Malgré une correspondance rassurante adressée à ses collaborateurs, de sources crédibles rapportent que le Dg des Brasseries du Cameroun aurait été contraint de rendre son tablier. A l’origine, un audit qui accablerait sa gestion. La Météo a enquêté.
Qu’est-ce qui a bien pu pousser au départ du Directeur général de la Société anonyme des brasseries du Cameroun (Sabc), André Siaka ? La question reste pendante sur toutes les lèvres dans les milieux des affaires, depuis l’annonce de la démission de ce fils Bandjoun, (Région de l’Ouest). Tout juste, on apprend que les explications quant aux motifs de ce départ seront données «au cours d’une conférence de presse à organiser prochainement».
Mais de manière officielle, André Siaka l’a signifié, à travers une note, à ses différents collaborateurs, le 10 septembre. «Chers collaborateurs, après 36 années au service de notre entreprise, je me prépare à quitter mes fonctions de Directeur général, courant janvier 2014. Dans les prochains jours, j’aurai l’occasion de vous présenter celui qui est appelé à me succéder, Monsieur Francis Batista, précédemment Directeur général de la Brasserie STAR à Madagascar.
Je saisis cette opportunité pour remercier chacun d’entre vous pour tout le soutien dont j’ai bénéficié pendant toutes ces années et qui a permis de placer notre entreprise à la place qu’elle occupe aujourd’hui. Faire des Brasseries du Cameroun une entreprise de référence en Afrique noire, tel aura été notre combat au quotidien ces dernières années : nous ne sommes pas si loin du but ! Nous devons maintenir le cap. Bien cordialement», écrit-il.
Polytechnicien réputé discret, André Siaka traîne effectivement derrière lui, pas moins de 35 ans passés à la Sabc. On ne saurait également passer sous cape son séjour à la tête du Groupement inter patronnal du Cameroun (Gic) de 1993 à 2008. Ailleurs, on le présente comme un homme hyperactif. Entre autres activités, on peut citer son poste de vice-président d’Ecobank transnational incorporated. Ou encore, celui d’administrateur de la société Orange.
C’est donc cet homme pluridimensionnel qui quittera la direction générale des Brasseries du Cameroun, le 1er janvier prochain, non sans laisser un bilan plus que mitigé à la tête de cette filiale des Brasseries et glacières internationales du groupe français Castel, qui détient 82,2% des parts de marché au Cameroun.
Surfacturation.
Au sein de la société brassicole, on parle d’un «audit en cours, initié par son successeur Francis Batista». A Douala, il se dit d’ailleurs que le Dg et son staff auraient été refoulés, mardi dernier, alors qu’ils s’apprêtaient à préparer le budget, confie un cadre de la société qui a requis l’anonymat. Du côté des Brasseries du Cameroun, des voix s’élèvent aujourd’hui pour décrier les méthodes managériales peu catholiques du Dg partant, en termes de promotions et de recrutements. Tout comme fourmillent les détails sur ses multiples sociétés-écrans de sous-traitance. Dans la même verve, les mauvaises langues parlent de surfacturations et de marchés juteux octroyés à lui-même, à travers des proches, permettant ainsi à la coterie de pomper le fric, loin des regards indiscrets.
«En réalité, André Siaka serait devenu multi milliardaires sur le dos de l’entreprise au point où les Français n’en veulent plus aujourd’hui. Pour se débarrasser de lui, ils ont trouvé une formule plutôt diplomatique », soutient un autre cadre des Brasseries. Vrai ou faux ? Toutes nos tentatives de joindre l’intéressé, question d’avoir son point de vue sur ces différentes récriminations, sont restées infructueuses. Par contre, pour son entourage, cette décision de Siaka de lâcher son poste aux Brasseries du Cameroun ne serait pas sans arrières pensées.
On lui prêterait depuis lors des visées politiques. «Ayant fait plus d’un quart de siècle à la tête des Brasseries du Cameroun, l’une des puissantes entreprises brassicoles du Cameroun, André Siaka peaufine son étoffe politique dans la perspective du prochain remaniement ministériel ; il avait été annoncé dans les différents gouvernements de l’ère Biya sans que rien n’y fasse. Avec ses 15 ans passés à la tête du Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam), cette expérience de plus est perçue comme un atout pour un positionnement ministériel», pense un parent.