Allemagne- Cameroun: Vendredi prochain je perds ma Nationalité Kamerunaise

Allemagne- Cameroun: Vendredi prochain je perds ma Nationalité Kamerunaise

Diaspora Cam:Camer.beC’est avec une très grande tristesse que je m’incline sur ce bout de papier pour parler de moi, généralement, on dit dans mon entourage que je suis un homme discret et extrêmement cachottier,ce qui est d’ailleurs faux. J’ai donc décidé aujourd’hui de sortir de ma réserve pour m’exprimer sur un sujet très grave. Je le sais, beaucoup d’entre vous porteront un jugement négatif sur ma personne, mais j’assume ma démarche puisqu’elle est juste et honnête.En fait, je m’appelle Jean Calvin Nana, je suis né le 13 sept 1970 à Nkongsamba dans le département du Mungo dans la province du littoral au Kamerun. Je suis né d’une famille de paysan. Mon père, après la guerre de 1962 qui opposait l’armée franco-Kamerunaise aux soi-disant rebelles nationalistes dans les Montagnes du grand Ouest décidait d’aller se chercher à Nkongsamba où les Libanais et Grecs employaient les Kamerunais dans les immenses exploitations de café.

C’est ainsi que mon père fût recruté en 1964 comme manœuvre. Deux ans plus tard, il faisait la rencontre de ma mère au Quartier 3 de la même Ville, cette dernière travaillait comme femme de ménage chez le Libanais qui employait mon Père. Deux ans après cette Union très amoureuse naissait Isakar puis Merline mes aînés. La vie devenant de plus en plus dure  sous le joug des Patrons blancs qui exigeaient toujours un peu plus de leurs employés indigènes, ma mère se trouvai obligée de rejoindre mon père dans la cueillette du Café ; c’était pénible, mais ça rapportait plus que le travail de bonne qu’elle effectuait 14 heures par jours pour un salaire minable. Après de longue année de dur labeur, je vis le jour en 1970, une année mémorable puisque cette année-là, un héros de la résistance nationaliste était tué sur la place publique,il s’agit d’Ernest Ouandié,un homme que beaucoup de gens appréciaient et craignaient en même temps, selon mon père.

Mon parcours scolaire à l’école publique groupe 4 fût exemplaire, c’est ainsi que j’obtins mon Baccalauréat série C avec Mention bien à la session  de Juin 1987 au Lycée du Manengoumba. Curieusement je n’obtins pas de bourse à cause du passé Upciste de mon père qui fût à maintes reprises interpellé et incarcéré par les éléments de la Dirdoc qui menaient une répression folle à l’encontre des gens qui nuisaient au pouvoir d’amadou Ahidjo. Je décidai alors sous le conseil de mes parents à m’inscrire en Seco à l’université de Yaoundé où je décrochai trois ans après ma licence en sciences économique et gestion. Alors que les troubles éclatèrent à l’avènement de la démocratie en 1990, je décidai sous les conseils de mon père de rejoindre les revendications qu’il trouvait bien fondé. Je fus à maintes reprises interpellé et battu par les éléments du Gpic et de la Sémil. C’est ainsi que je perds un œil lors d’un échange avec les forces de l’ordre. Après de longues années de souffrance où j’ai tour a tour été vendeur de fruits et légumes, de livres et enfin d’ananas Glacé, je décidai de m’en aller du Cameroun où rien ne semblait me réussir après que j’eus tenté plusieurs concours. Ma première station fût Lagos où je passai les plus durs moments de ma vie. Sans ressources, je vivais de la garde d’enfants d’étudiantes prostituées qui une fois la nuit tombée, rejoignaient les boîtes de nuits, bars et gargotes dans les pénombres animées de Lagos. Je restai 3 ans sur place pour enfin rejoindre la France grâce à une de ces prostituées qui s’était mariée avec un Français qui travaillait dans une société d’exploitation pétrolière dans le Delta du Niger.

C’est ainsi qu’en 1997 j’entre à Paris où je suis accueilli par cette dernière qui malgré son statu matrimonial, n’a pas cessé son activité d’antan. Une fois son mari allé en Mission, elle me fait garder son fils pour aller gagner beaucoup d’argent dans la rue, en me rappelant que en Europe, chaque vient pour se chercher, elle y compris. Fort de cette situation, je décidai de rejoindre la ville de Berlin en Allemagne où je suis accueilli par un cousin. À Berlin, la Ville est en pleine reconstruction, les grues énormes sont partout présentes et le bâtiment à besoin de gros bras. Je suis sous le couvert de mon frère engagé dans un des grands chantiers Sur la Postdammer Platz où je m’occupe de la bétonneuse. Je suis payé à 18 Marks de l’heure, mais en réalité, je ne perçois que le 1/3 de cette somme puisque 2/3 ira aux Impôts  selon mon cousin. J’y reste 4 ans avant de me rendre compte que je travaillais pour financer les études de mon cousin qui vit aujourd’hui aux Usa.

En été 2002 je rencontrai Elke une étudiante russo-allemande de l’université libre de Berlin avec qui je me marie en 2005, après beaucoup de tracasseries policière. Après 4 ans de mariage, nous décidons de divorcer en juin 2009.

L’objet du divorce avec mon épouse est dû au fait que j’ai beaucoup investi l’argent du couple pour aider la famille restée au pays et surtout pour créer les affaires qui n’ont pas marché suite à la mauvaise gestion des différents personnes à qui j’ai confié les affaires. Eux par contre accusent les Impôts et les autorités qu’il faut tout le temps corrompre. J’ai tout essayé avec le Pays et rien ne marche. Dernièrement, les autorités Allemande m’ont demandé de venir chercher le Passeport puisque je suis parent d’enfants allemands et que je paie mes cotisations sociales, mais tout ça me gêne... Malgré tout ce que le Kamerun et les Kamerunais m’ont fait de mal, je veux garder  tout de même ma nationalité Kamerunaise puisque le Kamerun n’accorde pas de double nationalité mais pourtant j’aurais appris que Beaucoup de ministres,de footballeurs ont la double nationalité. Paraît-il que même le président est Franco-Kamerunais. Que me conseillez-vous de faire, je suis dépassé car j’ai en même temps besoin de la nationalité Allemande. J’aime les deux Pays malgré tout ce que Kala Lobé dit de la diaspora. Merci de me répondre sur le forum de Camer.be dont j’apprécie beaucoup les débats pertinents de « Crabe d‘okola », « Harmattan » et « Félicité à nous 2011 » ,  «Awouu » et « Comonas ».

Merci à l’avance

© Correspondance : Jean Calvin Nana Gomseu


01/09/2010
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