Angola,Dos Santos : Vers une présidence à perpète !
Rien de nouveau sous le soleil d’Angola. Sans surprise, les élections générales du vendredi 31 août 2012 ont, selon des résultats partiels, consacré la victoire du Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA) avec un score à la soviétique de 74%, servant du même coup une rallonge de cinq ans de présidence à Jose Eduardo Dos Santos qui, à 70 balais et après 33 ans de règne, s’achemine vers une présidence à vie ; un record de longévité au pouvoir qui trouve son explication dans l’histoire tourmentée du pays, qui a connu quatre décennies de guerre. Aussi l’aura de héros de l’indépendance continue-t-il de flotter autour des leaders du MPLA et de séduire les électeurs.
Après la guerre de libération contre la colonisation portugaise, qui a duré 14 ans, et une guerre civile de 27 ans entre le MNLA au pouvoir et l’UNITA (Union pour l'indépendance totale de l'Angola), aidée par le régime raciste de l’Afrique du Sud et les Etats-Unis d’Amérique, le pays ne retrouve la paix qu’à la mort du chef historique de l’UNITA, Jonas Savimbi, en 2002.
Dos Santos a promis pendant la campagne de s’attaquer aux inégalités qui sont le talon d’Achille de son règne. Avec raison, car l’avenir est gros de dangers avec, d’une part, les aspirations au changement de la jeunesse, qui constitue plus de la moitié de la population et n’acceptera pas de mettre ses bulletins dans une si vieille outre que Dos Santos et, d’autre part, l’irrésistible montée de l’UNITA qui, en obtenant 18%, a presque doublé son score de 2008, se positionnant comme une alternative dans un futur proche ; ce qui prouve que la dette mémorielle qui a longtemps profité au MPLA est en voie d’être soldée. Par ailleurs, l’incapacité de l’Angola à faire profiter au grand nombre des rentes de la manne pétrolière s’explique, pour certains économistes, par l’hégémonie du MPLA de Dos Santos, dont la longévité au pouvoir est contre-productive.
En fait, le problème avec les chefs qui s’éternisent au sommet est qu’ils transmettent à l’appareil d’Etat tous les défauts du grand âge : la sénescence des concepteurs, une rigidité cadavérique de l’exécutif et l’immobilisme. Dos Santos a donc grand intérêt à ne pas rempiler en 2017, même si la Constitution lui permet de briguer un second mandat, sachant que le haut les cœurs des peuples finit toujours par un haut-le-cœur quand le héros n’a pas l’intelligence de quitter la scène à temps.