Après la CAN: Les camerounais du Gabon dans la spirale de l’expulsion

DOUALA - 15 Février 2012
© Christian TCHAPMI | Le Messager

Après trois semaines de congés consécutives au déroulement de la 28ème édition de la Coupe d'Afrique des Nations (CAN Orange 2012), organisée par le Gabon et la Guinée Equatoriale, les élèves de Libreville et ceux des autres villes du pays ont renoué avec les classes lundi 13 février 2012. Les compatriotes de Paul Biya vivent désormais avec la peur de se voir reconduire aux frontières.

La récréation est terminée. Finie l'euphorie et la liesse des supporters avides de spectacles dans les stades de l'Amitié Sino gabonaise de Libreville ou de Franceville. Finies les soirées interminables devant le petit écran, à vivre en direct les matches jusqu'au bout du suspens. Fini le Panther's spirit qui, comme une hantise, a habité de nombreux jeunes pendant les 21 jours qu'ont duré la CAN. Finies aussi les virées nocturnes dans les night clubs les plus huppés de la capitale. La CAN est finie, place aux stylos, aux cahiers et aux livres.

Ils sont des milliers de jeunes scolaires à avoir repris le chemin de l'école lundi dernier. Drapés dans leurs uniformes, on les a vu prendre d'assaut les artères de Libreville, Lambaréné, Moanda ou encore de Mimongo, qui pour emprunter un taxi, qui pour se rendre à l'école à pied. Subjugués entre la joie de renouer avec les bancs et la déception de voir les 21 jours de congés à eux accordés s'achever aussi vite, élèves d'établissements publics et privés ont massivement regagné les salles de classes pour aborder le deuxième trimestre, taxé de «dernier virage» avant les examens de fin d'année.

C'est le cas des élèves du Collège Monseigneur Bessieux, le plus ancien et un des plus réputés du Gabon. Ici, la discipline et le travail, maîtres mots de cet établissement sont loin d'avoir quitté les esprits malgré la trêve. Pour ce deuxième trimestre, l'accent a été mis sur la tenue correcte, la ponctualité et l'assiduité des élèves comme nous l'explique un surveillant de secteur. Les professeurs ont eux aussi répondu à l'appel. Certains élèves en classe de terminale avouent être déterminés a poursuivre les révisions à travers de petits groupes d'études. «La CAN a été une belle fête mais l'heure est à présent à la concentration dans nos études. Pour cela on se met déjà à jour en préparant les examens. Nous entendons nous mettre ensemble pour combler nos lacunes en nous serrant les coudes en ce qui concerne les plus faibles», confie Rufine Emangue, élève en classe de première espagnol.


Opération coup de poing

L'ambiance est à peu près la même au Lycée National Léon Mba, situé au bord de mer où à la pause de midi, une douzaine d'élèves de classe de 3ème, se donne rendez-vous dans une salle de classe, afin de peaufiner un devoir de recherche donné par leur professeur de sciences de la vie et de la terre (Svt). Pour cette «dernière ligne droite», le challenge est celui de réussir. En rappel, tout au long de ces trois semaines de repos consécutives à la Can, de nombreux enseignants ont opté pour des devoirs de maison remis aux apprenants, dans le but de les maintenir en activité même étant en congés.

Au marché de Mont-Bouet de Libreville, les commerçants ont renoué avec leur activité quotidienne; le commerce des gadgets pour la CAN étant mis en berne. Mais la conversation de la plupart des commerçants camerounais rencontrés ici tourne essentiellement autour de la menace d'expulsion qui pèse sur les étrangers du Gabon. En fait, au lendemain de la finale de la CAN, «les policiers nous ont fait savoir que tout étranger n'étant pas en règle (possédant sa carte de séjour) a encore sept jours pour quitter le territoire, faute de quoi, ils seront expulsés non sans avoir payé des indemnités», confie inquiet, Onfiant. S, vendeur de produits cosmétiques. Comme lui, ils sont nombreux à voir planer dans cette opération coup de poing de la police le spectre du déguerpissement massif survenu deux semaines avant le début de la CAN, des ressortissants camerounais accusés de comploter pour l'échec de la compétition.

On parlait d'environ 3000 citoyens camerounais qui avaient regagné leur pays d'origine racontant à qui voulait les entendre leur infortune et le parcours d'environ 200 km qu'ils viennent d'effectuer à travers la forêt et la traversée de l'Ayina, le cours d'eau qui limite les trois frontières du Gabon, Congo et Cameroun. Des événements malheureux qui avaient failli déclencher un incident diplomatique. C'est donc sur le qui-vive que certains étrangers attendent que cette «menace» soit mise en application.

Autre actualité forte au lendemain de la CAN, la démission du Premier Ministre gabonais. Paul Biyoghe Mba a donné lundi dernier sa démission au président Ali Bongo Ondimba, comme le veut la Constitution, après la proclamation samedi des résultats des législatives par la cour constitutionnelle.


15/02/2012
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