Après 17 jours au secret: Les leaders politiques, estudiantins et syndicaux libérés
Le messager
Abba Aboubakar et ses compagnons risquent un emprisonnement de 10 à 20 ans.
Préoccupé par leur arrestation arbitraire et les traitements inhumains et dégradants qu’ils subissaient depuis le 23 février 2011, le Réseau des défenseurs des Droits de l’homme en Afrique Centrale (Redhac) avait donné une conférence de presse à Douala jeudi 10 mars 2011. Selon un communiqué du Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique Centrale, “ le procureur du Tribunal de grande instance du Mfoundi à Yaoundé, avait envoyé les huit détenus à la police judiciaire alors qu’ils devaient comparaître devant la parquet ce mercredi, 8 mars 2011. Ce dernier avait intimé l’ordre à tous les agents de la police à ne laisser personne communiquer avec les 8 y compris les avocats ”.
Le communiqué nous apprend que le 14 mars 2011 à 19h00, ils ont été présenté devant le procureur de la République en présence du conseil du Redhac à Yaoundé au parquet de grande instance du Mfoundi qui a transmis leur dossier au président du tribunal pour instruction. L’affaire a été cotée, indique le communiqué signé de la directrice exécutive du Redhac, au cabinet de David Toulepi, juge d’instruction près ledit tribunal qui, selon le conseil du Redhac, après les avoir régulièrement inculpés pour “ tentative d’insurrection ” selon l’article 116 du code pénal, leur a accordé la liberté en attendant l’instruction du dossier. Si à l’issue de l’instruction, ces charges retenues sont maintenues, Abba Aboubakar et ses compagnons risquent un emprisonnement de 10 à 20 ans. A l’heure où il est, les trois avocats du Redhac préparent chacun une lettre de constitution à adresser au magistrat, afin de leur permettre de mieux connaître les pièces du dossier.
Pour le Redhac qui avait déjà rencontré les journalistes à Douala pour les tenir informés de la situation carcérale des personnes qui avaient été arrêtées et détenues depuis le 23 février 2011 à Yaoundé, la vraie bataille semble avoir commencé pour obtenir l’abandon pur et simple du procès ou alors la relaxe pure et simple sans charge ; pour un Cameroun où le droit d’expression doit être respecté.
Michel Bouba (président national du Rassemblement républicain et démocratique du Cameroun (Rrdc): “ Nous avons été torturés pendant 17 jours ”
Dans quelles circonstances avez-vous été arrêtés ?
On était au nombre de huit. Nous étions conviés à une réunion avec le syndicat national des transporteurs à Yaoundé. La réunion n’a pas duré le temps prévu parce qu’il y avait dans la salle des personnes suspectes. Nous avons soupçonné le président du syndicat qui était trop agité et nous avons décidé de suspendre la réunion. Juste au moment de sortir de la salle, nous avons vu atterrir quatre véhicules, des hommes en civil et lourdement armés en sont descendus et nous ont demandé de poser les mains sur la tête. Ce que nous avons fait. Braquant des armes sur la nuque, ils nous ont conduits à tour de rôle dans les véhicules. Nous avons été séparés. Chacun était dans son véhicule. Chaque véhicule a pris sa direction. Après avoir fait le tour de la ville, nous nous sommes retrouvés dans un endroit qu’on appelle la Dst , situé derrière le commissariat central à Yaoundé. Nous avons été dispersés dans les différents bureaux. Nous avons été torturés. C’est grâce aux passants et à certains agents de la police présents sur les lieux au moment de notre embarquement que des journalistes ont su finalement où nous étions.
Dans quelles conditions vos camarades et vous avez-vous été gardés ?
Nous avons été dispersés dans diverses unités. Pour ce qui est de mon cas, je suis arrivé à une heure du matin. Aux chefs de cellules, on leur a demandé de nous envoyer au fond de la cellule. Nous sommes restés debout toute la nuit. Il y avait des policiers qui veillaient au grain. Nous n’avions pas le droit de manger la même chose que nos codétenus. Encore moins à un bain. Nous n’avions pas également le droit de communiquer avec l’extérieur. Les visites étaient formellement interdites. Nous avons été gardés dans des conditions extrêmement difficiles, voire inhumaines. Imaginez-vous un homme en train de passer des jours sans se laver. Les premiers jours, il nous était interdit de manger. Nous avons été promenés dans plusieurs commissariats de Yaoundé. Pour nous qui venions de Douala, nous étions accusés d’être à la tête de l’organisation. On nous accusait par ailleurs d’être les cerveaux des mots d’ordre appelant à marcher, lancés la veille dans la cité économique. La torture était sous toutes ses formes. De l’eau a été versée sur nos nattes pour nous empêcher de dormir. C’était tout simplement insupportable ce que nous avons vécu pendant ces jours de détention. Après plusieurs jours, nous avons finalement eu à manger. Notre nutrition était constituée d’un morceau de pain et de la sardine. Nous n’avions pas droit à l’eau. Nous transportions des seaux d’excréments les mains nues.
Quelles sont les charges retenues contre vous et vos camarades ?
Je ne peux pas vous dire avec exactitude ce qu’ils nous reprochent. Mais il y a certaines incriminations qui sont soulevées. On parle d’incitation à la rébellion et atteinte à la sûreté de l’Etat. Voici les deux motifs qui nous ont été signifiés durant 17 jours passés en détention. Au moment de notre libération hier (lundi 16 mars 2011 ndlr), ils parlaient d’atteinte aux bâtiments de l’Etat. Je tiens à signaler ici que nous n’avons pas distribué des tracts à Yaoundé. Nous y étions pour écouter nos confrères de ce côté. Je pense qu’ils nous reprochent le fait d’avoir pensé ou réfléchir sur l’avenir du Cameroun. En réalité, si ceux qui nous ont arrêtés nous reprochaient quelque chose, nous ne serions pas en liberté.
Abba Aboubakar et ses compagnons risquent un emprisonnement de 10 à 20 ans.
Préoccupé par leur arrestation arbitraire et les traitements inhumains et dégradants qu’ils subissaient depuis le 23 février 2011, le Réseau des défenseurs des Droits de l’homme en Afrique Centrale (Redhac) avait donné une conférence de presse à Douala jeudi 10 mars 2011. Selon un communiqué du Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique Centrale, “ le procureur du Tribunal de grande instance du Mfoundi à Yaoundé, avait envoyé les huit détenus à la police judiciaire alors qu’ils devaient comparaître devant la parquet ce mercredi, 8 mars 2011. Ce dernier avait intimé l’ordre à tous les agents de la police à ne laisser personne communiquer avec les 8 y compris les avocats ”.
Le communiqué nous apprend que le 14 mars 2011 à 19h00, ils ont été présenté devant le procureur de la République en présence du conseil du Redhac à Yaoundé au parquet de grande instance du Mfoundi qui a transmis leur dossier au président du tribunal pour instruction. L’affaire a été cotée, indique le communiqué signé de la directrice exécutive du Redhac, au cabinet de David Toulepi, juge d’instruction près ledit tribunal qui, selon le conseil du Redhac, après les avoir régulièrement inculpés pour “ tentative d’insurrection ” selon l’article 116 du code pénal, leur a accordé la liberté en attendant l’instruction du dossier. Si à l’issue de l’instruction, ces charges retenues sont maintenues, Abba Aboubakar et ses compagnons risquent un emprisonnement de 10 à 20 ans. A l’heure où il est, les trois avocats du Redhac préparent chacun une lettre de constitution à adresser au magistrat, afin de leur permettre de mieux connaître les pièces du dossier.
Pour le Redhac qui avait déjà rencontré les journalistes à Douala pour les tenir informés de la situation carcérale des personnes qui avaient été arrêtées et détenues depuis le 23 février 2011 à Yaoundé, la vraie bataille semble avoir commencé pour obtenir l’abandon pur et simple du procès ou alors la relaxe pure et simple sans charge ; pour un Cameroun où le droit d’expression doit être respecté.
Michel Bouba (président national du Rassemblement républicain et démocratique du Cameroun (Rrdc): “ Nous avons été torturés pendant 17 jours ”
Dans quelles circonstances avez-vous été arrêtés ?
On était au nombre de huit. Nous étions conviés à une réunion avec le syndicat national des transporteurs à Yaoundé. La réunion n’a pas duré le temps prévu parce qu’il y avait dans la salle des personnes suspectes. Nous avons soupçonné le président du syndicat qui était trop agité et nous avons décidé de suspendre la réunion. Juste au moment de sortir de la salle, nous avons vu atterrir quatre véhicules, des hommes en civil et lourdement armés en sont descendus et nous ont demandé de poser les mains sur la tête. Ce que nous avons fait. Braquant des armes sur la nuque, ils nous ont conduits à tour de rôle dans les véhicules. Nous avons été séparés. Chacun était dans son véhicule. Chaque véhicule a pris sa direction. Après avoir fait le tour de la ville, nous nous sommes retrouvés dans un endroit qu’on appelle la Dst , situé derrière le commissariat central à Yaoundé. Nous avons été dispersés dans les différents bureaux. Nous avons été torturés. C’est grâce aux passants et à certains agents de la police présents sur les lieux au moment de notre embarquement que des journalistes ont su finalement où nous étions.
Dans quelles conditions vos camarades et vous avez-vous été gardés ?
Nous avons été dispersés dans diverses unités. Pour ce qui est de mon cas, je suis arrivé à une heure du matin. Aux chefs de cellules, on leur a demandé de nous envoyer au fond de la cellule. Nous sommes restés debout toute la nuit. Il y avait des policiers qui veillaient au grain. Nous n’avions pas le droit de manger la même chose que nos codétenus. Encore moins à un bain. Nous n’avions pas également le droit de communiquer avec l’extérieur. Les visites étaient formellement interdites. Nous avons été gardés dans des conditions extrêmement difficiles, voire inhumaines. Imaginez-vous un homme en train de passer des jours sans se laver. Les premiers jours, il nous était interdit de manger. Nous avons été promenés dans plusieurs commissariats de Yaoundé. Pour nous qui venions de Douala, nous étions accusés d’être à la tête de l’organisation. On nous accusait par ailleurs d’être les cerveaux des mots d’ordre appelant à marcher, lancés la veille dans la cité économique. La torture était sous toutes ses formes. De l’eau a été versée sur nos nattes pour nous empêcher de dormir. C’était tout simplement insupportable ce que nous avons vécu pendant ces jours de détention. Après plusieurs jours, nous avons finalement eu à manger. Notre nutrition était constituée d’un morceau de pain et de la sardine. Nous n’avions pas droit à l’eau. Nous transportions des seaux d’excréments les mains nues.
Quelles sont les charges retenues contre vous et vos camarades ?
Je ne peux pas vous dire avec exactitude ce qu’ils nous reprochent. Mais il y a certaines incriminations qui sont soulevées. On parle d’incitation à la rébellion et atteinte à la sûreté de l’Etat. Voici les deux motifs qui nous ont été signifiés durant 17 jours passés en détention. Au moment de notre libération hier (lundi 16 mars 2011 ndlr), ils parlaient d’atteinte aux bâtiments de l’Etat. Je tiens à signaler ici que nous n’avons pas distribué des tracts à Yaoundé. Nous y étions pour écouter nos confrères de ce côté. Je pense qu’ils nous reprochent le fait d’avoir pensé ou réfléchir sur l’avenir du Cameroun. En réalité, si ceux qui nous ont arrêtés nous reprochaient quelque chose, nous ne serions pas en liberté.