Après sa libération, Titus Edzoa parle: «J’ai démissionné du gouvernement, pas du RDPC» ... «Même en prison, je continuais à exercer comme médecin»
DOUALA - 03 MARS 2014
© Alain NOAH AWANA | Le Messager
Château du Graal, samedi 1er mars 2014. Il est exactement 11h10 lorsque Titus Edzoa fait son apparition dans un coin de son domaine situé à Simbock, à la périphérie de Yaoundé. Chemise «afritude» blanche, pantalon noire, une casquette sur la tête. Rasé, il paraît frais, malgré le visage amaigri et les sourcils blancs. Six jours après sa libération, cet homme de 69 ans a décidé de rencontrer la presse.
Château du Graal, samedi 1er mars 2014. Il est exactement 11h10 lorsque Titus Edzoa fait son apparition dans un coin de son domaine situé à Simbock, à la périphérie de Yaoundé. Chemise «afritude» blanche, pantalon noire, une casquette sur la tête. Rasé, il paraît frais, malgré le visage amaigri et les sourcils blancs. Six jours après sa libération, cet homme de 69 ans a décidé de rencontrer la presse. L’œil étincelant et le sourire large, Titus Edzoa accueille les journalistes venus très nombreux, en leur confirmant qu’il les reçoit «en tant que citoyen non seulement libéré, mais libre». Pas de triomphalisme dans ses propos. Celui qui aura passé exactement 6 205 jours en prison savoure cependant, à l’évidence, l’air pur de son «ranch». Il souhaite un échange franc et sincère avec la presse camerounaise, auprès de qui il s’excuse d’ailleurs pour ne lui avoir pas accordé la priorité de sa déclaration après sa sortie de la cellule de la prison secondaire de Yaoundé, logée au Secrétariat d’Etat à la défense (Sed). « J’avais cet intense désir intérieur de souffler un peu. Qu’à cela ne tienne, ce n’est pas trop tard, même si cela n’a pas été trop tôt», justifie l’ancien secrétaire général de la présidence de la République. D’après Titus Edzoa, il est encore « frais et dispo » pour pouvoir communiquer avec les journalistes et à travers eux. L’homme ne souhaite pas d’échange inquisitoire. Surtout que, comme il l’annonce, il tient «un langage de pacification, de paix». Il a essayé de répondre en toute franchise aux questions qui lui ont été posées. Tout, ou presque a été abordé. Ses conditions de vie durant 17 ans au Sed ; ses projets – notamment politiques – après sa libération ; ses états d’âme vis-à-vis de ceux qui l’ont fait plonger en 1997 ; ses relations avec Paul Biya, son ancien ami dont il était d’ailleurs le médecin personnel ; de même que sur ses relations avec Michel Thierry Atangana, son compagnon de misère avec qui il se serait brouillé…Le Pr. Titus Edzoa, dans l’ensemble, a toujours voulu mettre en avant son message de pacification et d’amour. Un échange de 70 minutes que Le Messager a retranscrit pour ses lecteurs. A.N.A. Sur son engagement politique, son appartenance et son militantisme au sein du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) Pour le moment je prends du recul et ce recul veut dire me taire. J’ai appris ce que c’est que le silence; et le silence n’est pas un comportement négatif. Je vous prie de me laisser souffler. On a tout le temps. Évidemment, il n’est pas exclu que dans les mois ou les années qui viennent – je l’ai déjà dit – que je fasse de la politique. Vous savez que je suis un homme d’action. Quand je l’aurai décidé, vous le saurez (…) J’ai démissionné du gouvernement, mais cela ne veut pas dire que j’ai démission du Rdpc… C’est clair ! À moins que vous ne me démissionnez vous-mêmes ! Sur sa «précipitation à se répandre en déclarations» Certains d’entre-vous ont pensé que j’ai trop attendu puisqu’ils ont entendu ma voix ailleurs [sur Rfi, Ndlr]. Mais, c’était plus convenable et plus respectueux vis-à-vis de vous pour vous dire que je suis là. Vous devez le savoir, je me porte relativement bien. À titre d’exemple : avant d’aller en prison, je pesais 62 kg. Hier [vendredi 28 février 2014, Ndlr] par hasard je me suis pesé. Vous serez peut-être surpris : je pèse encore 62 kg. Donc 17 ans de bagne n’ont pas altéré la santé mentale, bien au contraire, ni la santé physique. Ses sentiments envers les responsables présumés (Amadou Ali, Akame Mfoumou, etc.) des écoutes téléphoniques révélées en 1997 et des théoriciens de la notion du «rouleau compresseur» J’ai suivi toutes ces manigances qui ont été des manigances d’une terrible violence. Pour moi la politique ne concerne pas ce genre de choses. La politique n’est pas et ne doit pas être un instrument de violence qui amène à la jouissance ostentatoire. Pour moi, la politique c’est un instrument qui donne des possibilités à chacun d’atteindre un bien-être global de l’être humain ; que ce soit sur le plan matériel, mental ou spirituel. C’est pour cela que, quoique ce soit un combat apparent, je considère la politique comme un débat d’idées. C’est ce qui après 17 ans m’autorise avec beaucoup de sérénité à pardonner. Si je les rencontrais aujourd’hui, je leur serrerais la main avec un sourire pas narquois, mais sincère. Les conditions de vie au Secrétariat d’État à la défense (Sed) Je peux vous dire que ce sera un autre livre. Répondre ici, ce serait prendre à la légère. Je peux tout simplement dire que pour vivre dans ces conditions, qui ont été des conditions terribles, terrifiantes, il fallait lutter contre la mort à chaque instant. Et chaque instant était différent d’un autre. Vous avez entendu le nombre de jours : 6 205 jours, 17 ans. Ceci dit, je vous fais grâce de tout ça. Je ne voudrais pas paraître une victime de qui que ce soit. J’aimerais tout simplement dire que la violence ne saurait être une vertu en politique comme ailleurs. C’est pourquoi il faut respecter l’autre physiquement, mentalement, respecter ses idées, ses pensées même si elles ne sont pas conformes aux nôtres. Cela fera changer tout le contexte dans notre pays. Sur la menace de nouveaux dossiers à charge contre lui Quand vous faites de la politique, si vous avez peur, il faut aller vous cacher. Quand on fait de la politique en Afrique, et particulièrement au Cameroun, il faut assumer. Les nouveaux dossiers il y en a eu tellement mais aucun n’a pris. Pourquoi ? Je donne ce message aux jeunes. Ce n’est pas seulement en politique, quand vous vivez, soyez conformes à votre propre conscience. C’est une richesse inestimable. Ainsi lorsque vous êtes attaqués, surtout quand c’est des attaques iniques, c’est avec sérénité que vous affrontez ce genre de choses. Sur sa sécurité personnelle Je suis un Camerounais, pourquoi voulez-vous que j’ai peur de me promener au Cameroun ? Surtout que je viens de recouvrer ma liberté. Je souhaiterais même ces jours-ci aller en ville. Après 17 ans, je crois que les choses ont beaucoup changé. Et je vous assure c’est sans peur de qui que ce soit. Ce n’est pas un challenge. Mais, c’est une victoire d’être un homme libre. S’il rencontrait le président de la République, que lui dirait-il ? Pourquoi voulez-vous le savoir ? Ce qui est intéressant n’est pas nécessairement bon pour tout le monde. Si je devais retrouver le président de la République vous le saurez plus tard. Permettez-moi d’avoir des secrets. Et s’il y avait des secrets, celui-ci en ferait partie. Le président de la République, si je devais le rencontrer demain, vous le saurez. Titus Edzoa, homme d’État ou homme politique ? Avant ma détention, j’avais la vision d’un homme d’État et un homme d’État est formé. Mais aujourd’hui, j’ai la vision d’un homme politique et un homme politique se forme. Le jour où j’ai démissionné, où j’ai décidé de me présenter comme candidat, c’est ce jour que j’ai décidé d’être un homme politique. Si un homme politique se forme, ce n’est pas du jour au lendemain. Ça se prépare intérieurement, extérieurement. Je peux vous le dire, je n’ai pas souhaité la prison, mais la prison m’a donné une occasion unique. J’ai appris des choses que je ne pouvais pas apprendre autrement. Si bien que j’aurais tout le temps pour partager avec vous mes pensées politiques. Je peux déjà vous rassurer qu’elles sont ce qu’elles ont été il y a 17 ans. Mais avec des ouvertures beaucoup plus puissantes. Paul Biya est-il concerné par son message de paix ? Quand on fait la paix on ne choisit pas avec qui on la fait. Mais, c’est surtout envers tous ceux qui avaient des sentiments cachés vis-à-vis de moi. C’est une ouverture. Je voudrais préciser que ce n’est pas une ouverture de faiblesse. C’est une ouverture de prise de conscience afin que le soi et l’autre convergent même si on ne pense pas de la même façon. En politique, on n’est pas obligé d’avoir la même pensée. C’est cette liberté qui doit construire par l’altérité. Je reviens plus convaincu encore de cela parce que j’ai eu le temps de réfléchir. Paul Biya, est-il un adversaire politique ? Cela va de soi que je suis considéré comme un opposant parce qu’au Cameroun je ne sais pas ce qu’on appelle opposant. Il y a des fois où le mot «opposant» devient une injure. J’ai le droit d’avoir mes idées et je suis jaloux de ma pensée politique. Que ce soit clair. Être opposant du président de la République ne signifie pas être irrespectueux. Il faut qu’on apprenne à dissocier ce genre de choses. Entend-il continuer d’exercer comme médecin ? On est médecin à vie. Même au Sed, je continuais à exercer comme médecin. Mais, dans la discrétion évidemment. Si quelque chose vous arrive là, j’ai le devoir déontologique de vous assister. Peut-être que la dextérité de mes doigts a diminué. Je n’ai pas encore vérifié. C’est comme aller à bicyclette. Surtout n’oubliez pas : je suis médecin et je suis enseignant. Le contact entre les étudiants et les vieux médecins a toujours été positif. Pour vous rassurer, j’ai toujours été pendant tout ce temps le seul Camerounais à être membre titulaire de la Société internationale des chirurgiens. Donc le savoir médical et chirurgical reste frais et ça ne me gênerait pas d’aider les jeunes à ce sujet. Au sujet de sa perception de l’Opération Épervier J’avais déjà eu l’occasion de dire beaucoup de choses là-dessus. Je voudrais vous rappeler que, quand j’ai été embastillé, l’Opération Épervier n’existait pas. Donc je ne fais pas partie de l’Opération Épervier. Cela ne veut pas dire que je me considère supérieur à ceux qui ont été attrapés dans le cadre de cette opération. Dernièrement à la Cour suprême, j’ai dû dissocier les deux choses en faisant une comparaison anodine entre deux oiseaux. L’un l’épervier et l’autre le phœnix. L’épervier vole très bas et attrape les poussins. Le phœnix vole très haut, autour du soleil et il a la faculté de renaître toujours de ses cendres. Je fais plutôt partie de cet univers-là. C’est pour cela que vous me voyez devant vous, je me crois assez lucide, après 17 ans. Le phœnix qui habite chacun d’entre nous, nous aide à traverser les épreuves difficiles et ce sont ces épreuves qui libèrent l’homme. C’est ça la philosophie de l’homme politique que je suis. Comment conjuguer une carrière politique avec un casier judiciaire chargé ? Vous croyez que la politique est moindre que la justice ? Si la justice avait prégnance sur la politique, je ne serais pas libéré. C’est clair non ? Sur le coup de fil présumé au président de la République et qui aurait fait grimper son adrénaline J’exhorte les professionnels que vous êtes, avec beaucoup de respect, à ne pas travailler sur la rumeur. Quand vous travaillez sur la rumeur vous ne pouvez pas imaginer l’impact que vous avez sur l’opinion publique. En l’occurrence, ça m’a beaucoup amusé. En 16 ans comment aurais-je pu avoir le numéro du président de la République ? Peut-être vous vous l’avez. Par éducation, je pense qu’il y a des moments où vous oubliez ce que c’est qu’un président de la République. On ne téléphone pas à un président de la République. C’est plus compliqué que cela. Je sais de quoi je parle. Je crois que le président de la République lui-même a dû sourire. Moi dans mon cachot, j’ai ri. La nouvelle information fausse s’est estompée elle-même. Quant à l’adrénaline du président. Moi je lui téléphone en secret et vous vous voyez l’adrénaline. On appelle cela des fantasmes dont se gargarise le peuple parce qu’il n’a pas d’information vraie. Et ce travail c’est vous qui devez le faire. Car l’information ce n’est pas la rumeur. Sur ses relations avec Michel-Thierry Atangana qui a nié avoir été son directeur de campagne Ce sont des détails. Qu’importe s’il reconnaît ou pas. Si vous avez constaté, nous avons été embastillés ensemble. Ce n’est pas parce que nous étions les plus beaux ! Ce jeune homme, je suis le seul à savoir quel a été son calvaire. Et croyez-moi, là où il est parti, il sait qui je suis pour lui, même dans le silence. Transmettez-lui toujours mon encouragement. Tout ce qui a pu se dire ou se faire, gardez ça pour vous. Il est aujourd’hui un homme libre. Les 17 années vont lui servir pour voir le monde d’une autre façon. Il a été un fils, il a été un directeur de campagne, il a été un compagnon de misère, j’ai le devoir de le respecter. Sa vision de l’avenir politique du Cameroun Je crois qu’il faut toujours regarder l’avenir avec optimisme. Tout ce qui arrive même si apparemment cela paraît négatif ou tumultueux, il y a toujours un enseignement. Pour notre pays en ce moment c’est chacun qui doit être vigilant et surtout éviter la violence. Ça n’amène nulle part cette force physique. Souvent ceux qui veulent démontrer qu’ils sont forts démontrent par-là leur faiblesse cachée. Je suis un martial, vous le savez. Il faut être fort mais ce qui est important c’est la puissance. Quand cette force est mise en mouvement, il faut savoir la maîtriser. Il n’est pas question de démontrer qu’on est plus fort que l’autre. Il faut attendre un mouvement pour un intérêt collectif. Ce n’est pas pour un clan ni pour un groupe de personnes. C’est ça l’espoir du Cameroun. Y-a-t-il eu des rapprochements politiques au Sed entre lui et les autres détenus, anciens membres du gouvernement ? Isolé, je n’ai pas été emprisonné. J’ai été séquestré si bien que je ne pouvais rencontrer personne. Sinon qu’un jour en allant au tribunal, on nous a mis dans le même car avec certains. Ce n’est pas ce voyage qui allait nous permettre de faire des alliances politiques. C’est plus compliqué que cela. Et encore ! Ce qui est important c’est que mes convictions politiques sont des convictions pour le bien-être collectif, le bien-être de l’autre. Quand le bien-être de l’autre réussit, le mien réussit deux fois. Un contact avec les autorités publiques depuis sa libération ? Pour le moment je n’ai été contacté par personne. Quant aux forces de l’ordre, je n’ai aucun ordre à leur donner. Je les ai trouvées pour ma sécurité puis à un moment, elles sont reparties. Je suis libre comme vous. Je me sens un homme libre, je n’ai peur de rien. S’attend-il à un possible rappel aux affaires ? Nous avons la culture du poste dans notre pays. C’est une des caractéristiques de notre système que j’abhorre. Comment pouvez-vous pensez qu’on doit vivre en attendant d’être nommé ? C’est incroyable. C’est pour cela que quand on est nommé, que ce soit dans le bon sens ou dans le mauvais sens, on prend des dispositions qui n’ont rien à voir avec l’intérêt collectif. Alors je voudrais vous répondre avec précision. Je n’attends rien, aucun poste ! Et ça ne me gêne pas. Il y a mille façons d’être utile dans la République. Si le poste arrive, je peux le refuser ou l’accepter mais j’aurais le devoir de vous expliquer. A-t-il pardonné à son ancien « ami » Paul Biya ? Un président de la République n’a pas d’amis. Cela veut dire que je n’ai jamais été l’ami du président de la République. Vous me faites un honneur de me donner ce titre. Mais en revanche, j’ai été un très proche collaborateur, disponible, honnête. Est-ce que je lui pardonne ? Ne mêlez pas le président de la République aux autres. Ça ne vous concerne pas. Ce n’est pas devant vous que je vais dire que je pardonne. Qui suis-je ? Quant aux autres, ils sont nombreux. Qu’ils sachent que je leur ai pardonné. A qui dire merci pour sa libération ? Dans le contexte politique les choses sont compliquées et c’est très difficile de faire toujours des dichotomies. Certes, il y a eu des interventions de l’extérieur que d’ailleurs je ne maîtrise pas. Ces interventions sont du domaine compassionnel. Quant au président de la République lui-même, c’est dans un contexte rationnel et d’étonnement. Mais, les deux domaines ne sont pas contraires, ils ont été complémentaires. D’aucuns me disent «Vous dites merci de l’extérieur, mais est-ce que vous dites merci au président de la République ?» Le président de la République n’a pas besoin de gratitude parce que la politique n’aime pas les génuflexions, quoi que vous en pensiez. Il faut rester digne, respecter le président de la République car s’il n’avait pas autorisé mon arrestation, je n’aurais jamais été embastillé. De l’autre côté s’il n’avait pas signé le décret, je n’aurais pas été libéré. Ce n’est pas une question d’amitié, d’allégeance… Arrêtez ça ! Ça déshonore non seulement le président de la République mais aussi notre contexte politique. Qu’est devenu le Comité de soutien de Titus Edzoa ? Ceux qui ont lu mon ouvrage ont vu que dans les remerciements, le Comité de libération de ma personne a été signalé avec beaucoup d’appui. Parce qu’à ce moment-là, ils étaient peu nombreux qui étaient prêts à s’afficher. Paix à son âme, M. Mongo Beti a pris mon parti. Je ne l’avais jamais rencontré auparavant. C’est ça les grandes âmes qui vivent par rapport aux valeurs. Un jour, il vint me rendre visite au Sed, il était habillé en jeans et en tricot. Quand je sors de la cellule, je vois un visiteur insolite. Il se lève tout de suite. Il me dit «Ah ! Cher ami. Je suis venu vous serrer la main. Vous avez eu le courage de faire le combat au Cameroun. La seule chose que je regrette c’est que moi je l’ai fait à l’extérieur. Mais, nos convictions se rejoignent». Qui étais-je à côté de cette icône ? Ceci s’est passé en cinq minutes. Quand les geôliers se sont rendus compte que c’était Mongo Béti, ils lui ont dit qu’ils regrettaient, que l’entretien ne pouvait plus continuer. C’est la dernière fois que je vis ce grand homme. Je ne sais pas ce qu’est devenu ce comité. Mais, je vais les contacter pour leur dire merci. Je vais envoyer une invitation à Mme Odile Tobner [qui a préfacé son livre «Méditations de prison», Ndlr], l’épouse de Mongo Béti pour lui dire merci. Sur ses biens qui ont été confisqués Pour ce qui concerne la justice, je préfère toujours m’en référer à mon avocat. Vous vous rappelez bien il y a eu une confusion. Condamnation à 15 ans, condamnation à 20 ans. D’aucuns disaient que 15 + 20 = 35. Mais, il faut toujours aller au fond quand vous ne comprenez pas. Ça été des aberrations inqualifiables. Si vous aviez recherché le fond, vous vous seriez rendu compte que la condamnation de 20 ans part d’une inculpation du 03 juillet 1997. C’était la première. C’est par cette inculpation que j’ai été déféré. Donc il n’était même pas question d’une fusion de peine puisque celle des 15 ans a été secondaire et je l’avais déjà consommée. C’était un peu comme des poupées russes. En fait le rouleau compresseur, c’était cela. Mais, les mêmes choses reviennent. Le mensonge a beau faire le tour du monde, la vérité a le temps de nouer ses lacets. Sur la conformité du bulletin de levée d’écrou avec le décret présidentiel sur la question du «trafic d’influence» Ce n’est pas parce qu’on est inculpé qu’on est coupable. L’inculpation de trafic d’influence était sans objet. C’était très beau de voir ce qui s’est passé au tribunal parce qu’au tribunal alors, j’ai expliqué les faits. Je pense que vous avez bien suivi ces faits-là. Et pour le droit, c’est les faits. C’est pourquoi la remise de peines me remet tous mes droits. Pas seulement pour moi mais pour vous. Afin que vous sachiez que ce monsieur a été innocent. Le problème n’était pas juridique. C’était de la politique mâtinée par la justice. Ce qui devait se passer, s’est passé. Vous avez lu le décret, il n’était pas juridique. Ceux-là mêmes qui m’accusaient savent que l’homme qui est devant eux ne peut pas détourner. Pour les jeunes, je le redis : la politique n’est pas le marchandage du matériel, c’est au-delà de ça. Donc il ne faut pas s’amuser avec ça parce qu’au final la vérité finit toujours par triompher. Propos recueillis par Alain NOAH AWANA |
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