Radio couloir dit que le nouveau Ministre des Finances doit son poste ministériel à de bons et loyaux services rendus à la République. On lui prête ainsi d’avoir été au four et au moulin du dernier (et premier) emprunt obligataire de l’Etat du Cameroun pour 200 milliards. Un tel banquier que l’on dit très futé dans l’informatique bancaire avait aussi pour mission de débusquer toutes les opérations bidouillées de ses prédécesseurs, Essimi Menye, Meva’a m’Eboutou et Polycarpe Abah Abah. Vaste programme.
Seulement, ce que radio couloir ne dit pas encore, sans remettre en question les talents avérés de monsieur le ministre, le coup de pouce servi à Franck Biya en 2006 sous la forme d’une lettre de garantie a pu être décisif pour sa nomination. A relire la fameuse lettre adressée à la SFA, on sent que l’homme est plutôt méticuleux : «Nous nous engageons, de façon irrévocable, indépendamment de la validité et des effets juridiques de ses obligations et sans faire valoir d’exception ni d’objection résultant desdites obligations en question, à payer dès réception de la première demande, tout montant à concurrence de 3,5 milliards.»
Selon le rapport de la Cobac, Afriland First Bank traîne des fonds propres négatifs de 20 milliards. Et doit recapitaliser pour près de 58 milliards de francs, de l’argent que Fokam Kenmogne ne peut réunir. Sa banque, la première du système camerounais en termes de dépôts, 380 milliards en tout, a pourtant accumulé des fautes de gestion au fil des temps. A financer les entreprises personnelles du patron de la banque (ce qui est irrégulier), y compris son entreprise de capital risque qui traîne une belle ardoise de créances compromises ou simplement douteuses dans les livres de la banque. Il y a quelques années, la Cobac a servi deux blâmes aux dirigeants d’Afriland First Bank, un pour le président, et un pour le directeur général adjoint. Et pas un seul au directeur général qui est le «chief executive officer». Mais on veut nous faire croire qu’il n’était pour rien dans les fautes de gestion accumulées par Afriland.
Y compris lorsqu’il a pris sur lui de couvrir Franck Biya pour son opération à scandale avec les titres Camtel. La question demeure : que sont devenus les 3,5 milliards prévus par la lettre de garantie cosignée par Alamine Ousmane Mey et dans laquelle il engageait Afriland First Bank ? On espère en tout cas qu’il n’aura pas fait des faveurs au rejeton présidentiel sur les deniers et le dos de la banque de Fokam Kenmogne pour finir ministre des Finances de la République.