ANTOINE NTSIMI: Chicago Boy fait jaser à Bangui
YAOUNDE - 26 MARS 2012
© BORIS BERTOLT | Mutations
La gestion de la commission de la Cemac par ce technocrate suscite la polémique.
© BORIS BERTOLT | Mutations
La gestion de la commission de la Cemac par ce technocrate suscite la polémique.
Depuis le lancement de la Cemac le 16
mars 1997 à Ndjamena, jamais un haut fonctionnaire ne s'était fait
refouler par un Etat membre. Pourtant c'est ce qui est arrivé à Antoine
Ntsimi, président de la commission de la Communauté des Etats de
l'Afrique centrale (Cemac), mercredi dernier à l'aéroport de
Bangui-Mpoko, où il lui a été interdit de fouler le sol centrafricain,
sur instruction de son président, François Bozizé.
Dans l'interview accordée à Vox Africa le 15 février, le général d'armées devenu président souligne : «La Cemac fait du surplace depuis deux ans. Nous accusons le président de la Commission de ne pas respecter les textes, de faire traîner les choses.» Et d'enfoncer le clou : «Il faut qu’un sommet des chefs d'État ait lieu pour prendre enfin de grandes décisions. La Certiac doit fonctionner comme les autres institutions sous-régionales d'Afrique. On tourne en rond. Je dois le dénoncer». A Antoine Ntsimi de répondre à Jeune Afrique «Je ne commente pas les propos de chefs d'Etat».
Au-delà du fonctionnement de la Cemac, Bozizé reproche également à Antoine Ntsimi son «arrogance et ses airs de chef d'Etats». Ainsi, il se déplace essentiellement à Bangui en cortège dans de grosses voitures. Selon des sources crédibles, le président de la Commission de la Cemac aurait la fâcheuse habitude de ne pas honorer les invitations de François Bozizé, de refuser de porter les messages de ce dernier à son homologue camerounais, Paul Biya et de se faire servir du "M. le Président" à hue et à dia, infligeant des complexes aux autorités centrafricaines. Ses affaires juteuses sous le couvert de la Cemac irriteraient aussi le président Bozizé.
Un diplomate camerounais confie qu'en juin 2010, au sommet de la Cemac à Brazzaville, une scène se produit entre Paul Biya et Antoine Ntsimi. «Lorsqu'il s'avance pour saluer le président de la République, Paul Biya lui tend la main et lance en souriant: Comment vous allez monsieur le septième chef d'Etat de la Cemac ?», à Antoine Ntsimi de répondre en béti et à voix basse: «A massa ba dug wa, ba dug wa» (chef on te ment, on te ment).
Antoine Ntsimi, affectueusement appelé «Chicago boy», qui selon nos sources passait peu de temps à Bangui dans le cadre de ses fonctions, est l’ainé d'une famille de dix enfants, d'une mère enseignante et d'un père fonctionnaire. Il est né le 31 Mars 1955. Il fait ses études secondaires au petit séminaire Saint Paul de Mbalmayo où il obtient le Bepc (Brevet d'études du premier cycle), au moyen séminaire Sainte Thérèse de Mvolyé et au Collège Vogt où il obtient le Baccalauréat C. Une bourse d'étude Usaid lui permet de poursuivre ses études supérieures aux Etats Unis. Ses camardes du collège Vogt disent de lui qu'il est «un homme vantard et brutal».
De 1990 à 1995, Antoine Ntsimi occupe les fonctions gouvernementales de vice-ministre et de ministre des Finances du Cameroun. Ce ministère lui octroie un portefeuille qui englobe à cette époque l'économie, le budget, le commerce et la planification. C'est à cette période qu'il fera bitumer la route de son village Nkomdamba, dans la Lékié. C'est sous son magistère au Minfi que la pratique des 30% va prospérer et que le Cameroun avalera la pilule de la dévaluation du Fcfa en 1994.
C'est depuis le 14 mai 2007 qu'Antoine Ntsimi est élu à la tête de la commission de la Cemac. Des élections doivent avoir lieu en mai prochain. N'en déplaise à Bozizé, il est déjà candidat à sa propre succession. Sur son site, il se présente comme «technocrate exemplaire» qui «a de grandes ambitions pour l'économie africaine et l'émergence de l'Afrique Centrale». Cependant, il aura en face de lui deux anciens premiers ministres centrafricains : Élie Doté (65 ans) et, surtout, Enoch Dérant-Lakoué (67 ans), l'actuel président du Parti Social Démocrate (Psd). Issu comme François Bozizé de la région de Bossangoa, on le dit proche de Denis Sassou Nguesso, le chef de l'État congolais, qui assure actuellement la présidence de la Cemac, et à qui Paul Biya s'en est remis pour gérer l'incident de Bangui.
Dans l'interview accordée à Vox Africa le 15 février, le général d'armées devenu président souligne : «La Cemac fait du surplace depuis deux ans. Nous accusons le président de la Commission de ne pas respecter les textes, de faire traîner les choses.» Et d'enfoncer le clou : «Il faut qu’un sommet des chefs d'État ait lieu pour prendre enfin de grandes décisions. La Certiac doit fonctionner comme les autres institutions sous-régionales d'Afrique. On tourne en rond. Je dois le dénoncer». A Antoine Ntsimi de répondre à Jeune Afrique «Je ne commente pas les propos de chefs d'Etat».
Au-delà du fonctionnement de la Cemac, Bozizé reproche également à Antoine Ntsimi son «arrogance et ses airs de chef d'Etats». Ainsi, il se déplace essentiellement à Bangui en cortège dans de grosses voitures. Selon des sources crédibles, le président de la Commission de la Cemac aurait la fâcheuse habitude de ne pas honorer les invitations de François Bozizé, de refuser de porter les messages de ce dernier à son homologue camerounais, Paul Biya et de se faire servir du "M. le Président" à hue et à dia, infligeant des complexes aux autorités centrafricaines. Ses affaires juteuses sous le couvert de la Cemac irriteraient aussi le président Bozizé.
Un diplomate camerounais confie qu'en juin 2010, au sommet de la Cemac à Brazzaville, une scène se produit entre Paul Biya et Antoine Ntsimi. «Lorsqu'il s'avance pour saluer le président de la République, Paul Biya lui tend la main et lance en souriant: Comment vous allez monsieur le septième chef d'Etat de la Cemac ?», à Antoine Ntsimi de répondre en béti et à voix basse: «A massa ba dug wa, ba dug wa» (chef on te ment, on te ment).
Antoine Ntsimi, affectueusement appelé «Chicago boy», qui selon nos sources passait peu de temps à Bangui dans le cadre de ses fonctions, est l’ainé d'une famille de dix enfants, d'une mère enseignante et d'un père fonctionnaire. Il est né le 31 Mars 1955. Il fait ses études secondaires au petit séminaire Saint Paul de Mbalmayo où il obtient le Bepc (Brevet d'études du premier cycle), au moyen séminaire Sainte Thérèse de Mvolyé et au Collège Vogt où il obtient le Baccalauréat C. Une bourse d'étude Usaid lui permet de poursuivre ses études supérieures aux Etats Unis. Ses camardes du collège Vogt disent de lui qu'il est «un homme vantard et brutal».
De 1990 à 1995, Antoine Ntsimi occupe les fonctions gouvernementales de vice-ministre et de ministre des Finances du Cameroun. Ce ministère lui octroie un portefeuille qui englobe à cette époque l'économie, le budget, le commerce et la planification. C'est à cette période qu'il fera bitumer la route de son village Nkomdamba, dans la Lékié. C'est sous son magistère au Minfi que la pratique des 30% va prospérer et que le Cameroun avalera la pilule de la dévaluation du Fcfa en 1994.
C'est depuis le 14 mai 2007 qu'Antoine Ntsimi est élu à la tête de la commission de la Cemac. Des élections doivent avoir lieu en mai prochain. N'en déplaise à Bozizé, il est déjà candidat à sa propre succession. Sur son site, il se présente comme «technocrate exemplaire» qui «a de grandes ambitions pour l'économie africaine et l'émergence de l'Afrique Centrale». Cependant, il aura en face de lui deux anciens premiers ministres centrafricains : Élie Doté (65 ans) et, surtout, Enoch Dérant-Lakoué (67 ans), l'actuel président du Parti Social Démocrate (Psd). Issu comme François Bozizé de la région de Bossangoa, on le dit proche de Denis Sassou Nguesso, le chef de l'État congolais, qui assure actuellement la présidence de la Cemac, et à qui Paul Biya s'en est remis pour gérer l'incident de Bangui.