Après l’échec de la médiation d’Odinga - Gbagbo ouvre la voie à l’option militaire/ Les Chefs d’Etat-major de la CEDEAO mettent en garde Gbagbo -“Nous ne bluffons pas ! Nous attendons le Jour-J”
Après
l’échec de la médiation d’Odinga - Gbagbo ouvre la voie à l’option
militaire/ Les Chefs d’Etat-major de la CEDEAO mettent en garde Gbagbo
-“Nous ne bluffons pas ! Nous attendons le Jour-J”
(Le Patriote 20/01/2011)
S’il ignorait pourquoi l’on surnomme Laurent Gbagbo ‘’le boulanger’’, eh bien, le Premier ministre Kenyan Raila Odinga vient de l’apprendre à ses dépens ! Le pauvre, il a été copieusement roulé dans la farine par un Gbagbo, fier d’ailleurs de porter son sobriquet. Un sobriquet, qu’il a même revendiqué lors de l’interview qu’il a accordée la semaine dernière à Canal+. Les missions de bons offices qu’il a entamées pour la seconde fois en une quinzaine de jours sur les bords de la Lagune Ebrié pour tenter de démêler l’écheveau politique né de la présidentiel du 28 novembre dernier, ont buté, une fois encore, sur la volonté de Gbagbo de se maintenir au pouvoir. Encore une fois, le chef de l’Etat sortant a dit ‘’non’’ à Odinga. Comme il a dit ‘’non’’ à la CEDEAO, à l’UA, à l’ONU, à la France et même aux USA. En clair, comme il a dit ‘’non’’ à la communauté internationale qui s’est impliquée dans la crise, née de la présidentielle de novembre. Par son entêtement à ne pas céder le pouvoir à celui qui le mérite légitimement et légalement parce que, vainqueur des élections, le chef de file de la Refondation ne laisse pas le choix ‘’au reste du monde’’ de se liguer contre lui. Dans le même temps, Gbagbo donne raison et appelle par son comportement, à la solution militaire. Sur la question justement, les avis commencent à converger, même s’il y a des nuances de part et d’autre. A l’issue de son entretien avec Nicolas Sarkozy à l’Elysée, Blaise Compaoré a été clair: « (…) Comme vous l’avez suivi aussi, nous n’avons pas exclu d’autres mesures plus fortes pour le retour de l ‘ordre constitutionnel (…).» Pour sa part, la ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie a soutenu devant la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale que la force ne serait envisageable qu’en ‘’tout dernier recours’’. Avec l’échec de la médiation d’Odinga, on peut avancer sans conteste que le point de non retour est atteint et que la force militaire peut se justifier. Surtout que la chef de la diplomatie française, a bien rappelé que «l’option militaire est soutenue par un certain nombre d’Etats africains.» Ceux-ci justement, ont mis en mission leurs chefs d’état-major. Ces généraux étaient en ‘’conclave’’ à Bamako depuis le 18 janvier. Les militaires, au garde-à-vous, ont été eux aussi très clairs. Ils ont dit leur détermination à intervenir pour restaurer la démocratie : «Nous sommes prêts à passer à l’action pour écarter Gbagbo», ont-ils dit. On aurait dit tout simplement que Gbagbo vient, par son acte, de donner à la communauté internationale, la chicotte pour le frapper. Parce que toutes les voies pacifiques de règlement de la crise postélectorale ont été épuisées. La seule lueur d’espoir entretenue était la visite du chef du gouvernement kenyan. Surtout lorsqu’il a dit, après sa première rencontre avec Gbagbo qu’il avait «des avancées utiles». Ce bout de phrase, prononcée par l’hôte des Ivoiriens, avait fait rêver certains. Une joie et un optimisme qui n’auront duré que le temps pour Gbagbo de changer d’humeur. Et il changea effectivement d’humeur. Ramenant son hôte de quarante heures à la triste réalité. Raila Odinga a donc regagné son pays sans être parvenu à raisonner le perdant de la présidentielle.
Yves-M. ABIET
Les Chefs d’Etat-major de la CEDEAO mettent en garde Gbagbo - “Nous ne bluffons pas ! Nous attendons le Jour-J”
Les Chefs d’Etat-major de la CEDEAO n’en démordent pas. Ils se disent disposés à réussir une éventuelle intervention militaire en Côte d’Ivoire. Ils l’ont dit lors de la clôture de la 28ème session ordinaire du Comité des Chefs d’Etat-major de la CEDEAO qui a pris fin hier, à l’hôtel Salam de Bamako. Dans son intervention, le président de ce Comité, le Nigerian Oluseyi Petinrin, Général d’armée aérienne, a expliqué qu’il y a eu deux jours de « discussions positives » qui ont permis d’apprécier le niveau de professionnalisme des militaires ouest africains. Aussi, a-t-il salué la grande contribution des premiers responsables des forces onusiennes de la Côte d’Ivoire et du Liberia. Toute chose qui a été un atout pour une meilleure compréhension de la crise ivoirienne et de la présence des réfugiés ivoiriens tout le long de la frontière ivoiro-libérienne. Convaincu que les problèmes de la CEDEAO ne peuvent être réglés que par la CEDEAO, Oluseyi Petinrin a souligné que les résultats obtenus lors de ce conclave aideront à franchir une étape supplémentaire dans la sécurisation des pays de la sous-région. En ce qui concerne le cas spécifique de la Côte d’Ivoire, le général d’armée aérienne du Nigéria, a révélé qu’une esquisse de plan a été présentée pour minimiser les effets au niveau du Liberia. Cela, grâce aux données reçues des différents responsables des forces onusiennes de ces deux pays. Mieux, les chefs d’Etat-major ont pu s’informer sur tout ce qui se passe dans la sous-région au plan militaire. « Nous avons longuement discuté de la crise ivoirienne. Les chefs d’Etat de la CEDEAO nous ont donné des instructions pour que nous préparions nos troupes pour leur déploiement. Si la question de la crise ivoirienne est réglée par la politique il n’y aura pas d’intervention militaire », a-t-il révélé. Cependant pour lui, si toutes les tentatives échouent ils interviendront. « C’est pour cela que nous nous préparons et nous attendons que toutes les voies du dialogue soient rompues pour agir. Sachez cependant qu’un plan militaire ne se dévoile pas. Mais, si quelqu’un pense que c’est du bluff, tant pis pour lui », a prévenu le nigérian. Selon lui, les chefs d’Etat-major sont sous la responsabilité des chefs d’Etat et c’est à ces derniers de déterminer le moment opportun. Pour Oluseyi, la préparation étant un reflexe militaire, ils sont en attente des consignes. « Nous attendons le jour-j pour passer à l’offensive. Et j’espère que vous avez pris bonne note », a-t-il dit aux plus sceptiques. Répondant à une question relative aux 2000 casques bleus supplémentaires, Oluseyi Petinrin a ironisé en précisant que « l’Onu c’est l’Onu et la CEDEAO c’est la CEDEAO », tout en reconnaissant les efforts faits par cette entité. « Notre tâche est claire et pas ambiguë : Nous allons l’exécuter quand on nous demandera de le faire », a-t-il conclu.
Jean Eric ADINGRA (Envoyé spécial à Bamako)
(Le Patriote 20/01/2011)
S’il ignorait pourquoi l’on surnomme Laurent Gbagbo ‘’le boulanger’’, eh bien, le Premier ministre Kenyan Raila Odinga vient de l’apprendre à ses dépens ! Le pauvre, il a été copieusement roulé dans la farine par un Gbagbo, fier d’ailleurs de porter son sobriquet. Un sobriquet, qu’il a même revendiqué lors de l’interview qu’il a accordée la semaine dernière à Canal+. Les missions de bons offices qu’il a entamées pour la seconde fois en une quinzaine de jours sur les bords de la Lagune Ebrié pour tenter de démêler l’écheveau politique né de la présidentiel du 28 novembre dernier, ont buté, une fois encore, sur la volonté de Gbagbo de se maintenir au pouvoir. Encore une fois, le chef de l’Etat sortant a dit ‘’non’’ à Odinga. Comme il a dit ‘’non’’ à la CEDEAO, à l’UA, à l’ONU, à la France et même aux USA. En clair, comme il a dit ‘’non’’ à la communauté internationale qui s’est impliquée dans la crise, née de la présidentielle de novembre. Par son entêtement à ne pas céder le pouvoir à celui qui le mérite légitimement et légalement parce que, vainqueur des élections, le chef de file de la Refondation ne laisse pas le choix ‘’au reste du monde’’ de se liguer contre lui. Dans le même temps, Gbagbo donne raison et appelle par son comportement, à la solution militaire. Sur la question justement, les avis commencent à converger, même s’il y a des nuances de part et d’autre. A l’issue de son entretien avec Nicolas Sarkozy à l’Elysée, Blaise Compaoré a été clair: « (…) Comme vous l’avez suivi aussi, nous n’avons pas exclu d’autres mesures plus fortes pour le retour de l ‘ordre constitutionnel (…).» Pour sa part, la ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie a soutenu devant la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale que la force ne serait envisageable qu’en ‘’tout dernier recours’’. Avec l’échec de la médiation d’Odinga, on peut avancer sans conteste que le point de non retour est atteint et que la force militaire peut se justifier. Surtout que la chef de la diplomatie française, a bien rappelé que «l’option militaire est soutenue par un certain nombre d’Etats africains.» Ceux-ci justement, ont mis en mission leurs chefs d’état-major. Ces généraux étaient en ‘’conclave’’ à Bamako depuis le 18 janvier. Les militaires, au garde-à-vous, ont été eux aussi très clairs. Ils ont dit leur détermination à intervenir pour restaurer la démocratie : «Nous sommes prêts à passer à l’action pour écarter Gbagbo», ont-ils dit. On aurait dit tout simplement que Gbagbo vient, par son acte, de donner à la communauté internationale, la chicotte pour le frapper. Parce que toutes les voies pacifiques de règlement de la crise postélectorale ont été épuisées. La seule lueur d’espoir entretenue était la visite du chef du gouvernement kenyan. Surtout lorsqu’il a dit, après sa première rencontre avec Gbagbo qu’il avait «des avancées utiles». Ce bout de phrase, prononcée par l’hôte des Ivoiriens, avait fait rêver certains. Une joie et un optimisme qui n’auront duré que le temps pour Gbagbo de changer d’humeur. Et il changea effectivement d’humeur. Ramenant son hôte de quarante heures à la triste réalité. Raila Odinga a donc regagné son pays sans être parvenu à raisonner le perdant de la présidentielle.
Yves-M. ABIET
Les Chefs d’Etat-major de la CEDEAO mettent en garde Gbagbo - “Nous ne bluffons pas ! Nous attendons le Jour-J”
Les Chefs d’Etat-major de la CEDEAO n’en démordent pas. Ils se disent disposés à réussir une éventuelle intervention militaire en Côte d’Ivoire. Ils l’ont dit lors de la clôture de la 28ème session ordinaire du Comité des Chefs d’Etat-major de la CEDEAO qui a pris fin hier, à l’hôtel Salam de Bamako. Dans son intervention, le président de ce Comité, le Nigerian Oluseyi Petinrin, Général d’armée aérienne, a expliqué qu’il y a eu deux jours de « discussions positives » qui ont permis d’apprécier le niveau de professionnalisme des militaires ouest africains. Aussi, a-t-il salué la grande contribution des premiers responsables des forces onusiennes de la Côte d’Ivoire et du Liberia. Toute chose qui a été un atout pour une meilleure compréhension de la crise ivoirienne et de la présence des réfugiés ivoiriens tout le long de la frontière ivoiro-libérienne. Convaincu que les problèmes de la CEDEAO ne peuvent être réglés que par la CEDEAO, Oluseyi Petinrin a souligné que les résultats obtenus lors de ce conclave aideront à franchir une étape supplémentaire dans la sécurisation des pays de la sous-région. En ce qui concerne le cas spécifique de la Côte d’Ivoire, le général d’armée aérienne du Nigéria, a révélé qu’une esquisse de plan a été présentée pour minimiser les effets au niveau du Liberia. Cela, grâce aux données reçues des différents responsables des forces onusiennes de ces deux pays. Mieux, les chefs d’Etat-major ont pu s’informer sur tout ce qui se passe dans la sous-région au plan militaire. « Nous avons longuement discuté de la crise ivoirienne. Les chefs d’Etat de la CEDEAO nous ont donné des instructions pour que nous préparions nos troupes pour leur déploiement. Si la question de la crise ivoirienne est réglée par la politique il n’y aura pas d’intervention militaire », a-t-il révélé. Cependant pour lui, si toutes les tentatives échouent ils interviendront. « C’est pour cela que nous nous préparons et nous attendons que toutes les voies du dialogue soient rompues pour agir. Sachez cependant qu’un plan militaire ne se dévoile pas. Mais, si quelqu’un pense que c’est du bluff, tant pis pour lui », a prévenu le nigérian. Selon lui, les chefs d’Etat-major sont sous la responsabilité des chefs d’Etat et c’est à ces derniers de déterminer le moment opportun. Pour Oluseyi, la préparation étant un reflexe militaire, ils sont en attente des consignes. « Nous attendons le jour-j pour passer à l’offensive. Et j’espère que vous avez pris bonne note », a-t-il dit aux plus sceptiques. Répondant à une question relative aux 2000 casques bleus supplémentaires, Oluseyi Petinrin a ironisé en précisant que « l’Onu c’est l’Onu et la CEDEAO c’est la CEDEAO », tout en reconnaissant les efforts faits par cette entité. « Notre tâche est claire et pas ambiguë : Nous allons l’exécuter quand on nous demandera de le faire », a-t-il conclu.
Jean Eric ADINGRA (Envoyé spécial à Bamako)
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