Après les fons...: Fru Ndi recherche les fonds pour sa retraite
Douala, 14 Mars 2013
© Benjamin ZÉBAZÉ | Ouest Littoral
Le «Chairman» est mort. Il ne nous reste plus qu'un vulgaire camerounais portant le nom banal de Ni John Fru Ndi désormais plus préoccupé par des questions matérielles que par le sort de ses compatriotes: comme les «Fons mendiants».
Jamais une formule n'aura autant sied à la situation: le «Chairman» est fini. La dernière volte face du patron du Social Democratic Front (Sdf) au sujet des élections sénatoriales a achevé de ruiner le peu de crédibilité de l'homme qui dirige le principal parti de l'opposition camerounaise.
Tout ce parcours pour rien.
Et ce n'est pas rien, que ce soit votre serviteur qui, depuis le lancement du Sdf dans les années 90 a toujours eu de l'admiration pour ce dernier qui en arrive à la conclusion que ce monsieur est devenu un véritable danger pour la démocratie camerounaise. Lorsque courageusement, alors que Paul Biya maintenait politiquement ce pays sous une chape de plomb, il s'est levé pour faire face aux balles du régime et lancer son parti le Social Democratic Front, nous étions fiers d'être camerounais.
Nous sommes aussi parmi ceux qui, n'étant encarté dans aucun parti politique ont néanmoins soutenu sa candidature lors de la première élection présidentielle pluraliste de ce pays dont il est sorti vainqueur avant que Monsieur Biya ne s'impose par la force. Nous avons continué à soutenir sa façon de faire lorsque, contrairement à des leaders politiques de second ordre comme Ndam Njoya (dont l'épouse est Député Udc), il a refusé d'occuper les postes de Maire et de Député qui lui était promis. Son intransigeance avec le régime prévaricateur de Paul Biya était de nature à nous faire croire qu'une alternative au sommet de l'Etat était possible.
Une mutation lente et incompréhensible
Depuis quelques temps, l'homme est méconnaissable. Déjà lors du cinquantenaire de l'armée à Bamenda, on a été surpris de le voir, presqu'ému lors d'une poignée de mains avec Paul Biya en compagnie d'un jeune homme dont les habitués de Ntarikon ont identifié comme son fils. Depuis, à chaque évènement important sur le plan national, il ne manque pas de prendre une position suspectée ou d'accomplir un geste malheureux.
Plus grave, son parti n'existe plus que par les sorties brutales du Nec lorsqu'il faut exclure un militant dont le crime est d'avoir dit au Chairman que l'on pouvait faire les choses autrement. Au niveau des idées, le parti ressemble à un encéphalogramme désespérément plat. Que propose ce parti dans de nombreux domaines aux Camerounais pour sortir de l'impasse actuelle? Tout ce qui semble désormais intéresser son principal leader est d'assurer ses vieux jours.
Alors le parti est devenu une véritable enclave tribale dans laquelle même les «Bamis» sont à l'étroit alors qu'ils étaient ses principaux financiers. La composition de son «Shadow Cabinet» (Gouvernement fantôme) a été un sommet du tribalisme politique. Même Paul Biya, avec des litres d'Odontol dans le corps n'aurait pu commettre pareille forfaiture. Un membre influent du Nec interrogé sur la question nous a lâché, las: «Vous avez raison, il y a quand même quelque chose qui ne va pas». Le sommet du cynisme a été atteint par ce monsieur à l'occasion de l'annonce des élections Sénatoriales par l'autre fossoyeur de la démocratie qu'est Paul Biya. On a assisté à un acte d'une malhonnêteté qui restera dans l'histoire; Fru Ndi a dans un premier temps menacé de faire fouetter les Conseillers municipaux qui accepteraient de prendre part à cette élection. Après avoir fait semblant d'insulter Paul Biya comme à l'accoutumée, il a pratiquement demandé à ses partisans de prendre les machettes contre le régime.
La fin du Social Democratic Front
C’est alors, qu'il a sorti une demande n'ayant aucun sens consistant à rencontrer Monsieur Biya avant les élections. Ce dernier, n'ayant plus aucune considération pour lui, a envoyé son homme des opérations obscures Belinga Eboutou. Quand on sait que ce monsieur est spécialisé dans la distribution de l'argent de l'Etat pour des causes n'ayant aucun rapports avec l'intérêt général comme cette aide accordée aux médias lors de la dernière élection présidentielle, on a du mal à se dire que rien de suspect ne s'est passé entre Ni John Fru Ndi et lui pour que le belliqueux d'hier, sorte de cet entretien comme un chat bien apprivoisé. Plus symptomatique de l'attitude du personnage est le fait que, tous les membres de sa délégation étaient de culture anglophone.
Une source proche du dossier nous indique que Ni John Fru Ndi aurait reçu «du haut lieu» la certitude que des instructions seraient données pour que son parti ne soit pas gêné au Nord-Ouest par le Rdpc lors de ces élections. En plus, un poste de Vice-Président serait accordé à son parti.
Voilà donc l'ancien Chairman à peu près certain de devenir Sénateur en détruisant une légende au grand dam de tout ceux qui l'on soutenu, parfois au péril de leur vie. Décidément, l'absence de bagage intellectuel conséquent fini toujours par rattraper ceux qui en manque.
On pourrait néanmoins procéder à une lecture psychanalytique d'un tel comportement pour en tirer des conséquences pour l'avenir. Un expert parlerait de narcissisme à tendance égocentrique de la part de quelqu'un qui voulait être Président de la République et sait qu'il ne le sera jamais. Plutôt que de laisser à un autre le soin de tenter sa chance en utilisant la machine de guerre qu'est le Sdf, il préfère que tout le monde perdre en sabordant le parti. Il faut bien dire que le Sdf et son leader sont morts. Pas sûr qu’il y ait beaucoup de gens à leurs funérailles.
© Benjamin ZÉBAZÉ | Ouest Littoral
Le «Chairman» est mort. Il ne nous reste plus qu'un vulgaire camerounais portant le nom banal de Ni John Fru Ndi désormais plus préoccupé par des questions matérielles que par le sort de ses compatriotes: comme les «Fons mendiants».
Jamais une formule n'aura autant sied à la situation: le «Chairman» est fini. La dernière volte face du patron du Social Democratic Front (Sdf) au sujet des élections sénatoriales a achevé de ruiner le peu de crédibilité de l'homme qui dirige le principal parti de l'opposition camerounaise.
Tout ce parcours pour rien.
Et ce n'est pas rien, que ce soit votre serviteur qui, depuis le lancement du Sdf dans les années 90 a toujours eu de l'admiration pour ce dernier qui en arrive à la conclusion que ce monsieur est devenu un véritable danger pour la démocratie camerounaise. Lorsque courageusement, alors que Paul Biya maintenait politiquement ce pays sous une chape de plomb, il s'est levé pour faire face aux balles du régime et lancer son parti le Social Democratic Front, nous étions fiers d'être camerounais.
Nous sommes aussi parmi ceux qui, n'étant encarté dans aucun parti politique ont néanmoins soutenu sa candidature lors de la première élection présidentielle pluraliste de ce pays dont il est sorti vainqueur avant que Monsieur Biya ne s'impose par la force. Nous avons continué à soutenir sa façon de faire lorsque, contrairement à des leaders politiques de second ordre comme Ndam Njoya (dont l'épouse est Député Udc), il a refusé d'occuper les postes de Maire et de Député qui lui était promis. Son intransigeance avec le régime prévaricateur de Paul Biya était de nature à nous faire croire qu'une alternative au sommet de l'Etat était possible.
Une mutation lente et incompréhensible
Depuis quelques temps, l'homme est méconnaissable. Déjà lors du cinquantenaire de l'armée à Bamenda, on a été surpris de le voir, presqu'ému lors d'une poignée de mains avec Paul Biya en compagnie d'un jeune homme dont les habitués de Ntarikon ont identifié comme son fils. Depuis, à chaque évènement important sur le plan national, il ne manque pas de prendre une position suspectée ou d'accomplir un geste malheureux.
Plus grave, son parti n'existe plus que par les sorties brutales du Nec lorsqu'il faut exclure un militant dont le crime est d'avoir dit au Chairman que l'on pouvait faire les choses autrement. Au niveau des idées, le parti ressemble à un encéphalogramme désespérément plat. Que propose ce parti dans de nombreux domaines aux Camerounais pour sortir de l'impasse actuelle? Tout ce qui semble désormais intéresser son principal leader est d'assurer ses vieux jours.
Alors le parti est devenu une véritable enclave tribale dans laquelle même les «Bamis» sont à l'étroit alors qu'ils étaient ses principaux financiers. La composition de son «Shadow Cabinet» (Gouvernement fantôme) a été un sommet du tribalisme politique. Même Paul Biya, avec des litres d'Odontol dans le corps n'aurait pu commettre pareille forfaiture. Un membre influent du Nec interrogé sur la question nous a lâché, las: «Vous avez raison, il y a quand même quelque chose qui ne va pas». Le sommet du cynisme a été atteint par ce monsieur à l'occasion de l'annonce des élections Sénatoriales par l'autre fossoyeur de la démocratie qu'est Paul Biya. On a assisté à un acte d'une malhonnêteté qui restera dans l'histoire; Fru Ndi a dans un premier temps menacé de faire fouetter les Conseillers municipaux qui accepteraient de prendre part à cette élection. Après avoir fait semblant d'insulter Paul Biya comme à l'accoutumée, il a pratiquement demandé à ses partisans de prendre les machettes contre le régime.
La fin du Social Democratic Front
C’est alors, qu'il a sorti une demande n'ayant aucun sens consistant à rencontrer Monsieur Biya avant les élections. Ce dernier, n'ayant plus aucune considération pour lui, a envoyé son homme des opérations obscures Belinga Eboutou. Quand on sait que ce monsieur est spécialisé dans la distribution de l'argent de l'Etat pour des causes n'ayant aucun rapports avec l'intérêt général comme cette aide accordée aux médias lors de la dernière élection présidentielle, on a du mal à se dire que rien de suspect ne s'est passé entre Ni John Fru Ndi et lui pour que le belliqueux d'hier, sorte de cet entretien comme un chat bien apprivoisé. Plus symptomatique de l'attitude du personnage est le fait que, tous les membres de sa délégation étaient de culture anglophone.
Une source proche du dossier nous indique que Ni John Fru Ndi aurait reçu «du haut lieu» la certitude que des instructions seraient données pour que son parti ne soit pas gêné au Nord-Ouest par le Rdpc lors de ces élections. En plus, un poste de Vice-Président serait accordé à son parti.
Voilà donc l'ancien Chairman à peu près certain de devenir Sénateur en détruisant une légende au grand dam de tout ceux qui l'on soutenu, parfois au péril de leur vie. Décidément, l'absence de bagage intellectuel conséquent fini toujours par rattraper ceux qui en manque.
On pourrait néanmoins procéder à une lecture psychanalytique d'un tel comportement pour en tirer des conséquences pour l'avenir. Un expert parlerait de narcissisme à tendance égocentrique de la part de quelqu'un qui voulait être Président de la République et sait qu'il ne le sera jamais. Plutôt que de laisser à un autre le soin de tenter sa chance en utilisant la machine de guerre qu'est le Sdf, il préfère que tout le monde perdre en sabordant le parti. Il faut bien dire que le Sdf et son leader sont morts. Pas sûr qu’il y ait beaucoup de gens à leurs funérailles.