Après sa lettre ouverte à Biya: Le Dr Alain Fogue Todem entendu au Sed
Le messager
Le politologue et président du parti politique Mouvement républicain populaire (Mrp) a été entendu sur instruction du ministre de la Défense par l’ex-colonel Daniel Njock Elokobi récemment promu général.Lundi 7 mars 2011. Ce jour en matinée, le Dr Alain Fogué Todem reçoit
un coup de fil du lieutenant colonel Abdoulaye Ngouyamssa, en service
au secrétariat d’Etat à la Défense , en charge de la gendarmerie
nationale (Sed). Ce dernier lui apprend que son chef hiérarchique
direct, le colonel Daniel Njock Elokobi souhaite d’urgence le
rencontrer. Le politologue qui connaît bien les milieux de la défense
nationale, pour avoir enseigné pendant des années à l’Ecole des Etats
majors de l’armée camerounaise, accepte aussitôt de se rendre au Sed.
Une fois sur place, il se dirige immédiatement au bureau du lieutenant
colonel Abdoulaye Ngouyamssa. Ce dernier lui réitère l’objet de son coup
de fil en précisant qu’il s’agit d’une invitation et non d’une
convocation. Alain Fogué lui répond alors qu’il préfère couper la poire
en deux en parlant de “ convocation-invitation ”.
Rendez-vous
est pris pour 12h avec celui qui est encore colonel au moment des
faits, Daniel Njock Elokobi. Une fois face à ce dernier, le politologue,
bien connu pour son franc parler, apprend que c’est sur instruction
écrite du ministre délégué à la présidence en charge de la Défense ,
Edgar Alain Mébé Ngo’o, que le secrétaire d’Etat à la défense a été
chargé de l’entendre sur sa dernière lettre ouverte au chef de l’Etat
Paul Biya, dont Le Messager a publié l’intégralité dans sa dernière
édition. Le désormais général de brigade (à qui Le Messager profite pour
présenter ses vives félicitations pour sa promotion), Daniel Njock
Elokobi demande alors d’entrée de jeu à Alain Fogué Tedom s’il est bien
l’auteur de cette lettre ouverte. Réponse affirmative immédiate de ce
dernier.
L’échange qui va suivre se résume en une espèce de procès d’intention fait au Dr Alain Fogué, notamment lorsqu’il apprend qu’il lui a toujours été reproché d’enseigner la politique dans les amphis-théâtres militaires, et qu’il serait le leader d’un parti politique de la place à l’idéologie subversive. Alain Fogué aurait alors répondu à son interrogateur qu’il s’étonne que ce soit maintenant que l’on se rende compte qu’il a enseigné la politique au sein de l’Ecole d’Etat-major.
De plus il est apparu sidéré que l’on ne sache pas depuis qu’il est
le président du Mouvement républicain populaire (Mrp), parti politique
pourtant légalisé depuis juillet 2002 et dont le siège est connu des
autorités de la République. Questionné sur les motivations de sa lettre
ouverte au président pour que ce dernier ne se représente plus lors de
la prochaine élection présidentielle, Alain Fogué a confirmé à son
interrogateur que “ nous sommes dans une usine à gaz, les
problèmes économiques et sociaux du Cameroun obligent tout citoyen de
dire que tout ne va pas bien. ” Il s’est dit honoré si jamais
le pouvoir pensait qu’il devait l’emprisonner pour avoir écrit cette
lettre au président de la République dont il assume entièrement les
termes.
Au final, le Dr Alain Fogué Tedom a quitté libre le Sed.
Mais dans son esprit, il sait très bien désormais qu’il est dans l’œil
du cyclone du régime qui n’accepte pas du tout les critiques et les
prises de positions allant dans le sens des réclamations du départ de
Paul Biya du pouvoir.