Après son refoulement de Bangui: Antoine Ntsimi parle enfin!
DOUALA - 18 Avril 2012
© Rodrigue N. TONGUE | Le Messager
© Rodrigue N. TONGUE | Le Messager
Le
président de la Commission de la Communauté économique et monetaire de
l'Afrique centrale (Cemac) a consacré sa première sortie après les
évènements du 21 mars 2012 à Bangui à une réplique à la presse en
général et au journal «Jeune Afrique» en particulier qu'il accuse de
participer à une «grotesque campagne de dénigrement portée contre sa
personne». |
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On le savait rétracté dans son manoir
d'Ezezang, son village situé dans la banlieue nord de Yaoundé depuis
qu'il a fait l'objet de maltraitances de la part des autorités
centrafricaines à l'aéroport de Bangui-Mpocko. On le savait gardé par
l'armée camerounaise après cet incident diplomatique. On le savait
taciturne sur cette affaire riche en rebondissement. On le savait aussi
suspendu au gentleman agreement qu'auraient éventuellement eu les six
chefs d'Etats de la sous-région Cemac. Mais ce qu'on ne savait pas,
c'est comment «chicago boy» vivait depuis 26 jours, l'éloignement forcé
de son poste de travail. On peut désormais s'en faire une opinion. Ce, à
la lumière d'un communiqué posté sur le site www.cemac2012.com consacré
à sa campagne pour un nouveau mandat de 5 ans à la tête de la
commission à partir de mai 2012.
Il est écrit dans cette note destinée principalement à Jeune Afrique, mais au passage au reste de la presse et ce, «par l'intermédiaire du site cemac2012.com lequel Monsieur Antoine Ntsimi ne souhaite pas accorder plus d'importance aux gazouillis d'une certaine presse partisane et souhaite dire qu'il concentre toute son énergie à son travail de Président de la Commission de la Cemac». Et par ailleurs qu'il «salue et remercie les personnes et les organismes qui lui expriment chaque jour leur soutien, et se dit porté par le nombre important de messes l'exhortant à maintenir son action afin qu'il puisse être reconduit à la présidence de la Commission de la Cemac en 2012.». S'adressant précisément au journal de Bechir Ben Yamed dont une des enquêtes l'a sorti finalement de sa réserve, le président de la Commission de la Cemac nie «catégoriquement l'authenticité d'un prétendu document comptable, dont les responsables du journal Jeune Afrique affirment avoir pris connaissance» Car explique-t-il, ni lui «ni ses services, n'ont eu connaissance d'un tel document, qui prendrait la forme d'une facture de 19 940 euros et qui résulterait, soi-disant, de prestations assurées lors d'une réception donnée en l'honneur du Directeur de l'Agence française de développement (Afd) Monsieur Dov Zerah», comme allégué par le journal panafricain. Dans la foulée de ce démenti, l'ex député de la Lékié dit condamner sans «réserve une médiocre tentative de déstabilisation et ces accusations fantaisistes et calomnieuses». Plus loin il corse le ton en s'interrogeant sur l'origine «des financements obscurs et sur les motivations politiques de cette grotesque campagne de dénigrement portée contre sa personne et destinée à intoxiquer l'opinion publique. (sic)». L'homme indispensable Dans le même communiqué, non daté et dont le jour du poste sur le site cemac2012 n'est pas communiqué par l'administrateur; mais découvert en ligne par Le Messager hier, 17 avril 2012, le patron administratif de la Cemac ne fait aucunement allusion à son refoulement de Bangui et de son statut de persona non grata sur le sol centrafricain. Il se contente de souligner qu'il «concentre toute son énergie à son travail de président de la Commission de la Cemac». Mais comment? Le communiqué ne dit pas si les parapheurs lui sont expédiés par ses collaborateurs toujours en poste à Bangui. Ou simplement si le siège de la Commission s'est déportée, de fait, à Yaoundé. En gros, «chicago boy» évite le corps du délit pour davantage régler les problèmes situés en périphérie. Simple stratégie ou volonté d'éviter d'obstruer l'action de la diplomatie camerounaise engagée dans le règlement de cette crise qui oppose désormais le pays de Paul Biya à celui de François Bozizé? En tout cas, s'inscrivant dans la démarche qui est la sienne et par la voix d'un comité de soutien qui s'est créé autour de lui, le président de la Commission de la Cemac essaye autant qu'il peut de démonter «toutes les affabulations» de la presse. A ce sujet un autre site, www.lhommeindispensable.com a été créé. Tous les articles jugés au vitriol vis-à-vis de l'ex ministre des Finances du Cameroun par ce comité de soutien sont attaqués «en règle». De même que des textes qui prennent faits et causes pour lui sont encensés et décrits comme des chefs d'œuvres journalistiques. Enfin, www.lhommeindispensable.com qui se présente comme une tribune «insistant sur le caractère indispensable de l'homme Antoine Ntsimi pour permettre à la Cemac de connaître un fort développement, en accord avec les principes de «vision 2025» et du programme économique régional» confirme l'inélégance désormais légendaire du président de la Commission de la Cemac. Car, si se faire passer pour indispensable n'est pas de l'arrogance. C'est donc quoi? |
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