L’échec.
C’est le sentiment général qui se dégage du bilan fait par la presse
des 30 années de Paul Biya comme président de la République du Cameroun.
Ce 6 novembre 2012, Paul Biya entre dans le club très fermé des
présidents africains en fonction qui accumulent au moins 30 ans de
pouvoir. Il y rejoint le zimbabwéen Robert Mugabe, 32 ans de pouvoir,
l’équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema et l’angolais Jose Eduardo Dos
Santos, 33 ans chacun.
Une performance que Haman Mana dans son éditorial titré « les trente piteuses » qualifie de « vrai outrage à la démocratie… [qui] n’honore, ni le chef déclinant, ni le peuple veule ». Pour le directeur de publication de Le Jour, Paul Biya contrairement à son vœu, n’a apporté en 30 ans de pouvoir, ni la démocratie, ni la prospérité.
Comme Le Jour, les autres quotidiens privés sont tout aussi critiques. Morceaux choisis de quelques unes : « Renouveau : 30 ans pour envoyer le Cameroun en enfer », fulmine Ouest Littoral ; « Paul Biya : 30 ans d’insuccès », assène Mutations ; « 30 ans de Renouveau : De l’espoir de développement au désarroi du sous-développement », philosophe Le Messager ; « 6 novembre : Paul Biya l’usure de 30 ans », titre La Nouvelle Expression…
D’où cet appel à la démission à peine voilé de Xavier Messè. Le directeur de publication de Mutations estime que puisque « personne n’a jamais achevé pendant son bref passage sur terre, l’œuvre de la construction nationale », le président de la République devrait répondre à « des flatteurs » qui lui disent qu’il doit « achever l’œuvre qu’il a entamée » : « J’ai fait ce que j’ai pu. Je vous invite à poursuivre dans la paix et le patriotisme, l’édification de notre pays ». Un appel que Xavier Messè se doute bien qu’il a peu de change d’être entendu.