Alerte: L’Unité nationale à l’épreuve du tribalisme
DOUALA - 28 JUIN 2010
© Frederic Boungou | Le Messager
Les événements d’Ebolowa trahissent le décalage qu’il y a aujourd’hui au Cameroun, entre le discours officiel proclamant l’unité de la nation dans sa diversité et la réalité sur le terrain.
Les événements d’Ebolowa trahissent le décalage qu’il y a aujourd’hui au Cameroun, entre le discours officiel proclamant l’unité de la nation dans sa diversité et la réalité sur le terrain. Tel un cache sexe qui tombe inopinément, dénudant la partie que l’on veut cacher, les émeutes sanglantes de la province du Sud ont le mérite d’interpeller de manière brutale, une fois de plus, la conscience collective des dirigeants et de chaque Camerounais sur les dangers qui guettent, insidieusement, l’intégration nationale. Et sur l’urgence qu’il y a, à instiller dans l’esprit de tous, la vertu d’une unité nationale partagée par tous ; celle qui dépasse le simple cadre de concept politique, qu’on ne brandit pas seulement à l’occasion de quelque élection, pour essayer de se donner bonne conscience, comme si on pouvait gouverner par décret ; mais une unité nationale qui se vit au quotidien…
Une unité nationale qui n’aurait pas de «frontières ethniques» à l’intérieur de la nation. Une unité nationale vécue et acceptée par tous. Qui ne ferait plus des Bamoun d’Ebolowa ou de n’importe quel autre coin du triangle national, des boucs émissaires ou mieux, des comptables d’un acte répréhensible posé, aussi bien par un Bamoun que par tout autre Camerounais. Une unité nationale qui ferait que chaque Camerounais se sente « chez lui » partout au Cameroun. Malheureusement, la réalité démontre bien que l’unité nationale proclamée dans les discours officiels résiste mal à l’épreuve du tribalisme, à ne pas confondre avec la tribalité, sentiment légitime d’appartenir à une tribu. Quelques faits, non exhaustifs.
Le 16 juillet 2008, en « représailles » à un supposé traitement infligé aux supporters de la Foudre d’Akonolinga lors du match retour des demi finales de la coupe du Cameroun de football ayant vu la qualification de Aigle de Dschang, une partie de la population « autochtone » de la ville d’Akonolinga, conditionnée du reste par les comptes-rendus, notamment ceux de la CRTV, prend pour cible, des ressortissants de l’Ouest dont certains y sont établis depuis des décennies et dont la plupart n’est même pas fan du football. Bilan : plusieurs dégâts matériels chiffrés à des centaines de millions Fcfa, des dizaines de blessés et un mort, Louis Bruno Tientcheu Bonda.
Nord-Ouest : les affrontements sanglants récurrents entre les frères ennemis Bawock et Bali Nyonga sont désormais pratiquement dans l’ordre « normal » des choses. A chaque fois, et ce malgré la médiation des autorités administratives, l’on compte d’importants dégâts matériels et parfois des pertes en vies humaines. Au centre du conflit, un bout de terre dont chacune des deux communautés réclame la propriété. En mars 2007, un village Bawock a ainsi été entièrement rasé par des assaillants Bali Nyonga, faisant des dizaines de « déplacés » logés pendant plusieurs jours au palais des Congrès de Bamenda. Toujours dans le Nord-Ouest, on compte plusieurs conflits certes sporadiques mais souvent tragiques opposant les Bororos à d’autres ethnies qui les accusent de saccager leurs champs… Nord, Extrême-Nord, Adamaoua, Centre, Sud, Ouest, Sud-Ouest, Est, aucune région ne semble véritablement échapper aujourd’hui aux conflits interethniques.
De façon générale, on assiste depuis quelques années, notamment depuis 1990 (avec l’ouverture démocratique) à une certaine montée de tensions interethniques au Cameroun. A telle enseigne que des groupes organisés n’hésitent même plus à proclamer leur haine des « autres » publiquement. On n’a pas oublié le fameux mémorandum des chefs Sawas ou celui du Mfoundi qui ont fait en leur temps, l’objet d’une vive réprobation de l’opinion nationale. Mais là encore, on n’avait pas senti le pouvoir central, à qui les récents événements d’Ebolowa viennent réitérer l’urgence d’une prise de conscience que le danger est dans la maison Cameroun, bouger et mettre les choses au point…
© Frederic Boungou | Le Messager
Les événements d’Ebolowa trahissent le décalage qu’il y a aujourd’hui au Cameroun, entre le discours officiel proclamant l’unité de la nation dans sa diversité et la réalité sur le terrain.
Les événements d’Ebolowa trahissent le décalage qu’il y a aujourd’hui au Cameroun, entre le discours officiel proclamant l’unité de la nation dans sa diversité et la réalité sur le terrain. Tel un cache sexe qui tombe inopinément, dénudant la partie que l’on veut cacher, les émeutes sanglantes de la province du Sud ont le mérite d’interpeller de manière brutale, une fois de plus, la conscience collective des dirigeants et de chaque Camerounais sur les dangers qui guettent, insidieusement, l’intégration nationale. Et sur l’urgence qu’il y a, à instiller dans l’esprit de tous, la vertu d’une unité nationale partagée par tous ; celle qui dépasse le simple cadre de concept politique, qu’on ne brandit pas seulement à l’occasion de quelque élection, pour essayer de se donner bonne conscience, comme si on pouvait gouverner par décret ; mais une unité nationale qui se vit au quotidien…
Une unité nationale qui n’aurait pas de «frontières ethniques» à l’intérieur de la nation. Une unité nationale vécue et acceptée par tous. Qui ne ferait plus des Bamoun d’Ebolowa ou de n’importe quel autre coin du triangle national, des boucs émissaires ou mieux, des comptables d’un acte répréhensible posé, aussi bien par un Bamoun que par tout autre Camerounais. Une unité nationale qui ferait que chaque Camerounais se sente « chez lui » partout au Cameroun. Malheureusement, la réalité démontre bien que l’unité nationale proclamée dans les discours officiels résiste mal à l’épreuve du tribalisme, à ne pas confondre avec la tribalité, sentiment légitime d’appartenir à une tribu. Quelques faits, non exhaustifs.
Le 16 juillet 2008, en « représailles » à un supposé traitement infligé aux supporters de la Foudre d’Akonolinga lors du match retour des demi finales de la coupe du Cameroun de football ayant vu la qualification de Aigle de Dschang, une partie de la population « autochtone » de la ville d’Akonolinga, conditionnée du reste par les comptes-rendus, notamment ceux de la CRTV, prend pour cible, des ressortissants de l’Ouest dont certains y sont établis depuis des décennies et dont la plupart n’est même pas fan du football. Bilan : plusieurs dégâts matériels chiffrés à des centaines de millions Fcfa, des dizaines de blessés et un mort, Louis Bruno Tientcheu Bonda.
Nord-Ouest : les affrontements sanglants récurrents entre les frères ennemis Bawock et Bali Nyonga sont désormais pratiquement dans l’ordre « normal » des choses. A chaque fois, et ce malgré la médiation des autorités administratives, l’on compte d’importants dégâts matériels et parfois des pertes en vies humaines. Au centre du conflit, un bout de terre dont chacune des deux communautés réclame la propriété. En mars 2007, un village Bawock a ainsi été entièrement rasé par des assaillants Bali Nyonga, faisant des dizaines de « déplacés » logés pendant plusieurs jours au palais des Congrès de Bamenda. Toujours dans le Nord-Ouest, on compte plusieurs conflits certes sporadiques mais souvent tragiques opposant les Bororos à d’autres ethnies qui les accusent de saccager leurs champs… Nord, Extrême-Nord, Adamaoua, Centre, Sud, Ouest, Sud-Ouest, Est, aucune région ne semble véritablement échapper aujourd’hui aux conflits interethniques.
De façon générale, on assiste depuis quelques années, notamment depuis 1990 (avec l’ouverture démocratique) à une certaine montée de tensions interethniques au Cameroun. A telle enseigne que des groupes organisés n’hésitent même plus à proclamer leur haine des « autres » publiquement. On n’a pas oublié le fameux mémorandum des chefs Sawas ou celui du Mfoundi qui ont fait en leur temps, l’objet d’une vive réprobation de l’opinion nationale. Mais là encore, on n’avait pas senti le pouvoir central, à qui les récents événements d’Ebolowa viennent réitérer l’urgence d’une prise de conscience que le danger est dans la maison Cameroun, bouger et mettre les choses au point…