Albert Nguidjol, ancien Secrétaire général de la Fécafoot, « Le football camerounais est un jouet pour Mr Iya »

Cameroun : Albert Nguidjol, ancien Secrétaire général de la Fécafoot, « Le football camerounais est un jouet pour Mr Iya »Que vous inspire ce qu’on peut appeler aujourd’hui clash entre Iya Mohammed et Adoum Garoua avec la demande du minsep de sursoir aux élections ainsi projetées tant dans les instances départementales qu’à la maison mère de Tsinga?
Je ne parlerais pas de clash entre Mr Iya Mohamed et Mr Adoum Garoua, je parlerais plutôt du non-respect par le président de la Fécafoot Mr Iya Mohamed des instructions du ministre des Sports Mr Adoum Garoua, lesquelles instructions portaient exclusivement sur la suspension du processus électoral pour le renouvellement des organes de la Fédération camerounaise de football. En effet, suite a l’intérêt porte par les Camerounais sur le football et notamment sur le mode de désignation de ses élus dans ses organes nationaux et décentralisés, l’on a constaté des dérapages grossiers et des incidents malheureux dans la région du Littoral, notamment à Pouma et a Douala, lesquels incidents ont présenté une menace a l’ordre public, puisque des vies humaines ont été menacées par des pro-Iya qui ont promis de pérenniser leur règne sur le contrôle de la Fécafoot par tous les moyens. Par ailleurs l’équipe actuelle de la Fédération camerounaise de football a commis une erreur fatale, une erreur qu’elle aura à regretter très amèrement si la situation actuelle suit son cours.

De quelle erreur fatale parlez-vous?
La dynamique de tout groupe social crée naturellement des mécanismes internes faits d’alliances et de rejets divers. Quand ledit groupe est un groupe sain et productif, cette somme d’interférences et de différences entre les membres crée la force du groupe, sa promotion et son progrès. Malheureusement dans le cas de la Fécafoot, cette dynamique est « bancale » et improductive, car essentiellement basée sur des règlements de compte personnels avec pour preuve et pour évidence le déclin actuel de notre football, notamment à une période où l’on parle de sa professionnalisation. Sinon, comment comprendre que l’administration Iya veuille organiser des élections a la Fécafoot en 2013 sans les représentants de ceux qui constituent la matière première et la fine fleur de ce football c’est-à-dire les joueurs? C’est donc sur la base de la revendication fondée des représentants des joueurs que le ministre des Sports Mr Adoum Garoua a instruit l’arrêt du processus électoral, en demandant d’ailleurs aux gouverneurs des 10 régions de veiller au respect scrupuleux de ces instructions.

D’après vous, qu’est ce qui est à la base du rejet des représentants des joueurs du processus électoral de la Fécafoot?
Lors de la réorganisation en 1996 des fédérations nationales sportives nationales sous la houlette du ministre des Sports de l’époque Mr Samuel Makon, chaque fédération sportive, et notamment la Fécafoot, devait constituer un collège électoral des départements au niveau national, en passant par les régions (provinces a l’époque) composé de ce que nous appelons ‘les corps des métiers’ (les joueurs, les entraineurs, les arbitres, les présidents des clubs etc.). L’aboutissement heureux de cette initiative hautement constructive et positive a provoqué un enthousiasme de toutes les composantes de la famille du football camerounais, mais surtout une réconciliation du football camerounais avec son nombreux public après tous les déboires lies a l’échec honteux des Lions Indomptables à la Coupe du Monde de 1994. C’est ainsi que beaucoup d’entre nous ont eu l’honneur de siéger dans les organes de la Fécafoot au niveau départemental, régional et national.

Pouvez-vous confirmer ce que vous dites?
Pour confirmation, je vous direz par exemple qu’au niveau du Bureau national de la Fécafoot composé de dix membres en 1996, nous avions les personnalités suivantes qui étaient les représentants des corps de métier: Mr. Iya Mohamed 1er vice-président et représentant des pouvoirs publics, Dr Ngalle Mbonjo 4eme vice-président et représentant des joueurs, Mr Pene Robert Secrétaire général et représentants des joueurs, Mr Nguidjol Albert Secrétaire général adjoint et représentant des joueurs etc.

L’actuel Sg de la Fécafoot Mr Tombi A Roko était le tresorier de la ligue régionale du Littoral et représentant des joueurs.
Je suis personnellement très déçu de savoir que le président actuel de la Fécafoot et son Secrétaire général qui hier et avant hier se sont servis de la gamelle et du verre des corps de métier de notre football pour manger et boire, soient les premiers aujourd’hui à méconnaître la légitimité des représentants des joueurs dans les spéculations électorales, notamment à un moment où tous les Camerounais demandent à cor et à cri la présence des hommes d’expertise au niveau de l’administration de notre sport roi. Est-ce de l’ingratitude, de la bêtise, ou simplement le contrebas d’un esprit amnésique qu’aucune logique ne peut défendre encore moins justifier.

Vous savez très bien qu’à force de tourner autour de la flamme, le papillon y avait perdu ses ailes. Des Etats-Unis où je réside, j’ai eu de la peine pour le football camerounais, lorsqu’à un certain moment, notamment en 2011/12, pour des raisons de personnes et pour des divergences de vue tout à fait normales, Mr Iya a continué la « déprofessionnalisation » de la Fécafoot qu’il avait déjà entamée en 2000 avec l’éviction de son Bureau directeur et/ou de son conseil d’administration de tous les anciens footballeurs: Ekeke Eugène, Nguidjol Albert, Belle Joseph Antoine, Ondoa Louis-Marie, Milla Roger, Mayebi David…sans oublier la dernière cerise sur le gâteau avec la suspension de Samuel Eto’o pour 15 matches et après pour 08 mois. C’est à se demander si le football camerounais est un jouet pour Mr Iya, un jouet qu’il peut manipuler comme et quand il veut pour ses besoins végétatifs, son ego et son plaisir personnel.

Peut-on établir une relation entre la sortie du ministre des Sports et celle du Consupe qui vient de sanctionner Iya Mohamed comme Dg de la Sodecoton pour 20 fautes de gestion commises entre 2005 et 2010. Pourquoi maintenant?
Je pense que ne servant au ministère des Sports même si je suis professeur certifié d’Eps retraité, encore moins au Consupe, je suis très mal placé pour répondre avec précision à cette question. Toutefois, je ferai remarquer que dans un sens comme dans l’autre une décision d’un organe de contrôle quelconque qui en 2013 accable Mr Iya Mohamed, ne peut en aucun cas surprendre les Camerounais. Car depuis la période de 2005/2006 avec le retrait de six points au Cameroun avant les éliminatoires de la coupe du monde de 2006 en Allemagne, beaucoup d’encre et de salive a coulé par rapport a la « mal-gérance » de la Fécafoot car la descente du contrôle supérieur de l’Etat avait été plus que clair.

Quant à la gestion de la Sodécoton dont je ne maitrise ni les tenants ni les aboutissants, je peux juste, à titre de rappel me souvenir de la sortie médiatique en 2011/2012 du président de l’Assemblée nationale Mr Cavaye Djibril qui avait dénoncé la mauvaise gestion de la Sodécoton. A cet effet, la promptitude de la sortie première sortie médiatique de Mr Iya Mohamed a surpris tout le monde, même s’il faut relever que cette conférence de presse avait laissé les Camerounais sur leur faim.

Pour me résumer par rapport à votre question, je reprendrai simplement le chapitre 3 du Livre d’Ecclésiaste dans la Bible sur le temps. En effet il y a un temps pour toute chose dans la vie.

Iya Mohamed aurait-il pu faire mieux pour le football camerounais?

A quelle heure encore? Je pense que plus et mieux que tous ses prédécesseurs, Mr Iya a eu le privilège de présider aux destinées de la Fédération camerounaise de football à une période des vaches grasses, une ère juteuse au cours de laquelle la Fifa a pleinement donné un parfait éclairage des spécificités de toutes les sources de recettes de ses fédérations membres. La Fifa elle même a augmenté de manière vertigineuse les enveloppes de ses subventions à ses membres. De juin 1998 quand Mr Iya est arrivé aux affaires, en mars 2013 ou il est déjà en disgrâce ou mieux en « life support », le football camerounais aurait avec son équipe nationale, remporter une coupe du monde, au moins 5 coupes d’Afrique et au niveau des clubs au moins 4-5 coupes des clubs. Au niveau de l’organisation du football dans le Triangle national, le Cameroun pouvait organiser une coupe d’Afrique des nations. Le Cameroun pouvait également avoir au moins 3 stades réglementaires de football aux normes Fifa.

Je pense que sous le leadership de Mr Iya, la Fécafoot a véritablement plafonné après les deux coupes d’Afrique des nations gagnées au forceps (car aux tirs aux buts) en 2000 et en 2002. D’ailleurs ces résultats qui ne trompent que les observateurs non avertis ont indument été attribués à l’Equipe Iya, alors qu’en réalité ce n’était que des beaux restes du travail abattu entre 1996/1998 par l’équipe de la Fécafoot que dirigeait Mr Onana Vincent, une équipe qui de la base au sommet regroupait des hommes de qualité dotés d’une expertise certaine en football. Pour preuve, les Lions indomptables sont toujours sous contrat avec l’équipementier Puma (un contrat signé quand le Cameroun n’était même pas au Top 50 des meilleures équipes de la Fifa par le président de la Fécafoot Mr.Vincent Onana en 1997) contre le gré de son bourreau Owona Joseph, alors ministre des Sports.

La presse camerounaise peut-elle être indexée dans l’obscurcissement du football au pays de Paul Biya?
Dans la situation de l’heure je pense qu’il faut éviter d’ouvrir plusieurs champs de bataille. Vous mêmes vous êtes journaliste, un jour je vous rappellerai de me reposer cette question mais pour l’heure je pense qu’il faut s’intéresser de plus près a cette turbulence inédite qui est en train de secouer la Fédération camerounaise de football.

© leseptentrion.net : Propos recueillis par Agnès Tailé


03/04/2013
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