Archidiocèse de Yaoundé: Mgr. Tonyè Bakot mouillé dans une affaire de 5 milliards de FCFA.

Yaoundé, 15 Juillet 2013
© Charles Nwé | La Nouvelle

L'Archevêque métropolitain est accusé de faire main basse sur la Société immobilière «La Foncière» à travers une série d'entourloupettes dignes des grands feymen du pays des Lions indomptables. Récit d'une affaire rocambolesque qui risque d'ébranler une fois de plus l’Église catholique au Cameroun.

Un homme de Dieu sur la sellette. Ce n'est pas le titre d'un film. C'est bien ce qu'on peut retenir de tout ce qui se passe en ce moment à l'Archidiocèse de Yaoundé où l'Archevêque métropolitain est devenu une véritable star des médias. Et pas forcément pour ses homélies courageuses qui hier, faisaient de lui un prélat iconoclaste, tirant à boulets rouges sur les tares de la société aux prises à de multiples déviances comme l'homosexualité. Mais aujourd'hui beaucoup plus dans des affaires mondaines où transparaît très souvent son côté affairiste. Il n'y a pas très longtemps, ce sont les autochtones Emveng de Mvolyé qui lui faisaient la fête, l'accusant, à tort ou à raison, de brader le patrimoine foncier légué par leurs ancêtres, au point même de leur faire payer les frais pour enterrer leurs morts dans le cimetière de Mvolyé. Tout près de nous, c'est encore une affaire foncière qui a fait la Une de certains médias où l'Archevêque métropolitain de Yaoundé, aurait spolié un Député de la nation dans l'acquisition d'une parcelle de terrain à proximité du collège de la by Savings Wave">Retraite, une affaire qui aurait permis au prélat d'engranger la bagatelle de 400 millions de FCFA. Il faudra, toujours selon les mêmes médias, l'intervention du Délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Yaoundé, Gilbert Tsimi Evouna, pour ramener le Député «frappé» à de meilleurs sentiments, avec à la clé, un «remboursement» de 100 millions de FCFA. Info ou intox? Volonté des lobbies de diaboliser un prélat qui dérange? Difficile à dire.

Toujours est-il que Mgr. Victor Simon Tonyè Bakot n'a pas cessé de défrayer la chronique notamment dans des affaires foncières. La dernière en date, et qui n'a peut-être pas encore fait grand bruit, et qui le fera certainement demain, c'est cette histoire qui met aux prises, l'Archevêque métropolitain avec la famille d'Albert Roland Amougou dans le contrôle de la Société immobilière La Foncière. Des sources proches du dossier et donc La Nouvelle a pu obtenir un mémo, l'Archevêque de Yaoundé procéderait actuellement à un bradage systématique du patrimoine de la Société La Foncière, dont le véritable promoteur n'est autre que Albert Roland Amougou, ancien économe à la procure et donc l'épouse était Pca. Avec les ennuis judiciaires qu'a connus le couple, dans le cadre du procès de détournements de deniers publics au Crédit foncier du Cameroun, dans lequel était impliqué Joseph Edou et feu Boto'o A Ngon, Victor Simon Tonyè Bakot s'est empressé de faire main basse sur le patrimoine. A Odza par exemple au niveau du centre technique de la Fécafoot.

Pour comprendre à quel titre l'Archevêque métropolitain se croit le bon devoir de s'approprier le patrimoine de cette société immobilière, il faut remonter à la constitution de cette structure. Au départ de La Foncière donc, il y a le couple Amougou et un certain Martin Evina. La structure est une Sarl au capital d’un million de FCFA. Ce sont ces 3 personnes qui contactent un prêt en bonne et due forme auprès du Crédit foncier, avec hypothèque du titre foncier d'un terrain de 5,6 ha Odza I où des logements sont construits. Vint alors en 2006, l'idée d'augmenter le capital de La Foncière pour sa transformation en Société anonyme. Les membres fondateurs ci-dessus nommés décident alors d'y intégrer l'Institut des œuvres diocésaines (lod), une association privée dont le but est de mobiliser des ressources pour la réalisation des by Savings Wave">activités économiques et de développement appartenant en partie ou en totalité à l'Archidiocèse de Yaoundé. Elle vise également à contribuer à l'autofinancement de l'Archidiocèse.

En réalité, ce sont les laïcs qui sont majoritaires à l'Iod qui n'a jamais demandé à être une personne morale de droit diocésain. Toujours selon nos sources, en sa qualité de laïc engagé et croyant qui croit bien faire, Albert Rolland Amougou va faire entrer avec d'autres personnes dans l'organigramme de l'Iod. C'est ainsi qu'on y retrouve comme Président Mgr. Victor Tonyè Bakot et comme Secrétaire l'Abbé Christophe Zoa (actuel Evêque de Sangmélima) pour ne citer que les plus emblématiques. Mais cette présence n'enlève en rien le caractère privé de cette structure. C'est donc l'Iod dont le seul donateur est la société Ingeni, créée par Albert Rolland Amougou, qui va rentrer dans le capital de La Foncière, après avoir été mise en veilleuse, avec à la clé une dotation de 150 millions de FCFA obtenus par emprunt obligataire auprès d'un établissement financier. Et toutes les transactions se faisaient de banque à banque. Ce qui suppose qu'on peut retrouver des traces à tout moment.

Ainsi constituée, La Foncière va se déployer sur le terrain. Seulement, en 2006, la Pca, Dame Yvette Amougou est happée dans le cadre de l'Opération Epervier. Son époux, Albert Roland Amougou est invité au cours d'une audience d'aller rejoindre religieusement son épouse en prison par le Procureur. Il s'en sort avec 3 jours au plus, grâce à une intervention de Simon Victor Tonyé Bakot. On comprend qu'en sa qualité d'économe de la procure et cheville ouvrière des projets de l'Archidiocèse, son absence sera préjudiciable à la bonne marche de l’Église. Quant à dame Amougou, une caution de 280 millions de FCFA est exigée pour quelle comparaisse libre. Cette somme ainsi reversée au Trésor public n'est autre que le remboursement de l'Iod à la société Ingeni d'Albert Rolland Amougou, somme consentie à l'Iod lors de la mise en veilleuse de Ingeni dans le cadre de la mise en place de La Foncière.

Pour la petite histoire, dans le cadre de l'affaire du Crédit foncier qui implique également Joseph Edou et André Boto'o A Ngon, le couple Amougou va écoper chacun de 25 ans de prison. Motif selon le jugement: «les conditions d'octroi des prêts promo fonciers n'avaient pas été respectées» alors que ledit prêt avait été accordé par le Conseil d'administration à une majorité de 80% de ses membres. Était-ce un crédit complaisant? Beaucoup d'observateurs estiment que les magistrats ont été induits en erreur par un rapport du Consupe qui n'avait pas tenu compte de la mutation du Crédit Foncier en banque. C'est la raison pour laquelle La Foncière a été classée dans la catégorie de prestataire, alors qu'elle était bel et bien cliente du Cf. Chose curieuse également dans ce procès en sorcellerie, seul le couple Amougou a été poursuivi et condamné à de lourdes peines alors qu'il s'agit d'une société anonyme avec d'autres actionnaires bien connus.

De plus, le Crédit foncier qui a des procédures internes pour recouvrer ses prêts avant de les traîner en justice en matière civile. Mais dans le cas présent, l'on constate qu'une affaire civile s'est muée en affaire criminelle.

Du coup, dans les couloirs de l'Archidiocèse, quelques esprits suffisamment imprégnés de ce dossier ne manquent pas de pointer un doigt accusateur sur Mgr. Tonyè Bakot qui devait avoir un plan secret pour voir son économe en taule. Pour se faire convaincants; ces mêmes esprits indiquent en petits comités qu'en réalité, La Foncière était le projet le plus rentable pour le Crédit Foncier pour les 15 dernières années, c'est pour cela qu'avec ses entrées très haut placées, il aurait obtenu la condamnation des époux Amougou pour mieux s'accaparer de leur société. La preuve? Entre le départ d'Albert Rolland Amougou de son poste d'économe général de l'Archidiocèse le 28 août 2007 et le verdict du procès le 11 juillet 2008, l'Archevêque métropolitain aura évité tout accrochage avec lui pour éviter que ce dernier n'apporte sa part de vérité, appuyée des documents dont La Nouvelle a pris connaissance. Toujours pour preuve, une source proche de la procure raconte que Mgr. Tonyè Bakot se serait rapproché a maintes reprises des autorités judiciaires pour récupérer la caution de 280 millions qui a permis à dame Amougou de comparaître libre, alors même qu'il ne s'agissait à aucun moment de l'argent de l'Archidiocèse. Usant parfois de chantage, l'Archevêque serait arrivé à un moment, à demander à Albert Rolland Amougou de désister de cette caution contre sa mise en liberté. D'ailleurs, pour d'autres sources proches de l'Archidiocèse, Albert Rolland Amougou ne serait qu'un bouc émissaire pour Mgr. Tonyè Bakot pour expliquer sa Mauvaise gestion et sa voracité financière. Une voracité qui l'amène aujourd'hui à faire main basse sur La Foncière.

Il faut le dire pour le décrier, introduit dans le capital de La Foncière à travers l'Iod dont il n'était que Président désigné, Mgr Tonyè Bakot, en date du 27 décembre 2006, dans une correspondance adressée à son économe général lui rappelait qu' «après mûre réflexion et compte tenu du rebondissement de l'affaire La Foncière, je vous confirme pour la deuxième fois ma décision de ne pas voir l'Archidiocèse de Yaoundé s'impliquer comme actionnaire de La Foncière. Et de poursuivre: Veuillez donc considérer que l'Archidiocèse n'est plus actionnaire dans ce projet, et vous prie de lui retourner la participation qu'il y avait apportée».

Alors question: de quel droit l'Archevêque se prévaut-il aujourd'hui de s'accaparer des biens de La Foncière après y avoir nommé par effraction un administrateur, après avoir tenté maintes reprises de prendre langue avec la mère d'Albert Amougou pour qu'elle participe à la gestion de La Foncière? Par quelle alchimie s'autoproclame-t-il le plus gros actionnaire de La Foncière? Des questions qui trouveront des réponses que dans la conscience du prélat qui quelques jours avant, ne manquait pas de féliciter son économe, réputé un esprit très intelligent, pour avoir redressé la situation financière catastrophique de l'Archidiocèse. Pour la petite histoire, au moment de quitter son poste, Albert Rolland Amougou aura laissé dans les caisses de l'archevêché, la rondelette somme d'un milliard et demi de FCFA. De l'argent qui a été dilapidé en un laps de temps. Sans doute la raison pour laquelle, pour masquer la mal gouvernance financière installée à l'Archidiocèse de Yaoundé, le prélat n'avait d'autres solutions que de sacrifier son brillant économe en l'accusant de malversations financières. C'était sans compter qu'après avoir vidé rapidement les caisses, après avoir démissionné l'économe, il ne pourra pas bénéficier des 5 milliards de FCFA que ce dernier aura négociés. Le départ précipité d'Albert Rolland Amougou ayant jeté la suspicion aux yeux des bailleurs de fonds qui ne vont plus passer à l'acte. Nous y reviendrons dans nos prochaines éditions.


15/07/2013
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