Alternance au sommet de l'Etat: Les cas de figure possibles pour éviter le chaos
YAOUNDÉ - 19 Septembre 2012
© Gaby Noah | Libération Plus
Quelques scénaris sont possibles, dans le processus d'alternance au pouvoir, compte tenu de l'inévitable changement qui s'opérerait au sommet de l'Etat.
La polémique longtemps entretenue autour de la succession du président Biya laisse surgir autant d’appréhension chez certains, que d'embarras chez d’autres. Le problème à l'évidence, tiendrait du fait pour le pouvoir exécutif camerounais de s'être refusé durant toutes ces années de tripatouillage constitutionnel et de tergiversations législatives, à mettre en application certaines dispositions de la loi fondamentale. Le pays en souffre si cruellement que le malaise généré par les carences inhérentes à cet état de fait ne laisse aucune place à la certitude des lendemains tranquilles. Tout se passe alors comme s'il s'agissait de pratiquer la politique de la terre brûlée. L'on ne peut cependant pas s'empêcher à s'aventurer dans l'émission de quelques hypothèses. Quelles sont-elles et surtout quelles peuvent en être les conséquences?
Hypothèses
L'une des premières hypothèses serait celle la plus courante partout en Afrique, où les successeurs constitutionnels ont tôt fait de s'emparer du pouvoir après leur mentor. Cette disposition offre le plus souvent aux présidents sortant, de s'assurer la pérennité du pouvoir sous leur emprise, même après leur décès. En Afrique et notamment en Afrique francophone où la plupart des constitutions sont calquées sur le modèle français, ce sont les présidents des Assemblées nationales qui succèdent directement aux présidents. Tel fut le cas en Côte-d'Ivoire à la suite d'Houphouët Boigny. Au Togo, le décès de Ngnassinbé Eyadema étant survenu pendant que le président de l'Assemblée nationale se trouvait hors du territoire, son avion était détourné vers Cotonou au Bénin, alors que le territoire togolais était interdit de survol. Pendant ce temps, le fils du défunt président se faisait introniser, avec la bienveillante protection de l'armée. Faur Ngnassinbé n'aurait certainement pas réussi ce coup de force, sans la bénédiction d'une France regardante et soucieuse de préserver son pré-carré.
La situation du Cameroun à la lumière des multiples soubresauts observés partout à travers l'Afrique laisse pour le moins songeur. Car, même si de nombreux successeurs constitutionnels ont vu leur trône détourné, aucune possibilité de succession dans le cadre constitutionnel n'est observable. L'ancienne constitution prévoyait une transition gérée par le président de l'Assemblée nationale pendant une période de 120 jours avec obligation pour ce dernier d'organiser les élections et interdiction de faire acte de candidature.
En cas de vacance
La constitution de 1996 venait mettre cette disposition hors d'usage, avec l'instauration d’un Senat dont le président assure la succession après constatation de la vacance du poste du président de la République par le président de la Cours suprême. Mais cette institution n'a jamais été mise en place par le président Biya, peut-être par crainte d'un éventuel renversement inspiré du fait de ses séjours prolongés hors du territoire national. Toujours est-il qu'à ce jour, s'il venait à disparaître, se serait le chaos, le président du Senat n'ayant jamais été nommé.
Le scénario le plus plausible devient dans ce contexte celui où il tripoterait une fois de plus la constitution, créant par exemple cette fois, une vice-présidence chargée d'assurer la continuité de la gestion des affaires courantes, pendant la période transitoire avant les élections au cours desquels il présenterait sa candidature. Ce successeur constitutionnel s'installerait alors de façon définitive à la tête de l'Etat et, bien épaulé par la France, maintiendrait le système dictatorial imposé par le pays. A moins que l'armée ne s'y interpose pour un changement radical et chaotique du système d'inféodation à l'hexagone.
© Gaby Noah | Libération Plus
Quelques scénaris sont possibles, dans le processus d'alternance au pouvoir, compte tenu de l'inévitable changement qui s'opérerait au sommet de l'Etat.
La polémique longtemps entretenue autour de la succession du président Biya laisse surgir autant d’appréhension chez certains, que d'embarras chez d’autres. Le problème à l'évidence, tiendrait du fait pour le pouvoir exécutif camerounais de s'être refusé durant toutes ces années de tripatouillage constitutionnel et de tergiversations législatives, à mettre en application certaines dispositions de la loi fondamentale. Le pays en souffre si cruellement que le malaise généré par les carences inhérentes à cet état de fait ne laisse aucune place à la certitude des lendemains tranquilles. Tout se passe alors comme s'il s'agissait de pratiquer la politique de la terre brûlée. L'on ne peut cependant pas s'empêcher à s'aventurer dans l'émission de quelques hypothèses. Quelles sont-elles et surtout quelles peuvent en être les conséquences?
Hypothèses
L'une des premières hypothèses serait celle la plus courante partout en Afrique, où les successeurs constitutionnels ont tôt fait de s'emparer du pouvoir après leur mentor. Cette disposition offre le plus souvent aux présidents sortant, de s'assurer la pérennité du pouvoir sous leur emprise, même après leur décès. En Afrique et notamment en Afrique francophone où la plupart des constitutions sont calquées sur le modèle français, ce sont les présidents des Assemblées nationales qui succèdent directement aux présidents. Tel fut le cas en Côte-d'Ivoire à la suite d'Houphouët Boigny. Au Togo, le décès de Ngnassinbé Eyadema étant survenu pendant que le président de l'Assemblée nationale se trouvait hors du territoire, son avion était détourné vers Cotonou au Bénin, alors que le territoire togolais était interdit de survol. Pendant ce temps, le fils du défunt président se faisait introniser, avec la bienveillante protection de l'armée. Faur Ngnassinbé n'aurait certainement pas réussi ce coup de force, sans la bénédiction d'une France regardante et soucieuse de préserver son pré-carré.
La situation du Cameroun à la lumière des multiples soubresauts observés partout à travers l'Afrique laisse pour le moins songeur. Car, même si de nombreux successeurs constitutionnels ont vu leur trône détourné, aucune possibilité de succession dans le cadre constitutionnel n'est observable. L'ancienne constitution prévoyait une transition gérée par le président de l'Assemblée nationale pendant une période de 120 jours avec obligation pour ce dernier d'organiser les élections et interdiction de faire acte de candidature.
En cas de vacance
La constitution de 1996 venait mettre cette disposition hors d'usage, avec l'instauration d’un Senat dont le président assure la succession après constatation de la vacance du poste du président de la République par le président de la Cours suprême. Mais cette institution n'a jamais été mise en place par le président Biya, peut-être par crainte d'un éventuel renversement inspiré du fait de ses séjours prolongés hors du territoire national. Toujours est-il qu'à ce jour, s'il venait à disparaître, se serait le chaos, le président du Senat n'ayant jamais été nommé.
Le scénario le plus plausible devient dans ce contexte celui où il tripoterait une fois de plus la constitution, créant par exemple cette fois, une vice-présidence chargée d'assurer la continuité de la gestion des affaires courantes, pendant la période transitoire avant les élections au cours desquels il présenterait sa candidature. Ce successeur constitutionnel s'installerait alors de façon définitive à la tête de l'Etat et, bien épaulé par la France, maintiendrait le système dictatorial imposé par le pays. A moins que l'armée ne s'y interpose pour un changement radical et chaotique du système d'inféodation à l'hexagone.