeant, elle l’a partagé avec ses enfants », relate le Dr Mogue. La même semaine, c’est une autre mère et ses filles qui décèdent. Le père de la défunte, de retour d’une cérémonie, serait rentré avec de la nourriture. « Il aurait remis le repas à sa fille qui l’a mangé avec ses enfants », poursuit le médecin légiste.
En cas de mort suspecte par empoisonnement, il faut des analyses toxicologiques poussées pour déterminer le ou les produits en cause. « Ici au Cameroun, on est souvent très limité quand il faut faire un examen de toxicologie. On ne le fait qu’en Europe et cela coûte cher », explique le Dr Bouting, médecin légiste. En la matière, les forces de l’ordre impliquées dans les enquêtes semblent plus édifiées du fait des informations recueillies au terme de l’exploitation de suspects dans de telles affaires. Le croisement de différents procès-verbaux laisse apparaître que les empoisonneurs, ne se mettent plus martèle en tête pour accomplir leurs sombres desseins.
Les personnes mal intentionnées prises dans les filets des pandores avouent ainsi avoir eu recours à ce qui était présent sous la main : raticide, insecticide, pesticide. De vulgaires produits toxiques qui sont en vente libre dans le commerce et à des prix dérisoires. « Certains raticides constituent des poisons très violents et sans antidote. Ils tuent des humains comme un jeu d’enfant », indique un pharmacien propriétaire d’une officine à Yaoundé.