Alerte rouge: Elecam cherche désespérément 7 millions d’inscrits - Et si Elecam vivait ses derniers jours...
DOUALA - 30 JAN. 2013
© Edouard Kingue | Le Messager
© Edouard Kingue | Le Messager
Où trouver 7 millions d’inscrits pour
les municipales et les législatives ? A un mois de l’échéance du 28
février 2013 prévue pour la fin de l’opération de refonte biométrique du
fichier électoral, la panique gagne les rangs d’Elections Cameroon qui
ne pourra pas atteindre ce chiffre tiré de l’ancien fichier électoral de
l’administration territoriale.
Si on parle de prorogation des délais jusqu’à mars, tout semble indiquer que le gouvernement devrait remettre la main dans la poche pour un avenant de plusieurs milliards au contrat allemand du fichier biométrique. Sans aucune garantie de succès. A moins que l’on retourne à la case départ…à l’Administration territoriale et de la décentralisation exactement, où les fonctionnaires jubilent de l’échec de Elecam. C’est le 03 octobre 2012 qu’a débuté officiellement le processus de refonte des listes électorales. Selon le texte rendu public par le directeur général d’Elections Cameroon, l’opération devait durer entre cinq et six mois. Elecam s’était alors fixé un objectif d’au « moins 7 millions de personnes qui ont pris part à la dernière élection présidentielle et voire plus, avec des pics de 50 000 personnes inscrites par jour, si nous pouvons faire 8 millions, ce n'est pas négligeable. Mais il faut déjà que nous ayons les 7 millions de la dernière élection», disait optimiste, le Dg d’Elecam, Sani Tanimou.
Aujourd’hui, nous sommes bien loin du compte. Il fallait vraiment avoir l’optimisme chevillé au corps ou être de mauvaise foi pour croire que sans électrochoc populaire, les Camerounais allaient se bousculer pour s’inscrire alors qu’ils ne croient plus aux élections. Même avec des adjuvants comme la gratuité de la carte nationale d’identité. Déjà au départ, le bébé se présentait mal. Selon Hilaire Kamga du Mouvement Orange, les inscriptions se passent en violation de la loi électorale, qui prévoit une période précise pour les inscriptions. Celle-ci va de janvier à décembre, et en année électorale, jusqu’à la convocation du corps électoral, ce qui jusqu’ici n’est pas fait. Pourquoi donc Elecam a-t-il fixé la date butoir à fin février ? Selon le Dg : « Entre Elecam et le partenaire allemand, il y a un contrat et c’est ce contrat qui tient lieu de loi pour notre intervention», a-t-il fait savoir.
Force est de déchanter aujourd’hui ou tout indiquerait que nous nous acheminons vers une prorogation des délais d'inscription. En effet, les délégués régionaux d’Elections Cameroon se sont récemment réunis autour de leur directeur général Mohaman Sani Tanimou pour entre autres évoquer la possibilité qu’il puisse y avoir une prorogation du processus de refonte. « Il est question pour nous dans cette deuxième phase qui va du 1er janvier à la fin des opérations à la fin février ou à la fin mars selon qu’il y aura prorogation de faire le maximum afin d’atteindre nos objectifs ». A la date du 05 janvier 2013, les chiffres officiels parlaient de seulement 2,5 millions d’inscrits, alors que l’opération avait déjà atteint sa vitesse de croisière.
Dissolution d’Elécam
Les prétentions sont aujourd’hui pour révision à la baisse des prévisions : atteindre au moins les 4millions et plus de personnes, car les campagnes de communication, de sensibilisation et autres actions, ne semblent pas porter des fruits escomptés. L’échec frappe à la porte d’Elecam, pressée par ses commanditaires qui envisagent de lancer les sénatoriales avant les législatives et les municipales. Déjà, le bateau prend eau de toutes parts, jusqu'à l’administration territoriale où René Emmanuel Sadi, le chef du département a souligné le 15 janvier dernier «l'incapacité d'Elections Cameroon (Elecam) à organiser les élections législatives et municipales à partir du fichier électoral issu de la refonte biométrique, en cours de constitution». Sur l'atteinte du chiffre de 7,5 millions d'électeurs, vœux utopique que caresse Elecam et qui explique son déploiement sur l'ensemble du territoire national, Sadi ajoute : «malgré la mobilisation actuelle, l'on peut douter que le chiffre raisonnable sera atteint par Elecam d'ici février et même fin mars 2013 en cas de prorogation. Ainsi, il serait prudent qu'une réflexion soit engagée sur une solution alternative».
Les dirigeants politiques prendront-ils le risque de conduire les Camerounais aux élections avec des inscrits en deçà du fichier électoral truqué de la dernière élection présidentielle ? On sait que c’est la principale raison qui motivera le choix de la refonte des listes adossées sur la biométrie. Aujourd’hui, la seule solution qui vaille n’est pas seulement la refonte des listes électorales appuyées par la biométrie, mais la dissolution d’Elecam pour un organe véritablement indépendant qui ramènerait la confiance. Les acteurs sociopolitiques l’on dit à souhait. La paix sociale vaut bien le courage d’accepter l’évidence…
Edouard Kingue
Focal: Et si Elecam vivait ses derniers jours…
Ainsi parlait le Dg d’Elecam : « la décision instituant la refonte biométrique prévoit la fin normale des opérations le 28 février avec une possibilité d’extension de trente jours. Si le 28 février nous avons un chiffre acceptable que nous pouvons proposer au gouvernement pour une éventuelle élection, nous allons arrêter. Si d’aventure le chiffre ne nous satisfait pas, nous allons le faire pour quelques semaines pour permettre aux retardataires de s’inscrire. Mais, c’est en février que nous allons apprécier cette éventualité. Je voudrais dire que ce n’est pas le décret portant convocation du corps électoral qui va mettre fin au processus, parce que l’on ne peut pas convoquer un corps électoral qui n’existe pas». C’est donc clair que les inscriptions biométriques sur les listes électorales doivent se poursuivre jusqu’en février 2013, avec possibilité d’accorder un mois supplémentaire aux retardataires selon Mohaman Sani Tanimou. Cette opération qui s’inscrit dans le cadre du processus du renforcement de la crédibilité et de la sécurisation du système électoral porte en elle-même les ferments du désordre. En effet, la loi n° 97/006 du 10 janvier 1997 fixant la période de révision et de refonte des listes électorales dispose : Article 1er : La révision annuelle ou, le cas échéant, la refonte des listes électorales, commence le 1er Janvier et s'achève le 31 décembre de chaque année sur l'ensemble du territoire national. Article 2 : (1) Par dérogation aux dispositions de l'article 1er ci-dessus, la révision annuelle ou la refonte des listes électorales est suspendue à compter de la date de convocation du corps électoral. (2) Dans ce cas, la révision ou la refonte des listes électorales est reprise le jour suivant immédiatement la date de tenue du scrutin concerné.
Le corps électoral n’est pas encore convoqué. Mais Elecam souhaite mettre la charrue avant les bœufs, malgré les risques liés à sa date butoir qui ne renvoie à rien. Irons-nous aux élections sans électeurs ? Le corps du délit est enfin découvert. Les sénatoriales envers et contre tous. Selon le Dg d’Elecam, «les délais de convocation des municipales et des législatives qui sont de 90 jours nous donnent du temps pour les préparer. Quant aux sénatoriales, les délais sont de 45 jours, mais elles ne sont pas aussi lourdes à organiser que les précédentes. Nous nous focalisons actuellement sur les inscriptions, la production des cartes et la constitution d’un fichier électoral. A la fin du mois de mars ou à la mi-avril lorsque nous aurons terminé cette opération, nous pourrons dire que nous sommes prêts pour affronter une éventuelle élection». Le Mrc a du reste publié un communiqué selon lequel « depuis le retour au multipartisme au Cameroun, toutes les élections ont été contestées tant par les acteurs que par les observateurs sérieux. La tenue probable de l'élection des sénateurs avant les élections municipales et régionales serait une manœuvre politique inacceptable. Les Camerounais méritent d'avoir des élections non seulement régulières, mais dont la sincérité ne souffre d'aucun doute. Organiser les sénatoriales avant les prochaines élections législatives et municipales dont la date est toujours attendue, reviendrait à assurer au Rdpc une majorité écrasante qui ne reposerait sur aucune réalité actuelle des forces politiques dans le pays, rien ne lui assurant d'obtenir aux municipales à venir ses scores faramineux habituels. Ce serait priver les Camerounais de leur droit légitime de choisir les membres du corps électoral appelés à désigner leurs Sénateurs. Un Sénat constitué dans ces conditions souffrirait d’un grave déficit de légitimité ».
Question : dans les conditions actuelles, peut-on soutenir juridiquement que le vote des conseillers municipaux, seuls électeurs pour la circonstance, serait légal quand on sait que leur mandat a expiré depuis plus de six mois? Il y aurait lieu d’en douter ; et en tout cas leur légitimité serait contestable. En outre, souligne le parti de Maurice Kamto : « sur le plan technique, Elecam qui peine à inscrire les électeurs ordinaires pour cause de moyens techniques insuffisants, pourra-t-elle mettre à jour les listes électorales spécifiques de ce corps électoral, et distribuer les cartes spéciales qui ne peuvent servir qu'à l'occasion de l'élection des sénateurs ainsi qu'il est prévu dans les articles 223 et 225 de la loi?». Et si Elecam vivait ses derniers jours ?
Edking
Si on parle de prorogation des délais jusqu’à mars, tout semble indiquer que le gouvernement devrait remettre la main dans la poche pour un avenant de plusieurs milliards au contrat allemand du fichier biométrique. Sans aucune garantie de succès. A moins que l’on retourne à la case départ…à l’Administration territoriale et de la décentralisation exactement, où les fonctionnaires jubilent de l’échec de Elecam. C’est le 03 octobre 2012 qu’a débuté officiellement le processus de refonte des listes électorales. Selon le texte rendu public par le directeur général d’Elections Cameroon, l’opération devait durer entre cinq et six mois. Elecam s’était alors fixé un objectif d’au « moins 7 millions de personnes qui ont pris part à la dernière élection présidentielle et voire plus, avec des pics de 50 000 personnes inscrites par jour, si nous pouvons faire 8 millions, ce n'est pas négligeable. Mais il faut déjà que nous ayons les 7 millions de la dernière élection», disait optimiste, le Dg d’Elecam, Sani Tanimou.
Aujourd’hui, nous sommes bien loin du compte. Il fallait vraiment avoir l’optimisme chevillé au corps ou être de mauvaise foi pour croire que sans électrochoc populaire, les Camerounais allaient se bousculer pour s’inscrire alors qu’ils ne croient plus aux élections. Même avec des adjuvants comme la gratuité de la carte nationale d’identité. Déjà au départ, le bébé se présentait mal. Selon Hilaire Kamga du Mouvement Orange, les inscriptions se passent en violation de la loi électorale, qui prévoit une période précise pour les inscriptions. Celle-ci va de janvier à décembre, et en année électorale, jusqu’à la convocation du corps électoral, ce qui jusqu’ici n’est pas fait. Pourquoi donc Elecam a-t-il fixé la date butoir à fin février ? Selon le Dg : « Entre Elecam et le partenaire allemand, il y a un contrat et c’est ce contrat qui tient lieu de loi pour notre intervention», a-t-il fait savoir.
Force est de déchanter aujourd’hui ou tout indiquerait que nous nous acheminons vers une prorogation des délais d'inscription. En effet, les délégués régionaux d’Elections Cameroon se sont récemment réunis autour de leur directeur général Mohaman Sani Tanimou pour entre autres évoquer la possibilité qu’il puisse y avoir une prorogation du processus de refonte. « Il est question pour nous dans cette deuxième phase qui va du 1er janvier à la fin des opérations à la fin février ou à la fin mars selon qu’il y aura prorogation de faire le maximum afin d’atteindre nos objectifs ». A la date du 05 janvier 2013, les chiffres officiels parlaient de seulement 2,5 millions d’inscrits, alors que l’opération avait déjà atteint sa vitesse de croisière.
Dissolution d’Elécam
Les prétentions sont aujourd’hui pour révision à la baisse des prévisions : atteindre au moins les 4millions et plus de personnes, car les campagnes de communication, de sensibilisation et autres actions, ne semblent pas porter des fruits escomptés. L’échec frappe à la porte d’Elecam, pressée par ses commanditaires qui envisagent de lancer les sénatoriales avant les législatives et les municipales. Déjà, le bateau prend eau de toutes parts, jusqu'à l’administration territoriale où René Emmanuel Sadi, le chef du département a souligné le 15 janvier dernier «l'incapacité d'Elections Cameroon (Elecam) à organiser les élections législatives et municipales à partir du fichier électoral issu de la refonte biométrique, en cours de constitution». Sur l'atteinte du chiffre de 7,5 millions d'électeurs, vœux utopique que caresse Elecam et qui explique son déploiement sur l'ensemble du territoire national, Sadi ajoute : «malgré la mobilisation actuelle, l'on peut douter que le chiffre raisonnable sera atteint par Elecam d'ici février et même fin mars 2013 en cas de prorogation. Ainsi, il serait prudent qu'une réflexion soit engagée sur une solution alternative».
Les dirigeants politiques prendront-ils le risque de conduire les Camerounais aux élections avec des inscrits en deçà du fichier électoral truqué de la dernière élection présidentielle ? On sait que c’est la principale raison qui motivera le choix de la refonte des listes adossées sur la biométrie. Aujourd’hui, la seule solution qui vaille n’est pas seulement la refonte des listes électorales appuyées par la biométrie, mais la dissolution d’Elecam pour un organe véritablement indépendant qui ramènerait la confiance. Les acteurs sociopolitiques l’on dit à souhait. La paix sociale vaut bien le courage d’accepter l’évidence…
Edouard Kingue
Focal: Et si Elecam vivait ses derniers jours…
Ainsi parlait le Dg d’Elecam : « la décision instituant la refonte biométrique prévoit la fin normale des opérations le 28 février avec une possibilité d’extension de trente jours. Si le 28 février nous avons un chiffre acceptable que nous pouvons proposer au gouvernement pour une éventuelle élection, nous allons arrêter. Si d’aventure le chiffre ne nous satisfait pas, nous allons le faire pour quelques semaines pour permettre aux retardataires de s’inscrire. Mais, c’est en février que nous allons apprécier cette éventualité. Je voudrais dire que ce n’est pas le décret portant convocation du corps électoral qui va mettre fin au processus, parce que l’on ne peut pas convoquer un corps électoral qui n’existe pas». C’est donc clair que les inscriptions biométriques sur les listes électorales doivent se poursuivre jusqu’en février 2013, avec possibilité d’accorder un mois supplémentaire aux retardataires selon Mohaman Sani Tanimou. Cette opération qui s’inscrit dans le cadre du processus du renforcement de la crédibilité et de la sécurisation du système électoral porte en elle-même les ferments du désordre. En effet, la loi n° 97/006 du 10 janvier 1997 fixant la période de révision et de refonte des listes électorales dispose : Article 1er : La révision annuelle ou, le cas échéant, la refonte des listes électorales, commence le 1er Janvier et s'achève le 31 décembre de chaque année sur l'ensemble du territoire national. Article 2 : (1) Par dérogation aux dispositions de l'article 1er ci-dessus, la révision annuelle ou la refonte des listes électorales est suspendue à compter de la date de convocation du corps électoral. (2) Dans ce cas, la révision ou la refonte des listes électorales est reprise le jour suivant immédiatement la date de tenue du scrutin concerné.
Le corps électoral n’est pas encore convoqué. Mais Elecam souhaite mettre la charrue avant les bœufs, malgré les risques liés à sa date butoir qui ne renvoie à rien. Irons-nous aux élections sans électeurs ? Le corps du délit est enfin découvert. Les sénatoriales envers et contre tous. Selon le Dg d’Elecam, «les délais de convocation des municipales et des législatives qui sont de 90 jours nous donnent du temps pour les préparer. Quant aux sénatoriales, les délais sont de 45 jours, mais elles ne sont pas aussi lourdes à organiser que les précédentes. Nous nous focalisons actuellement sur les inscriptions, la production des cartes et la constitution d’un fichier électoral. A la fin du mois de mars ou à la mi-avril lorsque nous aurons terminé cette opération, nous pourrons dire que nous sommes prêts pour affronter une éventuelle élection». Le Mrc a du reste publié un communiqué selon lequel « depuis le retour au multipartisme au Cameroun, toutes les élections ont été contestées tant par les acteurs que par les observateurs sérieux. La tenue probable de l'élection des sénateurs avant les élections municipales et régionales serait une manœuvre politique inacceptable. Les Camerounais méritent d'avoir des élections non seulement régulières, mais dont la sincérité ne souffre d'aucun doute. Organiser les sénatoriales avant les prochaines élections législatives et municipales dont la date est toujours attendue, reviendrait à assurer au Rdpc une majorité écrasante qui ne reposerait sur aucune réalité actuelle des forces politiques dans le pays, rien ne lui assurant d'obtenir aux municipales à venir ses scores faramineux habituels. Ce serait priver les Camerounais de leur droit légitime de choisir les membres du corps électoral appelés à désigner leurs Sénateurs. Un Sénat constitué dans ces conditions souffrirait d’un grave déficit de légitimité ».
Question : dans les conditions actuelles, peut-on soutenir juridiquement que le vote des conseillers municipaux, seuls électeurs pour la circonstance, serait légal quand on sait que leur mandat a expiré depuis plus de six mois? Il y aurait lieu d’en douter ; et en tout cas leur légitimité serait contestable. En outre, souligne le parti de Maurice Kamto : « sur le plan technique, Elecam qui peine à inscrire les électeurs ordinaires pour cause de moyens techniques insuffisants, pourra-t-elle mettre à jour les listes électorales spécifiques de ce corps électoral, et distribuer les cartes spéciales qui ne peuvent servir qu'à l'occasion de l'élection des sénateurs ainsi qu'il est prévu dans les articles 223 et 225 de la loi?». Et si Elecam vivait ses derniers jours ?
Edking