Dimanche 27 juillet dans la matinée, plus de 200 islamistes de Boko Haram ont attaqué la ville et enlevé la femme du vice-Premier ministre et un chef traditionnel, tuant au moins 16 personnes pendant le combat. C'est désormais l’heure des comptes, chez les militaires camerounais, et Paul Biya a déjà limogé mardi deux officiers supérieurs.
C'est au plus haut niveau que la réponse à Boko Haram est en train de s'élaborer. Le président Paul Biya semble décidé à reprendre en main le dossier. Pour preuve, les ministres et les hauts gradés camerounais avaient interdiction de s'exprimer publiquement hier, se contentant de souligner la détermination du président Biya.
L'attaque de Kolofata, dimanche, a en tout cas été un véritable électrochoc. « Ce ne sont plus de simples escarmouches terroristes », témoigne un militaire de façon anonyme. Les groupes sont très organisés. « 400 hommes, du matériel, des véhicules, c'est comme un bataillon d'une armée professionnelle, explique-t-il, ajoutant aussitôt : « puisque la menace augmente, il faut changer notre réponse ». Cette source prédit à Boko Haram de grosses surprises, avec, pourquoi pas, la mobilisation de l’aviation.
« Quand une équipe de football ne marche plus, on la change »
Autre motif d'inquiétude : la préparation soigneuse de l'attaque. Les assaillants ont sciemment visé un vice-Premier ministre et un chef local. Ils portaient des uniformes de l'armée camerounaise, et circulaient dans des voitures transformées en véhicules officiels. Ils ont sans doute acheté du matériel de seconde main, explique un gradé, refusant de parler de défaillance au sein de l'armée.
Des changements ont en tout cas été bien vite opérés. Mardi 29 juillet, le commandant de la légion de gendarmerie dans le Nord et le commandant du bataillon d'infanterie à l'extrême Nord ont été limogés. « Quand une équipe de football ne marche plus, on la change », commente laconiquement une source qui annonce que les promus seront plus téméraires et davantage prêts à se sacrifier pour leur pays.
Un militaire rejette enfin la faute sur le Nigeria, et s’interroge : « comment une puissance régalienne peut-elle laisser 400 hommes lourdement équipés circuler librement, sans être inquiétés ? »
© Source : RFI