ARMÉE CAMEROUNAISE FACE À BOKO HARAM : Des blessés de guerre racontent une nuit d’affrontements


CAMEROUN,CAMEROON - ARMÉE CAMEROUNAISE FACE À BOKO HARAM : Des blessés de guerre racontent une nuit d’affrontements Mode opératoire de Boko Haram

La secte terroriste nigeriane utilise la ruse pour combattre l’armee camerounaise.

En effet, elle se fond dans la population et met la pression sur les autorités traditionnelles ou religieuses, pour piéger les soldats camerounais. Un blessé de guerre explique:

 « Nous avions reçu un appel de détresse du chef de village. Il disait son village sous la menace de Boko Haram. A notre montre, il faisait environ 3h du matin. Nous sommes partis immédiatement de notre camp, à l’effet de porter secours aux populations attaquées. Le village supposé victime des assaillants de Boko Haram est à 3,5 kilomètres de la frontière avec le Nigeria. Avant d’y parvenir, a environ un kilomètre du village, notre véhicule a essuyé les tirs d’un lance-roquette..»

De fait, les combattants de la secte terroriste avaient tendu un guet-apens aux neufs soldats camerounais embarqués dans un pick-up militaire.

    «Nous sommes stoppés net par une roquette. La cabine de la voiture a le plus souffert.»

Le chauffeur, nouvellement arrivé avec le contingent des parachutistes de Koutaba, a la vie sauve grâce à son casque de combat, qui a amoindri la violence des éclats de roquette. Son gilet pare-balles lui sauve également la vie en le protégeant des coups de feu venus du côté des assaillants. Mais les blessures sont profondes sur une partie de la mâchoire supérieure et dans le cou.

Son voisin de cabine est plus gravement touché. Le gendarme a perdu une partie du bras. L’une de ses jambes est vide de son contenu. Il perd beaucoup de sang. En poste depuis quelques années dans la zone, le gendarme n’est pas autant équipé que le chauffeur venu de Koutaba en renfort. En effet, le gendarme n’a pas eu de dotation en casque de guerre et en gilet pare-balles. Les deux occupants de la cabine sont sonnés et donnés pour morts. Les six occupants de l’arrière du véhicule ont fondu dans la nature. Ils ont pris la fuite dans les arbustes et les hautes herbes environnantes.

Surs d’avoir réussi leur embuscade, les assaillants de Boko Haram s’avancent vers le véhicule. Dans un dernier sursaut d’instinct de vie, les deux militaires camerounais toujours installés dans la cabine, ouvrent le feu en descendant du véhicule. Ils font des victimes sur le champ. Et, ils se trainent sur le sol pour s’éloigner du danger d’en face, malgré les douleurs atroces consécutives aux blessures provoquées par les éclats de roquette et les balles des fusils Boko Haram.

«Nous étions deux face à près de deux cents hommes lourdement armés. On ne pouvait rien faire d’autre que battre en retraite.»

Les circonstances sont telles que chacun des deux se débrouille comme il peut. "J’ai essayé par la suite de joindre le chauffeur au téléphone, ça ne passait pas. J’en ai déduit qu’il était mort", raconte le gendarme, chef de poste.

Son compagnon d’infortune a aussi la même conclusion des lors qu’il n’aperçoit plus le gendarme.

L’attaque a duré environ deux heures d’horloge.

« Boko Haram sévit généralement entre 3 heures et 5 heures du matin. Ils repartent souvent avant le lever du jour ».

Dans le cas de l’attaque cite supra, les secours ne sont arrivés que vers 7 heures du matin. Pourtant des appels à l’aide ont été lancés au début de l’attaque. « Personne n’est venu. Notre hiérarchie directe est restée sans voix… Tout le monde était convaincu de notre mort ».

Il est vrai que les deux blessés de guerre sont en fait des miraculés.

« Si les assaillants avaient reçu une bonne formation militaire, ils auraient ratisses le coin, ils nous auraient retrouvé, et ils nous auraient achevé ».

Dieu merci, il n’en sera rien. Les combattants de Boko Haram ont juste récupéré le véhicule et leurs compagnons morts, avant de partir.

« Boko Haram n’abandonne jamais ses morts. On a aussi constaté qu’ils récupèrent aussi les morts de l’armée camerounaise ».

Composition des forces ennemies et recrutement

Pourquoi Boko Haram récupère-t-ils systématiquement les dépouilles mortelles?

« D’abord pour préserver l’identité des assaillants dans le cas de leurs pertes, et pour éventuellement avoir une monnaie de change dans le cas des pertes camerounaises ». Ce qui en appelle à la composition des forces ennemies. « Les combattants de Boko Haram sont composes de nigérians et des camerounais », indique un blesse de guerre. Au nom de l’islam, Boko Haram recrute dans les villages camerounais frontaliers au Nigeria.

    « Ils recrutent essentiellement de jeunes hommes. Ceux-ci subissent par la suite un lavage de cerveau à travers une formation sur l’islam au Nigeria. Lorsqu’ils reviennent chez eux, ils scandent Allahou Akbar (Dieu est Grand). Leurs premières victimes sont les adultes qui récusent le fondamentalisme et le djihadisme. Ils égorgent sans vergogne leurs parents et les dignitaires religieux en place. Ils sont toujours drogues lors des attaques armées. Ils ne connaissent rien en matière de stratégie de guerre. Et au front, ils tombent comme des mouches ».

Armements et équipements

Les témoignages des blessés de guerre sont sans équivoques en ce qui concerne l’armement de Boko Haram.

« Ils ont des armes de dernière génération. Ce sont des armes françaises ».

Est-ce que ce sont des armes qui ont contribué à la chute de Kadhafi? A défaut de la piste libyenne, qu’elle est la filière d’approvisionnement en armes de Boko Haram?

Quoi qu’il en soit, la puissance de feu de Boko Haram est redoutée. « Ils ont des fusils d’une portée utile de 5000m, alors que les fusils de l’armée camerounaise ont une portée utile de 1000m… Lorsque les armes de Boko Haram tonnent, vous pouvez pisser sur vous, si vous n’en avez pas l’habitude ». Un jeune soldat camerounais est revenu fou du front, à cause du bruit des armes de Boko Haram. Il est actuellement interne dans un hôpital de la capitale.

La prise en charge sanitaire des blessés de guerre a débuté a Mora, chef-lieu du département du Mayo-Sava.

    « Je perdais beaucoup de sang lorsque les premiers secours sont arrivés à 8h du matin. Il m’a été pose des garrots pour arrêter les saignements, ensuite j’ai été transporté a Mora ».

Les journalistes sont au courant de cette attaque. Ils approchent les autorités militaires territorialement compétentes pour en savoir davantage. C’est l’omerta.

    « Ils ont écrit dans la presse que l’attaque avait fait plusieurs morts chez les camerounais. Il n’en était rien ».

Finalement, qui est Boko Haram dans l’Extrême-Nord du Cameroun? Les miraculés de guerre se montrent prudents:

    « il faut être patient, pour le moment nul ne peut dire avec exactitude ce qu’il en est…donnons du temps au temps ».

C’est dire si la guerre contre Boko Haram a encore de longs (et forcement mauvais) jours devant elle.

 

© www.journalintegration.com : Thierry Ndong


03/09/2014
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