Archidiocèse de Yaoundé: La démission déguisée de Mgr Tonyè Bakot
Yaoundé, 05 Août 2013
© André Michel Bayiha | La Nouvelle
Alors qu'il a officié à la Basilique Marie Reine des Apôtres à Mvolyé le samedi 27 juillet dernier, 2 jours seulement après, dans un communiqué laconique, l'archevêque métropolitain de Yaoundé annonce sa démission. Entre suppositions, hypothèses et révélations inédites, il est intéressant de voir comment l'homme de «Dieu» a évité le pire. Décryptage.
© André Michel Bayiha | La Nouvelle
Alors qu'il a officié à la Basilique Marie Reine des Apôtres à Mvolyé le samedi 27 juillet dernier, 2 jours seulement après, dans un communiqué laconique, l'archevêque métropolitain de Yaoundé annonce sa démission. Entre suppositions, hypothèses et révélations inédites, il est intéressant de voir comment l'homme de «Dieu» a évité le pire. Décryptage.
Pendant une dizaine d'années, Mgr
Simon Victor Tonyè Bakot a trôné sur l'archidiocèse de Yaoundé où
l'adversité contre l'allogène avait fini par décimer son prédécesseur
d'origine Bamiléké, Mgr André Wouking. Le fils de la tribu Ndog Tjock
dans le Nyong et Kellé a réussi à museler les ardeurs de ceux qui ont
fait du tribalisme leur mode de vie, en unissant les ouailles dans ses
messages à connotation libertine, à travers lesquels aucun cadeau n'est
fait aux fléaux tels que la pédophilie, la pédérastie, la pornographie,
la prostitution et tout ce qui s'apparente à la dépravation des mœurs.
Contrôle des revenus
Cependant, à côté de ce travail visiblement noble sur le plan communicationnel, Mgr Victor Tonyè Bakot va s'assurer que les revenus de l'archidiocèse n'échappent à son contrôle. Puis, du simple contrôle, il pas¬sera à la planification des recettes avec feuille de route à l'appui, à la manière d'un administrateur des «choses de Dieu».
On verra alors des nouveautés telles que la location des soutanes pour les jeunes prêtres qui attendent d'être consacrés à une somme supérieure ou égale à 100 000 FCFA par personne, l'augmentation des frais d'inhumation au cimetière de Mvolyé, au point où on verra le prix aller de 400 000 FCFA à près d'un million de FCFA au fur et à mesure que les enterrements sollicitaient la Sainte colline; la location des espaces pour usage commercial. On peut également ajouter à ce chapelet, des frais à payer, l'augmentation de la scolarité dans les établissements confessionnels tels que le collège Vogt ou le collège La Retraite où visiblement le parent pauvre n'est plus le bienvenu.
Ainsi, plus que jamais avant, l'homme qui gouverne l'archidiocèse depuis 2003 va mettre l'accent sur le contrôle des sources de revenus de son institution en s'assurant cependant que la roue tourne à son avantage. Pour la petite histoire, une source précise qu'une fois, lors d'une tournée pastorale à Akono, Mgr Tonyè Bakot qui ne se déplaçait pas pour des cacahuètes, s'est placé lui-même dans un dilemme en exigeant au préalable la somme de 400 000 FCFA avant sa venue, à la manière d'une star de musique très attendue par le public. Mais, malgré le fait que le prêtre local a accédé à sa demande, il a quand même trouvé le moyen de venir encore voir clair dans la cagnotte des offrandes qui ce jour-là, raconte-t-on, a donné près de 1 800 000 FCFA. Il usera de tous les arguments dignes d'un patron pour avoir «sa part», mais rien n'y fera car le Prêtre d'Akono, accroché au panier d'argent pour le meilleur et pour le pire, n'entendait rien lui céder. A son retour à Yaoundé, l'archevêque ne s'est pas posé des questions pour signer la révocation de ce prêtre insolent qui a osé s'attaquer à son contrôle des recettes.
Somme toute, il est important de souligner que l'archidiocèse de Yaoundé possède d'importantes sources de revenus qui ont très tôt permis au prélat qui venait d'Edéa d'augmenter ses propres revenus, d'investir dans plusieurs domaines tels que celui de l'élevage et de rentrer facilement dans la jet set yaoundéenne où l'argent est le maître-mot. La question reste donc fondamentalement celle de savoir comment avec de tels avantages où les recettes annuelles se comptent en termes de plusieurs milliards de FCFA, on peut décider de tout laisser tomber alors qu'on a prouvé à tout le monde que c'était cela la raison d'être de la pastorale?
Démission subite et déguisée
Ce qui est évident, c'est que Mgr Victor Tonyè Bakot a engrangé beaucoup d'argent son passage à l'archidiocèse de Yaoundé. Mais il ne fait l'ombre d'aucun doute qu'il a eu maille à partir avec les médias qui ont allègrement installé leurs caméras de surveillance sur ses moindres faits et gestes depuis quelques mois avant sa démission. On pense logique¬ment que la première raison de sa démission et la principale d'ailleurs est la mise à nu des frasques du prélat qui a fait de Mamon le dieu le plus adoré. Tous les scandales financiers auxquels l'archevêque s'est trouvé enchevêtré n'avaient pour point de convergence que l'argent.
Si les fidèles n'avaient pour seul moyen pour dénoncer certains dysfonctionnements que le murmure, la presse elle, est allée sur le toit crier le scandale de la profanation des terres de Mvolyé où des commerçants ont élu domicile, au profit de l'archevêque. Mauvaise presse aidant, mauvaise publicité pour un homme public et de surcroît religieux, cela faisait déjà un peu trop. « Il fallait laisser les choses avant qu'elles ne nous laissent», telle semble être la formule qui a été appliquée à travers cette démission d'un autre genre. La 2ème raison qui prouve Tonyè Bakot n'a pas démissionné de gaieté de cœur, et c'est la raison apparemment majeure qui est avancée, à savoir sa santé. A cela, plusieurs fidèles qui ont assisté à son homélie de samedi 27 juillet à Mvolyé, répondent farouchement «arrêtez de nous entuber!» Pour dire en clair, que l'homme ne présentait aucun signe d'un malade qui aurait subitement besoin d'une évacuation. Et, cela dénote davantage qu'il y a eu anguille sous roche avant la démission de l'homme. Une source digne de foi indique en effet que, quelques jours avant la démission de l'homme, le relais de l'information sur les faits d'arme de Mgr Tonyè Bakot a fait l'objet de plusieurs critiques au Saint siège à Rome au point où le sujet de l'archevêque de Yaoundé était devenu préoccupant, car, dit notre source, l’Église catholique y prenait sérieusement un coup. La source précise que c'est notamment l'affaire de la société à responsabilité limitée La Foncière dont le ridicule a atteint son comble au Tribunal de première instance de Mfou qui a fait reculer même l'envoyé de Rome qui a pourtant régulièrement accordé son soutien à l'archevêque.
On soupçonne donc le nouveau nonce apostolique qu'il a très tôt mis dans sa poche en allant célébrer jusqu’à Rome sa nomination au Cameroun, d'avoir conseillé son ami de laisser les choses, car une révocation du Saint siège ne semblait plus être très loin. Car pour le nonce, il serait plus judicieux de montrer qu'on a quitté noblement la place que de se voir éjecter comme un malpropre et entamer sa réputation pour toute la vie. Info ou intox? Rien n'est moins sûr. Toujours est-il qu'à voir de très près, cette démission a quelque chose de fortement conseillé sur le plan politique, c'est-à-dire de caché avec présentation d'une apparence qui serait le moindre mal pour l'image de l’Église. On se rappelle tous les messages sur les pancartes des manifestants Emveng lors de la conférence épiscopale à Mvolyé, au su et vu de tous les prélats qui ont été témoins des griefs portés contre l'archevêque métropolitain.
Et comme dans ces choses le Vatican qui fonctionne comme un Etat possède aussi ses espions, il faut croire que la boulimie financière de Mgr Tonyè Bakot a été relayée au Saint Siège depuis des lustres. Mais le nouveau Pape qui se veut révolutionnaire ne pouvait pas, dit-on, pactiser avec l'homme de Yaoundé. C'est pour cette raison, prétend-on, que sa démission est passée à Rome comme une lettre à la poste. Sans commentaires. Mais d'un autre côté, le prélat a, à coup sûr, suffisamment amassé au point où partir ne saurait être «mourir un peu», Car en bon «biznessman», il va certainement laisser en place un réseau d'hommes et de femmes qui lui sont loyaux et peuvent encore l'alimenter pendant longtemps. Même si Mgr Jean Mbarga, son successeur, a déjà commencé à faire le ménage en révoquant l'intendant au collège La Retraite que les mauvaises langues présentaient comme un des bras séculiers de la pieuvre de l'archevêque à qui il faut tout de même souhaiter un bon repos après «les loyaux services» rendus à l’Église catholique romaine.
Contrôle des revenus
Cependant, à côté de ce travail visiblement noble sur le plan communicationnel, Mgr Victor Tonyè Bakot va s'assurer que les revenus de l'archidiocèse n'échappent à son contrôle. Puis, du simple contrôle, il pas¬sera à la planification des recettes avec feuille de route à l'appui, à la manière d'un administrateur des «choses de Dieu».
On verra alors des nouveautés telles que la location des soutanes pour les jeunes prêtres qui attendent d'être consacrés à une somme supérieure ou égale à 100 000 FCFA par personne, l'augmentation des frais d'inhumation au cimetière de Mvolyé, au point où on verra le prix aller de 400 000 FCFA à près d'un million de FCFA au fur et à mesure que les enterrements sollicitaient la Sainte colline; la location des espaces pour usage commercial. On peut également ajouter à ce chapelet, des frais à payer, l'augmentation de la scolarité dans les établissements confessionnels tels que le collège Vogt ou le collège La Retraite où visiblement le parent pauvre n'est plus le bienvenu.
Ainsi, plus que jamais avant, l'homme qui gouverne l'archidiocèse depuis 2003 va mettre l'accent sur le contrôle des sources de revenus de son institution en s'assurant cependant que la roue tourne à son avantage. Pour la petite histoire, une source précise qu'une fois, lors d'une tournée pastorale à Akono, Mgr Tonyè Bakot qui ne se déplaçait pas pour des cacahuètes, s'est placé lui-même dans un dilemme en exigeant au préalable la somme de 400 000 FCFA avant sa venue, à la manière d'une star de musique très attendue par le public. Mais, malgré le fait que le prêtre local a accédé à sa demande, il a quand même trouvé le moyen de venir encore voir clair dans la cagnotte des offrandes qui ce jour-là, raconte-t-on, a donné près de 1 800 000 FCFA. Il usera de tous les arguments dignes d'un patron pour avoir «sa part», mais rien n'y fera car le Prêtre d'Akono, accroché au panier d'argent pour le meilleur et pour le pire, n'entendait rien lui céder. A son retour à Yaoundé, l'archevêque ne s'est pas posé des questions pour signer la révocation de ce prêtre insolent qui a osé s'attaquer à son contrôle des recettes.
Somme toute, il est important de souligner que l'archidiocèse de Yaoundé possède d'importantes sources de revenus qui ont très tôt permis au prélat qui venait d'Edéa d'augmenter ses propres revenus, d'investir dans plusieurs domaines tels que celui de l'élevage et de rentrer facilement dans la jet set yaoundéenne où l'argent est le maître-mot. La question reste donc fondamentalement celle de savoir comment avec de tels avantages où les recettes annuelles se comptent en termes de plusieurs milliards de FCFA, on peut décider de tout laisser tomber alors qu'on a prouvé à tout le monde que c'était cela la raison d'être de la pastorale?
Démission subite et déguisée
Ce qui est évident, c'est que Mgr Victor Tonyè Bakot a engrangé beaucoup d'argent son passage à l'archidiocèse de Yaoundé. Mais il ne fait l'ombre d'aucun doute qu'il a eu maille à partir avec les médias qui ont allègrement installé leurs caméras de surveillance sur ses moindres faits et gestes depuis quelques mois avant sa démission. On pense logique¬ment que la première raison de sa démission et la principale d'ailleurs est la mise à nu des frasques du prélat qui a fait de Mamon le dieu le plus adoré. Tous les scandales financiers auxquels l'archevêque s'est trouvé enchevêtré n'avaient pour point de convergence que l'argent.
Si les fidèles n'avaient pour seul moyen pour dénoncer certains dysfonctionnements que le murmure, la presse elle, est allée sur le toit crier le scandale de la profanation des terres de Mvolyé où des commerçants ont élu domicile, au profit de l'archevêque. Mauvaise presse aidant, mauvaise publicité pour un homme public et de surcroît religieux, cela faisait déjà un peu trop. « Il fallait laisser les choses avant qu'elles ne nous laissent», telle semble être la formule qui a été appliquée à travers cette démission d'un autre genre. La 2ème raison qui prouve Tonyè Bakot n'a pas démissionné de gaieté de cœur, et c'est la raison apparemment majeure qui est avancée, à savoir sa santé. A cela, plusieurs fidèles qui ont assisté à son homélie de samedi 27 juillet à Mvolyé, répondent farouchement «arrêtez de nous entuber!» Pour dire en clair, que l'homme ne présentait aucun signe d'un malade qui aurait subitement besoin d'une évacuation. Et, cela dénote davantage qu'il y a eu anguille sous roche avant la démission de l'homme. Une source digne de foi indique en effet que, quelques jours avant la démission de l'homme, le relais de l'information sur les faits d'arme de Mgr Tonyè Bakot a fait l'objet de plusieurs critiques au Saint siège à Rome au point où le sujet de l'archevêque de Yaoundé était devenu préoccupant, car, dit notre source, l’Église catholique y prenait sérieusement un coup. La source précise que c'est notamment l'affaire de la société à responsabilité limitée La Foncière dont le ridicule a atteint son comble au Tribunal de première instance de Mfou qui a fait reculer même l'envoyé de Rome qui a pourtant régulièrement accordé son soutien à l'archevêque.
On soupçonne donc le nouveau nonce apostolique qu'il a très tôt mis dans sa poche en allant célébrer jusqu’à Rome sa nomination au Cameroun, d'avoir conseillé son ami de laisser les choses, car une révocation du Saint siège ne semblait plus être très loin. Car pour le nonce, il serait plus judicieux de montrer qu'on a quitté noblement la place que de se voir éjecter comme un malpropre et entamer sa réputation pour toute la vie. Info ou intox? Rien n'est moins sûr. Toujours est-il qu'à voir de très près, cette démission a quelque chose de fortement conseillé sur le plan politique, c'est-à-dire de caché avec présentation d'une apparence qui serait le moindre mal pour l'image de l’Église. On se rappelle tous les messages sur les pancartes des manifestants Emveng lors de la conférence épiscopale à Mvolyé, au su et vu de tous les prélats qui ont été témoins des griefs portés contre l'archevêque métropolitain.
Et comme dans ces choses le Vatican qui fonctionne comme un Etat possède aussi ses espions, il faut croire que la boulimie financière de Mgr Tonyè Bakot a été relayée au Saint Siège depuis des lustres. Mais le nouveau Pape qui se veut révolutionnaire ne pouvait pas, dit-on, pactiser avec l'homme de Yaoundé. C'est pour cette raison, prétend-on, que sa démission est passée à Rome comme une lettre à la poste. Sans commentaires. Mais d'un autre côté, le prélat a, à coup sûr, suffisamment amassé au point où partir ne saurait être «mourir un peu», Car en bon «biznessman», il va certainement laisser en place un réseau d'hommes et de femmes qui lui sont loyaux et peuvent encore l'alimenter pendant longtemps. Même si Mgr Jean Mbarga, son successeur, a déjà commencé à faire le ménage en révoquant l'intendant au collège La Retraite que les mauvaises langues présentaient comme un des bras séculiers de la pieuvre de l'archevêque à qui il faut tout de même souhaiter un bon repos après «les loyaux services» rendus à l’Église catholique romaine.