Après le décès de Jérôme Mendouga, Les pensionnaires de Kondengui préparent une grève de la faim

DOUALA - 19 NOV. 2014
© Florette MANEDONG | Le Messager

 

Sont pointés du doigt les mauvaises conditions de détention, l’absence de soins et l’étouffement qui sont à l’origine des décès qui se succèdent déjà depuis peu à la prison centrale de Yaoundé Kondengui.

 

 

Prison de Yaounde - Kondengui
Photo: (c) Archives

Les prisonniers de Kondengui ont décidé d’entamer une grève de la faim. «Ils font une grève de la faim qu’ils mangent d’abord quoi ?», diront certains. Mais nous sommes tous, sans ignorer le degré de colère et de détermination d’un homme affamé. À la prison centrale de Yaoundé à Kondengui, règne l’ambiance des jours peu ordinaire. L’atmosphère est ainsi plombée, depuis l’annonce du décès de l’ex-ambassadeur du Cameroun aux Usa, Jérôme Mendouga, qui a trouvé la mort à l’Hôpital général de Yaoundé, samedi 15 novembre 2014, après seulement 03 semaines d’hospitalisation.

 

À Kondengui, c’est loin d’être une question de destin ou de fatalité. Les prisonniers accusent, dénoncent et se plaignent. Ils le vivent d’ailleurs très mal, et chacun «sent désormais son jour proche», apprend-on ici. «Nous avons à peine fini de porter le deuil d’Engoulou, qu’un autre décès, dans les mêmes conditions ou presque nous tombe sur les bras. Les détenus se posent des questions, et il faut réagir », laisse entendre un des leurs. Et un autre d’argumenter : «nous avons été arrêtés et maintenus en détention par l’Etat. Et du coup, l’Etat a certaines exigences à remplir envers nous. Il doit s’assurer de notre nutrition, bien nous loger, nous vêtir et nous soigner lorsque nous sommes malades, mais ce n’est pas le cas. On peut comprendre qu’ils sont un peu largués face aux genres de maladies que nous avons, qui nécessitent toujours de forts moyens financiers, car, il faut toujours soit un scanner, soit une Irm, une Biopsie et … . Des choses qui auraient été des détails pour nous. Mais dès lors qu’il t’est refusé de comparaître libre, et lorsque tous tes biens sont saisis, comment faire ? L’Etat doit assumer ses responsabilités», laisse entendre un Vip. De plus, reprennent certains détenus en chœur, nous n’avons pas de permission de sortie. Pour un petit tour à l’hôpital, on te colle une telle garde que tu n’es même pas serein en allant à l’hôpital. Les gars du Kossovo alors, ils y vont, (pour ceux qui ont cette chance), enchaînés. Et depuis la fausse tentative d’évasion de l’ex-Minefi Abah Abah, la situation est encore plus grave ! Pourtant, les gardiens de prisons ont toujours bien gardé les détenus, poursuivent-ils. La disponibilité ou l’indisponibilité des gendarmes et autres policiers qui font désormais partie de l’escorte, n’est pas pour nous faciliter la tâche.

 

«C’est d’ailleurs de ça que se plaignait l’ex-ambassadeur avant son décès», conclut l’un d’eux. Le système d’incarcération mis en place actuellement à en croire les prisonniers, n’est pas pour les faire atteindre leurs vieux jours. Leurs moyens personnels leur auraient permis de se prendre en charge eux-mêmes, car : « nous avons tous les amis d’âges d’Engoulu et de Mendouga qui sont là à l’extérieur et pleins de vie. Et même, des plus âgés qu’eux : les Mbarga Nguelé de 95 ans, les Mukété, les Nyat, bref, ces pré-centenaires qui nous gouvernent. Mais, ce sont les jeunes d’à peine 59 ans, qui meurent ici en prison tous les jours il y a un réel problème de violation des droits de l’Homme ». Ici, certes sous cape, se prépare une grève de la faim, pour protester contre tout cela.

 

Florette MANEDONG

 



19/11/2014
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