Ambiance: Que se passe-t-il au palais d'Etoudi?

Palais Etoudi:Camer.beBeaucoup d'atermoiements, des manquements à problèmes, la garde présidentielle qui perd son sang froid, des crêpages de chignon... Autour de Paul Biya, ce n'est pas la grande sérénité.Le secrétaire général de la présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh et de ses adjoints, Séraphin Magloire Fouda, s'étripent en public. Vous n'y croyez pas? Repassez-vous la rude passe d'armes entre AES Sonel et la SNH au sujet de la centrale à gaz de Kribi au sujet de la responsabilité de l'une ou de l'autre entreprise sur le retard au démarrage de cette infrastructure de production énergétique. Et rappelez-vous que ces deux entreprises ont chacune pour président de conseil d'administration les deux plus proches collaborateurs du chef de l'Etat. M. Ferdinand Ngoh Ngoh à la SNH et Séraphin Magloire Fouda à AES Sonel. Un tel niveau de cacophonie pour un sujet à la sensibilité avérée a laissé les observateurs pantois. Mais ce n'est pas le seul cas où les signaux venant du palais présidentiel sont aussi abscons. Comme si la maison n'était plus tenue.

En quittant le pays mercredi 9 janvier pour un séjour privé en Europe, Paul Biya n'avait pas, contre toute attente, signé le décret pour l'organisation des obsèques officielles de M. Ferdinand Koungou Edima, qui devait être inhumé trois jours plus tard. Ce n'est pas une omission puisque Paul Biya a bien désigné M. Luc Magloire Mbarga Atangana pour le représenter à la cérémonie d'adieu à Komassi, le village natal du défunt. S'il avait oublié, le directeur adjoint de son cabinet civil, M. Joseph LE, beau-fils du disparu, le lui aurait volontiers rappelé. En effet, Ferdinand Koungou Edima fut une pièce maîtresse du dispositif administratif et sécuritaire des années de braise, parcours récompensé par sa nomination au poste de ministre de l'Administration territoriale (18 mars 2000-23 juin 2002).

Pilier du système Biya au moment où il traverse ses moments les plus difficiles, Ferdinand Koungou Edima, vanté comme le haut commis de l'État idéal n'a pas obtenu la même considération du chef de l'Etat.

COLÈRE NOIRE CONTRE KOUNGOU

Manifestement, la colère noire de Paul Biya depuis la nuit du 22 au 23 juin 2002, quand il est enfin informé de l'impossibilité de la tenue des élections législatives et municipales de cette année-là, n’a jamais été apaisée. Il en veut toujours à son Minatd, M. Ferdinand Koungou Edima, alors chargé de l'organisation matérielle des élections, d'avoir failli conduire le pays au désordre. Appelé à la rescousse, Marafa Hamidou Yaya, SGPR au moment des faits, peut s'enorgueillir d'avoir «sauvé l'organisation des élections législatives et municipales de 2002 dont l'impréparation nous menait droit aux émeutes.» De plus, le président de la République lui tenait rigueur pour la gestion du FEICOM dont il était le président du conseil d'administration au moment du limogeage puis de l'arrestation du directeur général, M. Emmanuel Ondo Ndong. Alors que les PCA des autres sociétés, Crédit foncier et SIC, et leur DG faisaient face à la justice, M. Ferdinand Koungou n'y aurait échappé que grâce à ses états de service.

M. Paul Biya a sans doute estimé avoir largement payé sa dette vis-à-vis de ce fidèle allié, dont il a pris le «premier fils», Joseph LE, sous son aile. Il ne s'est pas trouvé grand monde pour le convaincre de ravaler ses mauvais souvenirs et d'agir en homme d'Etat pour ce haut commis de l'Etat à qui toute la République officielle, jeunes et vieux, est pourtant allée rendre hommage.

Que dire alors de la prolongation des mandats des membres d'Elecam? Quelques minutes après le décollage de l'avion présidentiel pour l'Europe, le 9 janvier, la radio nationale rend public le décret accordant quatre années supplémentaires aux 12 membres du conseil électoral nommés le 30 décembre 2008, et dont le mandat arrivait à expiration. Le texte est signé du 30 décembre 2012, soit dix jours plus tard.

LA MAISON N'EST-ELLE PAS TENUE?

La démarche présidentielle a laissé perplexe. Les analystes se demandent pourquoi le chef de l'Etat n'a pas rendu ce texte public dès sa signature, et faire l'économie des critiques qui se sont abattus sur lui. Fokam Azu'u, président du conseil électoral, soutient que la polémique était inutile car leur mandat courait jusqu'au 29 janvier 2013, c'est-à-dire quatre ans après leur prestation de serment à la cour suprême. Le code électoral n'est pas précis en la matière; Paul Biya a préféré donner force à son propre décret en le considérant comme le point de référence du mandat des membres du conseil électoral d'Elecam. Dans ce cas, qui a oublié de publier le décret présidentiel dès sa signature? Qui n'a pas appelé la date d'échéance au chef de l'Etat? Paul Biya a-t-il antidaté ce décret? Peut-être en saura-t-on un peu plus un jour.

Peut-être la présidence de la République nous expliquera-t-elle un jour pourquoi la célébration du cinquantenaire de la Réunification, programmé à Buea, traîne. Le pays avait décidé, après réflexion, de ne pas seulement se réjouir du demi-siècle de l'indépendance, qui ne concernait que le Cameroun oriental, mais de clamer sa fierté d'avoir uni les Cameroun francophones et anglophones, le 1er octobre 1961.

Le 20 mai 2010, c'est en grande pompe que le pays tout entier a célébré le cinquantenaire de l'indépendance, en faisant la promesse et de point s'économiser pour la fête dédiée à la Réunification prévue le 1er octobre 2011. Mais depuis, rien.

FAIRE LE JEU DU SCNC

Bien entouré de collaborateurs issus des parties anglophones du pays, Paul Biya ne peut pas ignorer que la non tenue de cet évènement, pis encore l'absence d'explication officielle, sont considérées comme de l'irrespect pour le Nord-Ouest et le Sud-Ouest et par une partie des Camerounais repartis dans les huit autres Régions. Le président de la République sait aussi qu'une telle postule nourrit abondamment le discours autonomiste porté par le SCNC, qui fonde sa propagande sur le mépris du pouvoir de Yaoundé vis-à-vis des anglophones. La concomitance de la présidentielle en octobre 2011 avait expliqué le report du cinquantenaire de la Réunification en 2012, mais rien n'est encore venu dire pourquoi rien n'a pu être organisé à cette échéance.

Dernier élément à mettre dans ce dossier des incongruités du palais d'Etoudi, il y a ces pénuries d'eau qui ont suscité une intense activité épistolaire bien relayée sur les réseaux sociaux, donnant l'impression que l'armée est au bord de la révolte. Au point où les tirs du caporal Donald Abena sur le cortège présidentiel le 23 décembre 2012 ont été interprétés comme les suites du malaise dans les rangs de la garde présidentielle. La première enquête, demandée par commandant de la garde présidentielle, le colonel Raymond Thomas Etoundi Nsoé, a conclu à une erreur de manipulation commise par un soldat en état d'ébriété. Mais le Mindef, Edgar Alain Mebe Ngo'o veut voir plus clair avec une deuxième enquête. Ce qui signifie que les conclusions de la précédente enquête sont insatisfaisantes ou que le colonel Raymond Thomas Etoundi Nsoé n'est pas digne de confiance, lui dont une lettre attribuée à des éléments de la GP demande le départ.

© Repères : Parfait N. Siki


16/01/2013
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