Après la suspension du Cameroun: Roger Milla, Joseph Antoine Bell, Assou Ekoto répondent à la Fifa

Douala, 08 Juillet 2013
© Christian TCHAMI | Le Messager

C'est un mélange de colère, de ras-le-bol, de désolation et même d'espoir de sortir du gouffre, qui anime la quasi-totalité des acteurs du football camerounais, que la nouvelle de la suspension du Cameroun par la Fifa a profondément affectés. Dans l'ensemble, cette décision a été accueillie comme une bourrasque et les réactions sont pratiquement les mêmes partout.

Pour avoir porté le Cameroun au firmament, au point de ramener des trophées dans leur escarcelle, ils savent pertinemment que le football au pays traverse une période assez compliquée de son histoire. Ce sport roi qui s'est révélé être jadis, le seul véritable facteur d'unité et d'intégration sociale et nationale, qui faisait rayonner l'image de tout un peuple à travers le monde entier. Aujourd'hui que la Fédération internationale de football association (Fifa) décide de suspendre le Cameroun pour motif d'ingérence gouvernementale, ils en ont tous gros sur le cœur. Roger Milla, actuellement en vacances en Europe, n'est pas allé de main morte pour récuser cette décision de l'instance faîtière du football mondial à l'endroit du Cameroun. Pour l'Ambassadeur itinérant, ce n'est pas la Fifa qui commande le football africain. C'est bien la Caf d'abord. Pourquoi elle n'a pas géré ça avant? Nous ne voulons aucune négociation. Nous voulons qu'on applique les statuts de la Fécafoot. Quand il y a vacance à la présidence, c'est le 1er vice-président qui prend les choses en main, argue le vieux Lion qui décrie cette (mauvaise) habitude de la Fifa, à toujours protéger son poulain quand bien même ce dernier foule aux pieds, ses propres textes.

Pour le footballeur africain du siècle, cette sortie de la Fifa n'est ni plus ni moins que du chantage. Sinon, «comment .trouvez-vous que la Fifa suspend provisoirement le Cameroun et lui donne en même temps trois points? C'est la Fila qui est en train de s'ingérer dans les affaires du Cameroun. Pourquoi c'est quand ils se rendent compte qu'on est en train de mettre leurs gens (camp Iya Ndlr) dehors, qu'ils demandent de réviser les statuts de la Fécafoot? Même si on révise ces textes, nous ne les voulons plus. C'est eux qui ont mis ce football à terre. Qu'on laisse d'abord le 1er vice-prési¬dent gérer pour le moment et après on fera les élections». Ramant dans le même sens que son ancien coéquipier, Joseph-Antoine Bell, estime que la Fifa a perdu de sa crédibilité et que ses décisions ne sont non plus des paroles d'évangile. Pour lui, «la Fifa nous offre aujourd'hui une révision avec des dirigeants non éligibles, mieux que les gens revendiquent avant. En cela, la Fila se comporte comme toute bonne dictature qui se réveille beaucoup trop tard (...) Elle a félicité un élu, qui, au moment de son élection, était déjà en prison. Elle reconnaît qu'il n'y a pas eu élection et qu'il faut tout reprendre. En voulant cacher quelque chose, on se trahit un peu».


Issa Hayatou

Et Joseph-Antoine Bell d'élucider la position de la Confédération africaine de football (Caf) dans cette sanction, «Comment peut-on nous dire que l'administration de la Fifa, dont M. Hayatou est le vice-président et que la Caf dont M. Hayatou est le Président, peuvent prétendre connaître des Camerounais et de savoir que celui-là est d'accord de faire partie du Comité de normalisation sans être candidat lui-même? (...) On vient de nous vendre M. Hayatou moins cher. On nous dit, en nous assurant qu'il n'en fait pas partie, alors que M. Hayatou, c'est le grand manitou en arrière-plan», constate l'homme qui a été porté au panthéon du sport africain le mois der¬nier. Dans une interview accordée à nos confrères de Reuters vendredi 05 juillet dernier, Benoît Assou Ekotto ne reste pas insensible face à ce coup de tonnerre. «It is sad to see the
Cameroon federation in this kind of situation but I'm sure the problem will be solved soon and we will hopefully qualify for the World Cup», lâche-t-il. Traduction: c'est triste de voir la fédération camerounaise dans cette situation, mais je suis sûr que le problème va bientôt être résolu et que nous nous qualifierons pour la Coupe du monde».

Venant Mboua, lui, salue cette décision de la Fifa qui vient mettre un terme à la cacophonie dans laquelle baigne le sport-roi depuis plusieurs années. Le journaliste, comédien et écrivain camerounais établi aux Etats-Unis, croit savoir que ce sursis permettra peut-être au pays de Milla de se remettre sur les rails. Dans une lettre adressée à Paul Biya, il lui rappelle que s'il n'a plus utilisé le football comme symbole et les Lions comme modèles, c'est tout simplement parce que ce football ne sert plus au premier sportif camerounais. La preuve, écrit-il, «depuis 1990, il aligne scandales financiers et filouteries de toutes sortes. Depuis 2003, l'équipe des Lions indomptables seniors collectionne les échecs dont le plus humiliant aura été le zéro ramené d'Afrique du sud. Que nous rapportent donc les compétitions de la Fila et de la Caf, à nous, citoyens et à vous, politicien? Rien! En revanche, que de milliards elles engloutissent!».

Pour l'ancien vice-président de l'association Carrefour des conteurs contemporains, le football est devenu nuisible à la paix et l'harmonie nationale, un danger pour les propres calculs politiques de Biya. Suffisant pour proposer au Nnom Ngui de «fermer ces bêtises! Donnez une chance aux sportifs camerounais d'espérer. Donnez une chance au football camerounais de renaître. Donnez-vous, vous-même, Monsieur le Président, une chance de poser un acte positif pour le football camerounais. Laissez la Fifa suspendre le Cameroun».



08/07/2013
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